Hamnet : Le livre de Maggie O'Farrell

Je m'attendais à être transportée - ce n'est pas un livre que j'emmènerai sur une île déserte. Si le talent de Maggie O'Farrell ne fait aucun débat, dans sa plume précise qui réussit en quelques phrases à dresser une scène parfaite avec une atmosphère assortie, la lenteur du récit m'a parfois un peu découragée. J'ai adoré le personnage d'Agnès, dans sa force, sa sensibilité et sa complexité, mais j'ai été déçue par d'autres personnages, trop vite brossés.

« Hamnet » de Maggie O’Farrell est un roman d’une grande sensibilité où l’histoire de simples mortels (le jeune Hamnet, sa sœur jumelle Judith et leur mère Agnès) se déroule à l’ombre de celui qui n’est jamais nommé car son nom éminent risquerait d’éclipser la tragédie qui se trame. 1596 – Stratford-upon-Avon en Angleterre – les jumeaux Hamnet et Judith – un père, William, absent car très occupé à Londres… Nous comprenons tout de suite dans quelle famille nous sommes mais, finalement, Maggie O’Farrell parvient à nous faire oublier le père pour mettre Hamnet et sa mère dans la pleine lumière. L’histoire se déroule donc en 1596. Hamnet s’inquiète pour Judith qui se trouve au plus mal. Il cherche de l’aide. Pendant ce temps, sa mère est en train de cueillir des herbes médicinales. L’urgence est palpable et Hamnet court, s’affole et se démène. Puis, nous remontons 15 ans en arrière pour assister à la rencontre entre Agnès et William. Rien n’est facile dans leur union et Agnès aura du mal à se faire accepter. Il faut dire qu’elle attendait déjà Susanna, la fille ainée du couple, au moment du mariage. De plus Agnès, qui prépare des remèdes à base des plantes qu’elle cultive, est l’objet de certains commérages. Pratiquerait-elle la sorcellerie ? Tout au long du roman, Maggie tisse l’histoire de cette famille et nous amène petit à petit vers ce final poignant. Tout est dit avec des mots choisis, en douceur et en subtilité. La peste rode, la mort plane tout au long du récit et un enfant va mourir. « Hamnet » est avant tout un hymne à l’amour : - Entre Will et Agnès - Entre Judith et Hamnet Et bien sûr l’amour des parents pour leur enfant et cet impossible et inacceptable deuil qui poussera le père à donner une forme d’immortalité à son enfant en écrivant l’une des plus belles tragédies et en lui offrant (presque) son prénom. Cette pièce apparait comme un jeu de miroir entre un père qui meurt et un fils qui se demande si la vie mérite d’être vécue. Agnès, quant à elle, fera un pas vers son mari dans une scène finale émouvante. « Hamnet » est un roman subtil, poétique, marquant, entre ombre et lumière. Maggie O’Farrell a vraiment visé juste et je me souviendrai longtemps de ce beau récit.

Hamnet nous plonge en 1596 au cœur de la famille de William Shakespeare. L'ingéniosité de Maggie O'Farrell réside dans le fait qu'elle parvient à nous le présenter sans jamais le nommer, à travers sa femme, ici prénommée Agnès, et son fils Hamnet, les deux protagonistes majeurs du récit. Ce sont Agnès et Hamnet, la femme et l’enfant, qui nous invitent à explorer cette époque où la peste noire fait des ravages et où il est si difficile de se soustraire aux règles imposées par le patriarcat. Pourtant, Agnès, personnage complexe et puissant comme seule l'autrice sait les dépeindre, impose son mode de vie, flirtant dangereusement avec la liberté des véritables sorcières et menant sa barque d'une main qui ne tremble pas. Maggie O'Farrell est une auteure incontournable pour quiconque aime se plonger dans les romans historiques. Son travail s'appuie sur de nombreuses recherches tout en développant le récit avec une certaine liberté. Il ne faut donc pas oublier que son œuvre reste avant tout de la fiction. C'est avec intelligence et émotion qu'elle comble les lacunes malheureusement laissées par le passé. Si l'envie vous prend de lire un récit familial où l'amour prime et le besoin de s'accomplir résonne, où la tragédie attend patiemment son heure pour frapper, où chaque personnage est superbement développé et l'histoire se déroule avec soin et fluidité, et si vous souhaitez également vous rapprocher de William Shakespeare à ses débuts, avant qu'il ne devienne le dramaturge incontournable de son époque, alors ce livre est fait pour vous. Pour moi, cette autrice est une valeur sûre qui, à chaque roman, est un coup de cœur. Elle est à découvrir !

Une note historique, en début de livre, nous donne quelques indications précieuses sur le contexte historique du roman : "Dans les années 1580, un couple qui habitait Henley Street, dans la ville de Statford, eut trois enfants : Suzanna puis Hamnet et Judith, des jumeaux. Le garçon Hamnet, mourut en 1596 à l'âge de onze ans. Quatre ans plus tard, son père écrivit une pièce de théâtre intitulée "Hamlet". En partant de faits réels, Maggie O'Farell nous propose un merveilleux roman dans lequel elle tente d'imaginer ce qu'a pu être la vie de cette famille frappée par un deuil cruel. Shakespeare n'est jamais nommé explicitement. Il est appelé "le père" ou "le mari". Souvent absent de son domicile, le dramaturge n'est pas au centre du roman, laissant la place à sa femme, Agnès, une femme tout aussi attachante qu'atypique. Les relations entre les enfants, notamment entre les jumeaux, constituent des moments forts du roman. Grâce aux allers et retours entre les différentes périodes de la vie d'Agnès nous réunissons peu à peu les pièces du puzzle de son existence : une enfance à la campagne, une rencontre improbable avec Shakespeare et une vie maritale peu conventionnelle. Le portrait d'Agnès est magnifiquement bien incarné. Cette femme illettrée est très utile à son village grâce à sa connaissance des vertus médicinales des plantes. Bien que maternelle et attachée à son foyer, elle tient à garder son activité de soignante auprès de la population, coûte que coûte. Maggie O'Farell nous offre un roman sensuel et d'une grande richesse. Elle n'hésite pas à flirter avec le surnaturel. Certains passages sont poignants mais l'écrivaine de tombe jamais dans le pathos. Le contexte historique est intéressant. Nous pouvons imaginer les conditions de vie de l'époque. Nous traversons notamment une terrible épidémie de peste. Un gros coup de cœur et assurément une de mes plus belles lectures de ces dernières années.