En cas de forte chaleur : Le livre de Maggie O'Farrell

Maggie et moi nous sommes rencontrées il y a 3 ou 4 ans avec Hamnet, et je n’avais pas kiffé, remettant à plus tard l’idée ou l’envie de tenter autre chose avec elle. Et puis j’ai lu récemment avec délectation Les sœurs Field de Dorothy Whipple et j’avais envie de replonger au plus vite dans les tourments et turpitudes d’une famille anglaise. Aussi, le jour où j’ai raccompagné ces dames Field à leur logis, c’est à dire la bibliothèque, j’en ai profité pour farfouiner et le résumé de couverture d’En cas de forte chaleur semblait correspondre à mes attentes. Est-ce le cas? Me suis je réconciliée avec Maggie ? C’est ce que nous allons voir. 1976. Robert part un matin, faire le coup de l’achat de croissants pour le petit-déjeuner. Sauf que c’est le journal. Sauf que d’habitude il revient. Sauf que ce n’était pas un coup d’un soir mais un mariage de plusieurs décennies, enfants (désormais adultes) à la clef. Désemparée, son épouse contacte ses grands mômes et vont se retrouver pour l’aider à comprendre. Ce roman dépeint avec brio une famille dysfonctionnelle classique. La petite dernière remarquable car compliquée depuis sa naissance, son aînée monstre d’égoïsme qui ne s’en rend même pas compte, son frère qui voit son quotidien lui échapper, leur mère depuis des années complètement à l’ouest se racontant très fort pour y croire que tout va bien. Et le père donc qui se barre. Mais dont on se fiche un peu tellement on se pâme devant les états d’âme de toute sa petite famille. C’est un livre qui ne couvre que peu de jours et pourtant comme j’ai aimé suivre tous les membres pendant ce temps. Chacun ayant un travers ou une manie qui nous parle, nous rappelle quelqu'un, nous lie à eux. Et que tristesse de les quitter déjà alors qu’on a vécu que si peu parmi eux, qu’on voudrait vivre plus, plus longtemps. Ah! Maggie et moi nous sommes trouvées je crois. J’espère qu’elle en a écrit d’autres des histoires dans ce style là. Que l’on se côtoie encore un peu.

Maggie O' Farrell fait maintenant partie des écrivaines dont l'écriture me touche profondément. Avec ce roman dont le sujet est la disparition d'un père de famille, parti un beau matin sans explication, je retrouve ce que j'affectionne chez les écrivaines anglo-saxonnes, une écriture précise, qui souligne les détails sans alourdir, une écriture dont on se demande comment l'auteur arrive à nous faire rentrer dans la vie des personnages facilement et de manière tellement réaliste. Gretta la femme de l'absent, qui dit ne pas comprendre pourquoi Robert a disparu mais qui cache un secret qu'elle révèlera à ses enfants. Mickaël-Francis le fils empêtré dans une vie matrimoniale et une faute qu'il n'arrive pas à expier, Monica la fille préférée débordée par son rôle de belle-mère, incapable de trouver sa place et surtout la petite dernière Aoife, qui vit son illettrisme comme un fardeau. Un livre qui parle des blessures laissées par la guerre entre les catholiques et les protestants en Irlande et qui se termine magnifiquement par la rédemption de tous ces personnages. Un livre coup de cœur qui m'a donné envie de découvrir d'autres livres de l'auteur