Caresser le velours : Le livre de Sarah Waters
Débauche de mélodies, de parfums et de costumes, Caresser le velours ressuscite les dernières années de l'Angleterre victorienne. C'est le récit, tout à la fois érotique et historique, des aventures de Nancy, une jeune provinciale vendeuse d'huîtres dans un petit port sur la côte du Kent, dont le sort bascule lorsqu'elle tombe amoureuse d'une chanteuse de music-hall aux allures de dandy. Quand cette dernière, la troublante Kitty Butler, décroche un rôle à Londres, Nancy la suit comme habilleuse et amante secrète. Bientôt la petite écaillère enfile aussi un pantalon et le duo de faux hommes devient célèbre sur les sènes du West End. Mais Kitty finit par trahir sa compagne qui, le coeur brisé, balade seule par les rues son existence androgyne, non sans poursuivre son éducation sentimentale. Elle hante alors le demi-monde de Soho et, de garçons de passe, devient fille entretenue.
De (auteur) : Sarah Waters
Traduit par : Erika Abrams
Expérience de lecture
Avis Babelio
Apoapo
• Il y a 8 ans
Ce premier roman de l'auteure galloise Sarah Waters a joui d'une très grande popularité, au point d'être adapté en série télévisée au Royaume Uni. Il s'agit d'un excellent pastiche d'un roman sentimental victorien, dans lequel la narratrice, Nancy, évoque ses amours lesbiennes. De victorien il a la structure, la longueur dickensienne, évidemment la chute aussi, et le style regorgeant de descriptions de lieux, paysages urbains et intérieurs d'habitations, des modes de vie des nantis, de la petite bourgeoisie comme des classes populaires, d'habits et de parures ; de victorien il y a aussi les dialogues, monologues et états d'âme des personnages féminins, sujets à d'innombrables rougissements et à quelques pâmoisons... Il y a enfin un clin d’œil explicite à Thomas Hardy et à son héroïne féministe Sue Bridehead (p. 510). Nous découvrons, d'après le regard d'une jeune femme d'origine provinciale, le milieu du music-hall et des théâtres de variété londoniens, celui de la prostitution de rue et de la débauche de haut vol, enfin, dans une moindre (et à mon avis insuffisante) mesure, le milieu du militantisme syndicaliste, socialiste et suffragiste de la dernière décennie du XIXe siècle. Ce qui est totalement moderne, par contre, c'est la manière dont est décrit l'érotisme homosexuel féminin : autant dans la crudité des scènes d'éros, que, surtout, par rapport à la variété de formes dont les personnages des amoureuses et amantes de la narratrice appréhendent et avouent leur lesbianisme, en fonction très largement de leur appartenance sociale mais aussi de leur caractère individuel. En effet, s'il ressort un sentiment de peur généralisée d'être une femme qui s'affiche ne serait-ce qu'en déambulant simplement dans le rues sans être accompagnée d'un homme, s'il sourd une atmosphère de répression et d'inhibition constante de la sexualité, il n'en apparaît pas moins que les comportements – y compris voire surtout dans la sphère sexuelle – sont surdéterminés par l'appartenance de classe, qui autorise tout excès et toute turpitude sous couvert de conventions sociales et de rapports de domination. On comprend que le « crime » d'Oscar Wilde ne fut pas sa sexualité, pas même de ne pas la cacher, mais de questionner intelligemment ces conventions et ces rapports. Caractérisés d'ailleurs par une domination identique, tout aussi violente chez les hommes que chez les femmes : de quoi faire réfléchir sur l'association entre domination et patriarcat... Ou alors... : un autre point constant dans cette approche du lesbianisme « fin de siècle » qui va dans le même sens : être lesbienne passe presque invariablement, et de multiples façons, par le travestissement et autres formes de masculinisation des femmes. Le genre surdéterminé envahit entièrement la sexualité ainsi que l'ensemble des rapports humains et, naturellement, il est masculin.
Chixoo
• Il y a 9 ans
Disons les choses franchement et pour parler vulgairement, en abordant ce livre, j'ai hésité un peu car on n'a pas forcément envie de 'se taper une histoire de gouines'. Et bien justement ! ce récit qui nous conte la découverte de la sexualité de l’héroïne à une époque où il faisait certainement pas bon la vanter, n'est ni vulgaire ni ennuyant. C'est pourquoi sans rien dévoiler de plus, je vous en recommande la lecture...
Maliae
• Il y a 9 ans
Nancy pensait qu’elle allait vivre toute sa vie avec sa famille, comme écailleuse. Jusqu’à ce qu’elle rencontre Kitty un soir en allant au music-hall avec sa soeur. Fascinée, elle y retourne tous les soirs et finit par pouvoir lui parler, ce qui va changer sa vie et l’entraîner à Londres. C’est une histoire d’amour qui se met en place, une histoire qui vire un peu à l’obsession de la part de Nancy j’ai trouvé. Elle n’a que Kitty dans sa vie, tout son monde tourne autour d’elle, tout ce qu’elle fait c’est pour elle. Et si Kitty lui rend, elle est plus réservée qu’elle, plus effrayée aussi. Alors on le sait, on le sent, tout ça va capoter, les choses vont mal tourner, prendre un tournant. Nancy va essayer de vivre comme elle le peut, trouver un sens à sa vie, mais franchement des fois ses choix m’ont énervé. Je l’ai trouvé assez passive et égoïste aussi. Nancy est quand même pas mal centrée sur elle-même sans se soucier de ce que les autres peuvent penser, certes parfois elle culpabilise, mais hop ! Elle oublie très vite et ne pense qu’à son propre plaisir. Il y a un passage du livre que j’ai moins aimé, j’avais plutôt hâte qu’il se termine. Ce n’était pas tant parce qu’il était assez érotique, que parce que j’avais l’impression que Nancy n’était qu’un objet, et que ça me mettait vraiment mal à l’aise. D’ailleurs, étrangement, le côté érotique de l’histoire ne m’a pas tellement dérangé, c’était pas ce qui m’intéressait le plus, mais j’ai réussi à lire sans lever les yeux au ciel. Mais ce qui me plaisait le plus à moi, c’était l’histoire (les histoires) d’amour, et puis voir également l’époque où on est balancé. La découverte des music-hall, des termes de l’époque (« gougnotte » par exemple), et la montée du socialisme en Angleterre. On sent qu’on est à une charnière, que certaines choses changent, que les mentalités évoluent. Je me suis attachée à Nancy, même si par moment elle m’énervait, et à certaines personnes aussi qui croisent sa route. Le livre se lit tout seul et très facilement, j’aime beaucoup l’écriture de Sarah Waters, et on tourne les pages sans s’en rendre compte (le plus dur étant de poser son livre pour dormir). Bref j’ai vraiment passé un bon moment de lecture, même s’il ne détrône pas « du bout des doigts » dans mon cœur. J’ai été super satisfaite par la fin de l’histoire, et très émue.
cecile70
• Il y a 9 ans
L'histoire se déroule à la fin du XIXème siècle en Angleterre. Nancy, l'héroïne, découvre alors Kitty Butler au théâtre ; rencontre qui va bouleverser sa vie. Elle va se rendre compte qu'elle est homosexuelle et va suivre cette dernière à Londres pour faire carrière avec elle sur les planches. A partir de là, de nombreuses péripéties vont lui arriver. Nancy va découvrir la misère, la rue, le trottoir... Parfois cru et parfois drôle, ce roman est bien ficelé même si la fin m'a un peu déçue.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782264067883
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 592
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- Dimensions
- 179 x 111 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
10,90 € Poche 592 pages