Du bout des doigts : Le livre de Sarah Waters

Alors, j'avais adoré le film Mademoiselle basé sur ce roman (principalement en raison du côté glauque et des fausses pistes) heureusement pour moi, je ne m'en souvenais plus et je pense que le scénariste a changé pas mal de choses pour le film. Sur le roman, j'avoue avoir eu un début assez difficile mais dès l'instant où Susan arrive au manoir j'ai été complètement passionnée. L'histoire est passionnante et on va de surprises en surprises. La relation entre Susan et Maud est bien écrite, toute en délicatesse et le fait de passer d'un point de vue à l'autre entre les deux filles rajoute de la force au roman. Le personnage de Gentleman est aussi retors que pervers quand à Mme Sucksby, elle est parfaite dans son rôle à la fois manipulateur et de femme aimante Le vocabulaire est parfaitement choisi et la manipulation des personnages (et des lecteurs) implacables. J'aime beaucoup la manière dont l'auteure suggère les choses tout comme la partie qui se passe à l'asile et qui fait réellement froid dans le dos. Le scénario est bien maitrisé et l'auteure nous emmène parfaitement dans son monde. Ce que j'aime : les personnages, la délicatesse de leurs sentiments, la manière dont la folie affleure, l'efficacité du scénario Ce que j'aime moins : bah pour le coup, j'aurais aimé un peu plus de glauque En bref : Un excellent roman, rempli de chausses trappes et dont les personnages sont parfaitement écrits Ma note 8,5/10

Du bout des doigts est mon troisième roman de Sarah Waters et je retrouve toujours la même magie de l'écriture et le même bonheur intense de lecture qui invite à ne jamais arrêter ! Cependant, comme dans Affinités, je n'ai pas retrouvé l'envoûtement de Caresser le velours ; peut-être est-ce simplement le fait de connaître déjà le style de Sarah Waters. Celle-ci excelle à mélanger les genres aussi à l'aise dans des passages romantiques presque (volontairement) mièvres que dans des descriptions sordides. Comme dans les deux précédents livres, ce sont les sentiments qui naissent entre les héroïnes qui portent l'histoire. Cet amour déstabilise en même tant qu'il soutient Sue et Maud dans leurs péripéties respectives. La technique narrative adoptée ici donne un roman à deux voix, chacune donnant sa version, ses ressentis et racontant bien sûr son parcours (voir aussi Champ, contrechamp de Véronique Gréger). Cette technique permet de nouer encore plus le lien entre les héroïnes alors même que leurs destins semblent diverger. Sans cette relation intime, l'histoire serait celle d'une arnaque, certes tordue, mais finalement assez classique avec ses entourloupes et ses rebondissements (assez imprévisibles dans l'ensemble). Au-delà de leurs destins entrecroisés, l'amour latent entre Sue et Maud donne réellement une dimension supplémentaire à l'histoire. Je tarde volontairement à attaquer Ronde de nuit pour faire monter l'envie. Ce sera un changement d'époque et de traducteur. J'espère rester sous le charme ...

Un très bon roman, d'un bon niveau littéraire avec une excellente traduction (sinon j'aurais abandonné avant la fin), pour une intrigue qui va de rebondissement en contrecoup. La société victorienne est dépeinte avec minutie et implication, notamment les différences sociales et la conditions des femmes. C'est bien une histoire de "pigeon" comme annoncé au départ à Sue, mais le suspense est bien ficelé dans ce jeu de dupes.

Petite remarque préalable, NE LISEZ PAS LA QUATRIEME!! Quelle claque ce roman! C'est ma première lecture de Sarah Waters, mais en aucun cas la dernière. Deux mondes se croisent celui des bas fonds londoniens à la Dickens, et celui des ladies de la campagne anglaise à la Jane Austen. Certains diront que les personnages sont manichéens mais je ne vois pas trop comment il aurait pu en être autrement. De plus ce n'est pas vrai pour tous les personnages. Mais chut... Sarah Waters utilise les codes des genres littéraires qu'elle associe les uns aux autres "Du bout des doigts" (Ah, ah, il fallait bien que je la place celle-là^^). Il y a donc des pincées de littérature classique, un peu de gothique et un soupçon de thriller. Le lecteur prend progressivement de l'assurance, croyant être en terrain conquis. Il se dit qu'il a tout compris. Que nenni mon ami. Car tout à coup a lieu un rebondissement tel que l'on en reste stupéfait. Scotché. Pantelant. Sonné. Interloqué. Je continue ou vous avez compris l'idée? "Du bout des doigts" cache bien son jeu. C'est un roman machiavélique (ça y est, le mot est lâché ^^) où l'auteur manipule le lecteur à sa guise, pour le mené là où elle le souhaite. Le mettant en confiance à l'aide d'une routine bien établie, et une certaine lenteur languissante lors de certains passages du récit, elle le laisse pantelant après un revirement qu'il n'a pas vu venir, même avec les yeux grands ouverts. C'est ainsi qu'il y a un lllooonnnggg passage un peu mort, dans lequel il ne se passe pas grand chose. Le lecteur devine certaines choses mais il se laisse quand même porté par la plume efficace de l'auteur. Et c'est un plaisir de se laisser manipuler. Le style de Sarah Waters est impeccable. Elle insère même de l'argot dans les scènes se déroulant à Londres. Sa plume s'adapte facilement: légère quand il le faut, lente et délicate à d'autres moments et incisive également. C'est terrible. Juste un détail, l'auteur semble avoir une prédilection pour le thème du saphisme... ;) (...)