Les Scarifiés : Le livre de China Miéville
Jeune traductrice de langues oubliées, Bellis fuit Nouvelle-Corbuzon à bord du Terpsichoria dans le but d'atteindre l'île Nova Esperium. Arraisonné par des pirates, le navire de Bellis et de ses compagnons est conduit vers Armada, improbable assemblage de centaines de bateaus hétéroclites constitués en cité franche, régie par les lois de la flibuste. Bellis y rencontrera bientôt les deux seigneurs scarifiés d'Armada, les Amants, ainsi qu'Uther Dol, mercenaire mystérieux aux pouvoirs surhumains. Un trio qui poursuit sans relâche une quête dévorante, la recherche d'un lieu légendaire sur lequel courent les mythes les plus fous. Sollicitée pour ses talents de linguiste, Bellis commence alors le plus stupéfiant des voyages, un périple aux confins du monde.
Entre dark fantasy et science-fiction, entre flibusterie et roman d'apprentissage, Les Scarifiés est avant tout un formidable livre d'aventures chamarrées, un récit où plane l'esprit de Stevenson, de Melville et de l'immense Jules Verne.
De (auteur) : China Miéville
Traduit par : Nathalie Mège
Expérience de lecture
Avis Babelio
TheBanshee
• Il y a 1 an
Vous voyez Waterworld, le film pas bien avec Kevin Costner et son mulet ? Bah, c'est un peu ça, en mieux. Bon, c'est mon 3e contact avec Miéville et je le dis d'entrée de jeu, mon coup de cœur. Une fois de plus, Miéville fait fi des codes et propose un univers fantasy-steampunk totalement original, pourtant parfaitement crédible. On est ici dans le même monde que dans l'excellent Perdido Street Station et ce livre pourrait être considéré comme un roman annexe, voire une sorte de suite, tout en étant "presque" totalement déconnecté des autres ouvrages. Exit la ville grouillante, bienvenue dans l'immensité de l'océan. Ah, et sur sa ville flottante, grouillante elle aussi. La fascination de Miéville pour la figure de la Cité transpire une fois encore et il sait là aussi lui rendre un splendide hommage. Cohérent, Miéville use de son style particulier pour décrire un monde foisonnant de vie, hanté plus qu'habité par des personnages qui toujours n'occupent que le second rôle. Car on l'a compris, l'héroïne des livres de Miéville, c'est la Cité. Que ce soit le Londres moderne du Roi des Rats, les cimes vertigineuses de Nouvelle-Crobuzon ou, comme ici, Armada la ville flottante pirate, la Cité a le premier rôle et ses personnages n'en sont finalement que des locataires. Passionnant de bout en bout, foisonnant d'idées, extrêmement bien écrit, il s'agit pour moi du sommet de l'univers de "Bas-Lag", ce monde où Miéville a fait siéger sa fantasy.
Charybde2
• Il y a 2 ans
Immense hommage à l’océan et à l’inventivité du langage et des formes, essence de l’étrange, politique subtile et fondamentale : quand China Miéville se confirmaitt parmi les très grands. Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/06/29/note-de-lecture-les-scarifies-china-mieville/ En 2002, deux ans après l’irruption magnifique de « Perdido Street Station » sur la scène littéraire, l’univers de Bas-Lag connaissait sa première extension avec « Les Scarifiés » (titre français parcellaire et légèrement misguiding, car éliminant la superbe ambiguïté d’origine du titre original « The Scar »), traduit en 2005, à nouveau, au prix d’une fort belle prouesse (tant la langue développée ici par China Miéville est encore plus riche, précise, foisonnante et envoûtante que dans son premier roman), par Nathalie Mège pour les éditions Fleuve Noir. On ne raconte pas « Les Scarifiés ». Si l’inventivité technique et langagière de l’auteur britannique fait à nouveau merveille, il s’agit cette fois, au-delà du rusé contexte socio-politique d’une ère victorienne réinventée « ailleurs » (et ô combien « ailleurs » !), d’un véritable roman d’espionnage, d’un thriller à rebondissements où les personnages ne sont que bien rarement ce qu’ils semblent d’abord être, où leurs narrations sont éminemment peu fiables, ou bien dotées de nombreux tiroirs secrets, et où les surprises machiavéliques saisiront la lectrice ou le lecteur jusqu’au bout de ces plus de 800 pages. Admettons simplement ici que, s’il y a bien ici une narratrice principale, Bellis, dont le « journal de bord » en forme de lettre jamais envoyée (et même ce constat apparemment si simple devra être pris avec moult pincettes) rend compte de ce qu’elle saisit, au fur et à mesure, de ce qui se passe autour d’elle, aventurière fuyant en urgence la Nouvelle-Crobuzon et certains événements racontés dans « Perdido Street Station » (mais qu’il n’est pas réellement nécessaire de connaître pour vraiment apprécier « Les Scarifiés »), ce roman peut trôner avantageusement parmi les grands romans maritimes de la littérature. En dehors des grands classiques de la mer, auxquels certaines allusions rusées (que je vous laisserai le plaisir de découvrir le cas échéant) renvoient expressément, on admirera aussi les résonances profondes avec des ouvrages beaucoup plus récents, à l’image du beau « Les marins ne savent pas nager » de Dominique Scali, par exemple. La beauté et l’inventivité des descriptions, la richesse profuse sans être envahissante du vocabulaire utilisé (encore : bravo à la traductrice !), l’imagination navale développée, entre magie et industrie, entre réalité documentée et pure fiction : autant d’éléments qui justifient, bien au-delà du seul genre « steampunk » ou même imaginaire au sens large, de considérer « Les Scarifiés » comme un chef-d’œuvre de la mer, des marins et des terriens qui s’y retrouvent mêlés comme malgré eux. Ce n’est bien entendu pas tout. Peut-être encore plus nombreuses que les références aux grands classiques de la mer – et à Joseph Conrad au premier chef -, ce sont celles renvoyant discrètement à John Le Carré qui engendrent le véritable vertige : on admirera ici la puissance géopolitique (fût-elle liée à des géographies et à des politiques fictives) inscrite dans tous les creux et les bosses d’une intrigue qui ne se laisse pas épuiser facilement – même lorsqu’elle entreprend au passage d’ébranler certains mythes libertaires fondateurs de la piraterie, pour mieux les rehausser ensuite -, le savoir-faire de thriller d’espionnage inscrit dans des dialogues qui peuvent être relus si savoureusement lorsque certains secrets ont été dévoilés ultérieurement, et pour tout dire, la joie d’une narration sophistiquée qui trace son chemin déterminé en déployant tous les leurres nécessaires au fil de son chemin – ou de son erre. Enfin, comme c’était déjà le cas, naturellement, pour « Perdido Street Station » (et comme cela le restera pour l’essentiel du travail ultérieur de China Miéville), « Les Scarifiés » offre une saisissante synthèse de ce que les littératures de l’imaginaire peuvent produire de plus accompli, surtout lorsque, comme ici, elles ne se préoccupent guère des frontières littéraires entre genres, sous-genres et sur-genres (à propos de quoi on consultera avec profit aussi bien Apophis que Francis Berthelot). Bien que parcourant avec malice les méandres de l’avidité et du pouvoir comme ceux de la curiosité scientifique débridée, ou ceux de la fusion authentiquement weird (et l’on songera ici logiquement parfois au Jeff VanderMeer de la « Cité des Saints et des Fous » ou de la trilogie du « Rempart Sud ») entre magie et calcul, China Miéville ne perd jamais totalement de vue les racines pulp et rôlistes qu’il revendique sereinement en plus d’une occasion (on peut se reporter par exemple au superbe entretien d’époque avec Joan Gordon, publié dans Science Fiction Studies en 2003, ici) : il adore inventer des créatures complexes, aux écologies et aux anthropologies ramifiées (et de ce point de vue, « Les Scarifiés » propose un véritable festival) – et inventer bien d’autres choses, on le verra amplement ici, mais il excelle encore davantage – ce qui ne saurait après tout nous tant nous surprendre venant du signataire en 2002 de l’article « Marxism and Fantasy » dans la revue universitaire britannique Historical Materialism ou du coordinateur de l’étude collective « Red Planets: Marxism and Science Fiction » – à mêler de très près, comme Darko Suvin osait à peine le rêver dans son approche théorique (« Metamorphoses of Science Fiction », 1979), le sense of wonder le plus prononcé à la visée politique la plus fine et la plus efficace. Avec ce troisième roman, China Miéville s’installait en tout cas définitivement à la table des très grands.
Anonym83
• Il y a 3 ans
Un retour dans l’univers du Bas-Lag où l’on retrouve l’esprit et la forme avec pour une fois ce qui ressemble à une vraie conclusion. L’univers est toujours particulièrement riche, décrit sous toutes ses coutures au risque de se perdre. Le rythme s’en ressent et on évite pas dans ce gros pavé de longs passages où il ne se passe pas grand chose et où j’ai finalement perdu un peu le fil de ma lecture. C’est dommage car cet opus est bien mieux construit que les autres du même univers. L’auteur en fait trop, trop souvent, comme s’il tentait de prouver quelque chose à ses lecteurs tout en délaissant un peu ses personnages qui sont finalement peu attachants. Le tout aurait mérité d’être dégraissé conséquemment. Au moins, on a cette fois une vraie fin, un aboutissement à la quête et non pas comme c’est trop souvent le cas avec l’auteur, une fuite frustrante.
SChaptal
• Il y a 4 ans
Après Perdido Street Station, continuons notre voyage en Bas-Lag en compagnie de China Miéville. Sauf que ne trouvant plus la version française (toujours traduite par Nathalie Mège) Les Scarifiés, j’ai donc lu cette deuxième histoire, The Scar, dans sa version originale. L’action démarre quelques mois ou semaines après les événements de Perdido Street Station. La milice ayant repris en main la ville, la narratrice fuit de peur d’être interrogée un peu trop durement sur ses accointances passées avec Isaac Dan der Grimnebulin, l’un des protagonistes du roman précédent. Rassurez-vous. À part une ou deux allusions les romans peuvent se lire de façon totalement indépendante l’un de l’autre. Ici, La Nouvelle-Crobuzon n’est que mentionnée. La ville principale y sera l’Armada, la cité flottante pirate qui va capturer le bateau où se trouve notre narratrice Bellis, un zoologue spécialiste d’espèces multidimensionnelles et un lot de ReCréés destinés à être esclave dans les colonies. Une fois éliminé le commandement du bateau, l’Armada ne laisse plus le choix aux passagers et à l’équipage : rejoignez nos citoyens ou bien… Tout au long du récit qui raconte l’épopée de l’Armada voguant vers le bout du monde, ou The Scar (la Balafre) du titre original, Bellis va être le témoin récalcitrant des événements, refusant de donner sa loyauté à cette nouvelle ville et de rester coincée toute sa vie à son bord. Contrairement à d’autres personnages, comme Tanner Sack qui y trouve enfin un sens à sa vie et une certaine liberté, elle n’est active que sous la contrainte, manipulée par les événements et son entourage. Ce qui donne ainsi au livre un point de vue à la fois extérieur et au cœur de l’histoire qui diffère pleinement de la façon dont Perdido Street Station était construit. Si le premier volume de la trilogie de Bas-Lag était un thriller urbain dans un monde fantastique, The Scar est une épopée navale. Ce récit contient tous les éléments d’une bonne histoire de pirate : une quête mythique, des batailles navales impressionnantes, des combats à coups de sabre, des iles lointaines peuplées d’êtres étranges (comme les anophelii si tragiquement terrifiants), des coups tordus et des trahisons en cascade. Le tout vu principalement par les yeux d’une ex-universitaire linguiste et citadine jusqu’au bout de sa longue jupe noire. Donc aussi à l’aise dans cet élément qu’un poisson dans les sables du désert. Dans sa description de l’Armada et de ses différents districts, China Miéville laisse libre cours à sa passion pour la politique dans les différents systèmes de gouvernance qu’il présente (avec une mention spéciale pour l’impôt très concret levé dans le district de Dry Fall). Il montre également un foisonnement de races qui reprennent en partie celles déjà rencontrées à La Nouvelle-Corbuzon et en présente d’autres. Le tout se faisant toujours de façon très imagée et parfaitement cohérente. Le résulta est que, même si Bellis est particulièrement remontée contre ce qui l’entoure, elle nous entraîne dans son sillage dans The Scar et nous donne à rêver un monde fascinant.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
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- EAN
- 9782265077430
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 528
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- Dimensions
- 241 x 156 mm
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