The City & The City : Le livre de China Miéville
Deux villes, un seul territoire... Beszel et Ul Qoma se partagent un labyrinthe de rues enchevêtrées, s'ignorant mutuellement. Le passage de l'une à l'autre, un simple regard même, implique l'intervention d'une milice transnationale et omnipotente. Côté Beszel, l'assassinat d'une jeune étudiante en archéologie va mettre le feu aux poudres...
En charge d'une enquête délicate, entre secrets d'histoire et brouillard juridictionnel, l'inspecteur Borlù avance en terrain miné...
" Fascinant ! "
M.P. – Femme actuelle
" Un étonnant roman qui mêle science-fiction, uchronie et polar. "
F.F. – Le Nouvel Observateur
Ce roman a reçu cinq prix en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Il a été cité dans la liste des meilleurs livres de l'année par le Los Angeles Times, le Seattle Times et Publishers' Weekly.
De (auteur) : China Miéville
Traduit par : Nathalie Mège
Expérience de lecture
Avis Babelio
gruz
• Il y a 13 ans
Ce roman est un OVNI, une étoile étincelante dans l'univers souvent formaté de la littérature actuelle. Le sujet est casse-gueule, l'intrigue improbable. Après 30 pages, je me suis demandé "c'est quoi ce truc ?", après 60 pages "eh, c'est bizarre ce machin", après 100 pages j'étais totalement hypnotisé. Mélanger avec tant de brio une intrigue policière "classique", un environnement de SF "conceptuel" et des réminiscences politiques profondes, tient presque du génie. Tout est dans l'ambiance ; l'intrigue, pourtant intéressante, en devient presque secondaire. On déambule un peu ahuri dans cet univers improbable qui, pourtant, prend vie au fil des pages. Une sorte de Berlin de la guerre froide, version contemporaine. Sans doute pas facile d'accès de prime abord, ce roman risque fort de subjuguer le lecteur qui trouvera l'envie de s'y plonger totalement. Mention spéciale à la traductrice, le boulot ne devait pas être de tout repos, tant l'auteur aime jouer avec les mots.
temps-de-livres
• Il y a 14 ans
Beszel est une ville de l'Europe de l'est. Tyador Borlù y est inspecteur à la Brigade des Crimes Extrèmes. Sa prochaine enquête aurait dû être routinière : une prostituée s'était faite tuée, sauf que plusieurs détails ne concordaient pas. Avec l'aide de l'agent Corwi, ils découvrent que la victime avait plusieurs identités, qu'elle s'intéressait aux groupes nationalistes et qu'elle venait d'Ul Qoma. Ul Qoma, la ville dans la ville. Bien que voisines, Beszel et Ul Qoma sont deux pays différents, aux règles singulières. Notre inspecteur va s'apercevoir que malgré un franchissement de frontière illégale (rupture), on ne lui accorde pas le droit d'en appeler à la Rupture, cette mystérieuse entité aux pouvoirs illimités. Qui veut faire capoter l'affaire ? Pourquoi les indices pointent sur la troisième ville (légendaire) Orsiny ? Première constatation avant lecture: The city and the city est publié dans la collection Noir et Thriller de Fleuve noir. Le livre a reçu pourtant plusieurs prix dans la catégorie science-fiction. Après lecture, il est évident que la forme est un polar, mais le fond reste imaginaire. De l'imagination, China Mieville en possède. Deux villes entremêlées, mais de nationalité différentes. Langages, habitudes, architectures sont distinctes. Si les besz et les ulqomans se "côtoient", ils s'occultent les uns les autres. Il existe une frontière pour passer légalement du côté ulqoman ( ou besz), et malheur à celui qui franchirait (par mouvement, vue, ouîe...) autrement l'invisible barrière. La Rupture guette... C'est dans cet univers particulier que se passe l'enquête de Tyador Borlù. Une enquête particulièrement complexe puisqu'elle se passe dans les deux villes. Si l'inspecteur est intègre et respecté à Beszel, il n'est qu'un visiteur/consultant à Ul Qoma. Fausses pistes, jeux de pouvoir et rivalités citadines sont au coeur de l'histoire. L'auteur y déploie un sens aigu de la narration. Dès les premiers mots, China Mieville attrape le lecteur pour ne plus le lâcher. Par le biais du personnage principal, il explique la situation particulière de la ville, petit à petit, prenant son temps, tout en déroulant le fil de l'histoire. Ecrit en trois parties, The city and the city se décline en trois ambiances différentes, comme trois vues de la ville. China Miéville aime jouer avec le langage. Il le démontre ici en manipulant la langue. Si les français que nous sommes apprécient la poésie de China Miéville, c'est aussi par le travail de Nathalie Mège, Traductrice de l'auteur depuis 2003. Avec brio, China Mieville décrit deux villes entremêlées, mais totalement différentes. Du langage à l'attitude, de la nourriture à l'informatique, tout sera disséqué, mais pas jugé. Le lecteur découvrira Beszel et Ulqoman comme un "touriste" : vierge de toute influence. Un roman policier dans un univers "bizarre". China Mieville s'empare des codes pour bâtir son propre univers. Fascinant !
kedrik
• Il y a 14 ans
On aurait tort de réduire China Miéville a un anti-tolkieniste primaire tout juste bon à pisser de la fantasy socialo-bizarre. Perdido Street Station démontrait déjà que c'était un urbaniste imaginaire bourré de talent. Les Scarifiés enfonçait le clou avec une communauté flottante plus riche que le repas de la soirée "Boudin et purée" de l'association des boulimiques qui s'assument. Et bien The city and the city vient confirmer, comme si c'était nécessaire, que Miéville est génial. C'est un polar, puisque l'on suit une enquête de l'inspecteur Tyador Borlu. Une affaire de meurtre tout ce qu'il y a de plus classique dans son approche : le corps d'une jeune femme retrouvé dans un parc où zonent skaters et dealers. Du 1 000 fois lu. Sauf que... Miéville se sert du prétexte du polar pour décrire un décor imaginaire ancré pourtant dans notre réalité. L'enquête ne se déroule pas à New York ou à Londres, non, il prend place dans la plus incroyable des constructions ubaines : dans la double ville de Beszel/Ul Qoma. Plantées en plein milieu des Balkans, ces deux villes partagent le même territoire tout en s'ignorant totalement. C'est difficile à décrire sans dévoiler tout l'intérêt du bouquin, aussi je ne vais pas en dire plus. Mais c'est diaboliquement intelligent. L'enquête est bourrée de réflexions sur cette cohabitation étrange entre deux mondes. La logique de scotomisation des habitants des deux cités teintent progressivement l'esprit du lecteur qui plonge dans une situation volontiers kafkaïenne. Ce n'est pas seulement une coexistence territoriale, c'est une vue de l'esprit, un mécanisme de défense pour ménager la chèvre et le chou, la chèvre étant Beszel l'occidentale et le chou Ul Qoma l'arabisante. Ces deux cités forment un pont entre deux mondes, à l'instar d'une Istambul qui a le cul entre deux chaises. Mais la dualité Beszel/Ul Qoma trouve des résonances dans d'autres pays, comme dans une danse lascive entre Wallons et Flamands, l'impasse québéco-canadienne, une Irlande artificiellement scindée, une Palestine amputée au scalpel... Ce n'est clairement pas le meilleur polar du monde. L'enquête s'amuse même à faussement flirter avec la mode des complots et des mystères archéologiques. En fait, la construction du décor est si intelligente qu'elle éclipse l'intrigue. Par moment, j'avais presque envie que Miéville arrête son récit et transforme son livre en un guide de voyage tellement ce qu'il avait à dire sur ces deux villes qui se tournent le dos était passionnant. Alors voilà. The city and the city. Une enquête, oui, mais surtout la découverte de deux populations enchevêtrées qui se font la gueule comme un vieux couple qui fait chambre à part mais qui ne peut pas divorcer à cause des enfants. Et surtout, la brillante démonstration que l'on peut écrire des oeuvres de fiction en insufflant un contenu politique et sociale. Parce que pour chaque habitant de Beszel qui fait semblant de ne pas voir son voisin d'Ul Qoma (et réciproquement), je me vois dans mon petit théâtre urbain en train de ne pas regarder le SDF du coin de la rue, inconsciemment ignorer le juif orthodoxe qui attend pourtant sur le même passage clouté que moi, snober la femme voilée du regard... Beszel/Ul Qoma, c'est partout autour de nous, si on regarde bien. Mais on ne fait que percevoir, justement. Le livre refermé, je jette un autre regard sur ma ville. Pas à la Amélie Poulain, je ne fais pas chier les aveugles qui ne m'ont rien demandé, mais je cherche les détails que mes yeux croisent et que pourtant je refoule, par habitude, par étroitesse d'esprit ou par choix. La société s'attend à ce que je reste dans mon territoire, je fais bien attention à ne pas franchir tout un tas de frontières invisibles. Quand je serai grand, je veux être China Miéville.
paulhaderach
• Il y a 14 ans
The City and The City ... Titre étrange pour ce roman à la croisée du fantastique, pour son contexte étrange, du roman noir pour l'épaisseur de ses personnages policiers, du thriller pour la tension qui va crescendo au fil d'une enquête hors norme. Titre évident au tournant du roman... Mais qu'on se refusera de trop expliciter, sous peine de dévoiler l'idée géniale qui sert à la fois de cadre, géographique et conceptuel, au roman, et de point focal à son enquête policière. Disons seulement que China Miéville trouve avec cette histoire menée de main de maître - et d'une écriture sombre et tendue - une manière inédite et, disons le clairement, perturbante, de croiser les problématiques importantes que sont la nature de la ville, le déclassement des vieux pays et la surchauffe des "émergents", l'aveuglement collectif, le nationalisme. Une rencontre thématique exécutée avec une grande économie et une belle lucidité, qui fait refermer le roman à regret.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
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- EAN
- 9782266239721
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- Collection ou Série
- Thriller-Noir - Thriller
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 480
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- Dimensions
- 178 x 107 mm
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9,60 € Poche 480 pages