Jane Eyre : Le livre de Charlotte Brontë

Pfiou. Eh bien, je suis contente d'avoir enfin lu ce roman ! Alors on va dire que ça partait pas bien au départ. Déjà je rechigne un peu face au classique/pavasse de 700 pages. Ensuite, le décalage d'âge entre les persos, la différence de milieu et la romance, c'était pas gagné. Néanmoins, l'histoire a su mon convaincre et j'ai même trouvé que le développement du personnage de Jane était très moderne pour l'époque. L'écriture est très intéressante et j'ai trouvé que c'était bien plus facile à lire que je ne l'anticipais. Ensuite, la force de son roman, outre son environnement manoir très 19e, c'est le personnage féminin. J'ai avalé les deux cent premières pages, curieuse et intéressée du destin qui attend cette pauvre Jane. Forcément, j'ai détesté le prota masculin parce qu'en 2025 c'est un énorme red flag. Là ou je pensais m'ennuyer, l'histoire a su se renouveller et nous proposer un développement et une fin pertinente. Je ne rentrerais pas dans les détails pour par spoil, mais ça valait le coup de lire jusqu'au bout. Alors oui cest long, mais je suis satifaite de ma lecture. C'est pas un coup de cœur, mais je comprends mieux son succès aujourd'hui. Ça m'a donné envie de lire les autres romans des sœurs Brontë.

Ce livre est un classique. Je ne pensais pas autant apprécier cette lecture. Et pourtant, je me suis lancée sans vraiment imaginer que ce roman d'un autre siècle m'aurait embarqué dans son univers. Jane Eyre nous embarque dans les tourments de son enfance. Époque où elle va grandir et où les règles de son éducation se font dures, parfois cruelles. Le roman nous emmènera ensuite dans sa vie d'institutrice où une petite romance viendra compléter ce récit touchant. C'était une belle lecture, même s'il m'est aussi arrivée de ne pas comprendre tous les dialogues d'une autre époque, mais on fini tout de même par en comprendre le sens. Je comprends l'engouement sur cette lecture.

"Jane Eyre", publié en 1847 sous le pseudonyme de Currer Bell, est un roman fondamental de la littérature victorienne. Son importance dépasse les frontières du genre sentimental ou gothique, pour livrer une réflexion profondément moderne sur l'identité, la condition féminine et l’émancipation. Cette œuvre est aussi marquée par un souffle romanesque puissant et une écriture à la fois sobre, intérieure et intensément expressive. Le roman suit la vie de Jane Eyre, orpheline pauvre, élevée dans un environnement hostile, d’abord chez sa tante, puis dans un pensionnat austère. Dès les premières pages, le ton est donné : Jane n’est ni passive ni soumise. Elle revendique sa dignité, son droit à la justice et à l’amour, sans jamais trahir ses principes. C’est ce cheminement — de l’enfance à l’âge adulte, de la dépendance à la liberté — qui donne au roman sa structure de bildungsroman, ou roman de formation. Jane est une figure littéraire rare pour l’époque : intelligente, lucide, introvertie mais farouchement intègre. Charlotte Brontë en fait une héroïne morale plus que sentimentale, et surtout une femme libre qui choisit sa voie, même au prix de la solitude. L’amour qu’elle éprouve pour M. Rochester, le maître tourmenté de Thornfield Hall, est profond mais jamais aliénant : elle n’accepte de s’unir à lui que dans un cadre d’égalité. L’œuvre puise dans plusieurs traditions romanesques. Le réalisme social se manifeste dans la description de la pauvreté, de l’éducation sévère des filles, de la condition des gouvernantes. Le roman se distingue aussi par ses accents gothiques : la demeure de Thornfield, avec ses couloirs sombres, ses cris nocturnes et son mystère féminin enfermé, rappelle l’atmosphère des romans noirs du XVIIIe siècle. Ces éléments dramatiques enrichissent la tension du récit et figurent les luttes psychiques de Jane elle-même. Mais "Jane Eyre" est avant tout un roman intérieur. Les élans de la conscience de l’héroïne, ses doutes, ses élans de révolte ou de foi, sont décrits avec une intensité rare. La voix narrative — la première personne — confère à l’ensemble une dimension autobiographique et introspective, contribuant à l’empathie du lecteur. À travers Jane, Charlotte Brontë interroge les normes sociales de son temps. Le roman aborde de front la question du genre, de la classe et du pouvoir. La voix de Jane est celle d’une femme qui refuse de n’être qu’un rôle (élève, gouvernante, épouse), pour affirmer une individualité pleine et complexe. L’attitude face à la religion, très présente dans le roman, illustre aussi une quête de spiritualité personnelle, distincte des dogmes imposés. En parallèle, la figure de Bertha Mason, la femme "folle" enfermée au grenier, soulève des interrogations sur le traitement du féminin, de la sexualité et de l’altérité coloniale. Le roman, tout en ne rompant pas totalement avec les représentations de son temps, introduit une conscience critique. "Jane Eyre" est un roman d’une grande richesse narrative et symbolique. Son style clair et profond, son héroïne attachante et forte, ainsi que ses multiples niveaux de lecture en font une œuvre intemporelle. Plus qu’une histoire d’amour, c’est une leçon de liberté, de dignité et de fidélité à soi-même. Charlotte Brontë y donne voix à une subjectivité féminine d’une rare intensité, qui continue de résonner aujourd’hui.

Lorsque je l'ai lu, j'étais pré ado et je n'avais pas encore entendu parler du roman gothique. A des années de distances, Jane Eyre a bien un côté gothique ! Outre cet aspect qui se retrouve surtout dans la dernière partie, j'ai trouvé le récit terrifiant. Des endroits tels que l'internat ou échoue Jane ont-ils réellement existé ? Le désamour de sa tante et de ses odieux cousins on peut l'imaginer, la jalousie, le fait que Jane ne soit pas tout à fait comme eux... Mais le pensionnat ? Je ne me suis jamais penchée sur le sujet, mais tout avait concouru à me terrifier et me faire apprécier mon 20ème siècle. Les soeurs Brontë ont vécut dans le drame et Jane, comme elles en connaîtra plus qu'à son tour. Là encore, on peut se demander si tout cela est bien réaliste mais par ailleurs, la condition des femmes à l'époque était assez effroyable. Ceci suffit-il a expliquer cela ? Ce qui ressort des écrits des soeurs, c'est cette violence plus ou moins latente (bien moins présente chez Anne cependant) comme si elles avaient voulu exorciser quelque chose. En tout cas, Jane ne m'a pas laissée indifférente.