Julia : Le livre de Sandra Newman
Londres, chef-lieu de l'Espace aérien I, vit sous le joug d'un régime ultra-autoritaire dirigé par Big Brother. Nous sommes en 1984.
Julia est mécanicienne au département Fiction du ministère de la Vérité. Joyeusement cynique, elle a tout de la citoyenne modèle. Elle excelle pourtant dans l'art de tromper la surveillance constante des télécrans et de la Police de la Pensée, parvenant même à cacher ses liaisons amoureuses dans ce monde où le sexe est un crime sévèrement puni. Mais Winston Smith, du service des Archives, l'intrigue et l'attire. Lui aussi cache peut-être son jeu... Le jour où, sans vraiment réfléchir, elle lui glisse un mot dans la main – geste quasi suicidaire –, elle perd le contrôle de sa vie si bien ordonnée, et tout bascule.
Soixante-quinze ans après George Orwell, Sandra Newman nous entraîne à nouveau dans l'univers mythique de Big Brother. Roman d'un État totalitaire où la condition des femmes diffère fondamentalement de celle des hommes, Julia apparaît comme un texte féministe, à la fois fidèle à l'original et radicalement différent.
De (auteur) : Sandra Newman
Traduit par : Hélène Cohen
Expérience de lecture
Avis Babelio
IreneAdler
• Il y a 3 semaines
Julia est la personnage féminine de 1984, celle qui a une histoire d'amour avec Winston, le personnage principal de roman d'Orwell. Ce dernier ne la brosse qu'à grands traits, se concentrant sur le personnage masculin, Julia n'étant là qu'en arrière-plan, comme un prétexte. Cependant ce prétexte aussi a vécu les bouleversements du monde de 1984. Plus encore en tant que fille puis femme. Ce n'est pas (plus) un secret qu'elles sont plus vulnérables en temps incertains (déjà en temps certains...). Elle ne se voit pourtant pas comme une victime et tire profit des préjugés qui sont accolés aux femmes qui ne changent pas... Elle se crée une liberté, toujours précaire, qui parfois se retourne contre elle, mais elle avance comme elle peut. Sandra Newman l'a rendu beaucoup plus intéressante que Winston (alors que le roman d'Orwell est vraiment très fort). Julia a une vraie épaisseur psychologique et un vrai vécu. L'autrice nous fait vraiment entrer dans sa vie, complexe, un peu folle et toujours sur la brèche. Jusqu'au retournement final.
Stelphique
• Il y a 2 mois
#128065;#65039;#8205;#128488;#65039;Chronique#128065;#65039;#8205;#128488;#65039; « -Purée! Pour vous non plus, c’est pas facile tous les jours, n’est-ce pas? » Est-ce qu’on te l’a posée, cette question, Julia? Est-ce que, on a, ne serait-ce que tenu compte de ton avis, de ton histoire, de ton expérience en tant que femme dans cet univers dystopique de 1984? Évidemment que non, l’époque sans doute, ou la médiocre considération de la société pour les femmes en général…Et c’est un tord qui aujourd’hui est réparé grâce à une autrice Sandra Newman, qui a bien compris que la condition féminine dans un régime totalitaire est encore plus contraignante pour ces dames que pour ces messieurs…Voilà pourquoi Julia 1984 est à découvrir. Parce qu’on change de focale. La surveillance reste la même, Big Brother les regarde toujours autant, mais les attentes et les exigences sont encore plus élevées pour les femmes. Elles ne disposent non seulement pas de leurs esprits avec la novlangue et compagnie, mais encore moins de leurs propres corps. Ils doivent servir le Parti, être utiles pour et par Big Brother. C’est encore un cran au-dessus pour ce qui est du dévouement au régime, puisqu’elles vont procréer en ce sens, sans plaisir, sans valorisation pour leur rôle de mère, sans garder l’enfant. Ce n’est qu’un réceptacle. Les femmes ne sont plus sujets mais objets fonctionnels pour le système. Effarant! Ce 1984 est encore plus cauchemardesque que son prédécesseur à mon avis, car déjà que les marges de manœuvres pour s’en sortir en tant qu’humains sont assez restreintes, mais encore plus pour elles, qu’on ne considèrent même plus comme êtres pensants… « Ça ne fait aucune différence. Personne ne se soucie de moi. Je ne fais aucune différence. » Peut-être pas pour eux, pour Lui, mais pour nous si. Julia, tu fais bien la différence. Ton regard nous importe. Ta joie de vivre nous importe. Ton feu nous importe. J’avoue que dans la version de George Orwell, je t’ai trouvé très impétueuse, très entreprenante carrément effrontée et j’ai pensé que l’auteur avait anticipé aussi la révolution sexuelle qui allait bouleverser le monde, en plus de tout le reste…J’ai trouvé cela fabuleux, et troublant aussi, n’était il pas trop clairvoyant pour son époque? C’est 1949, 1984 ou 2025 qu’il écrit en fait? Bref, tout cela pour dire, que oui, on avait besoin d’une réécriture féminine car Julia est un personnage complexe qui mérite qu’on s’y attarde. Elle est beaucoup plus vive, plus joyeuse, plus prompte à profiter de la vie. Elle se fout un peu des conséquences de ses actes, elle est jeune et profite de ce corps en pleine santé. Elle voudrait aimer avant de se comprendre comme un sujet politique. Elle apporte un peu plus de légèreté à l’ensemble très anxiogène du roman. Et pourtant, les problématiques liées au corps féminin sont bel et bien abordées et on sent que la bataille de l’intime que Julia va devoir mener presque malgré elle, ne se fera pas sans douleurs… Les paroles disaient : Sous la ramure du châtaignier, Je t'ai vendu et tu m'as vendu Oh, on ne valait pas plus de trois francs six sous Sous la ramure du châtaignier C’est triste qu’ils aient compris trop tard que leurs vies ne valaient rien pour eux. Ça leur aurait épargné le remord de leur trahison. Mais on n’échappe pas à la salle 101, pas plus qu’à la présence omniprésente de Big Brother. Deux cœurs battants, deux visions, deux histoires pour comprendre le régime effroyable et implacable de ce régime totalitaire. Sous mon olivier, j’ai lu ces deux versions de 1984 d’une traite, le souffle court, la peur au ventre et je les ai trouvé complémentaires, efficaces, dérangeantes. Une à un niveau plus cérébral, l’autre dans un registre plus viscéral mais mon impression reste la même, c’est toujours le même feu qu’ils veulent éteindre. Le leurs. Le feu de l’amour, du désir, de la vie. Le feu intérieur qui les pousse à se rebeller. Le feu ardent de la passion qui pourrait tout faire dérailler…Julia a l’étoffe de cette étincelle, mais la sororité n’a pas lieu au Foyer 21, l’amour n’a plus assez d’ancrage, l’ennemi est posté partout et Big Brother s’acharne à détruire ce qui est beau et brûlant…La vérité? Je n’ai pas d’autres alternatives de vous avouer que j’ai lu et adoré Julia 1984 et que je vous recommande chaudement de vous pencher sur ce duo de lectures pour encore plus de frissons, cher.es camarades!
motspourmots
• Il y a 2 mois
Pour savoir qui est Julia, il faut avoir lu 1984. Heureusement, ma lecture date de quelques mois seulement, parfait pour que l'atmosphère, l'intrigue et les personnages soient encore frais à l'esprit. Dans le roman de George Orwell, la focale est réglée sur Winston Smith et on ignore beaucoup de choses sur Julia. Suffisamment pour donner envie à une écrivaine de creuser et d'explorer le versant féminin de la célèbre dystopie. Ce n'est pas une réécriture totale dans le sens où elle base son récit sur les fondamentaux mis en place par Orwell sans les réexpliquer ni les détailler (il faut donc vraiment avoir lu 1984), ce serait plutôt un complément destiné à mettre en relief les éléments ignorés par Orwell et notamment les incidences particulières du système totalitaire sur les femmes. Ce qui est assez savoureux quand on sait le comportement limite d'Orwell avec les femmes et son peu de considération pour leur condition (cf L'Invisible Madame Orwell). L'autrice prend sans doute un malin plaisir à faire de Julia un personnage bien plus futé et courageux que Winston, sans toutefois rien céder sur la complexité du contexte. L'absurdité est bien là, la violence aussi avec quelques scènes particulièrement insoutenables. Son personnage lui permet de remonter à la source, à peine évoquée dans 1984, d'étoffer les interactions et d'oser amorcer un avenir. Le parallèle dans la narration est bien mené, sans impression de redondance avec le roman référence sur lequel il ne fait que s'appuyer tout en prenant suffisamment de liberté - ton, style, atmosphère - pour éliminer toute impression de copie. Forcément, le roman d'Orwell anticipait de 40 ans alors que celui-ci recrée une anticipation factice avec 80 ans de recul, à la fois fidèle et forcément enrichie du poids du futur. C'est plutôt malin et convaincant, le traitement plus contemporain donne un souffle nouveau à l'histoire, moins oppressant mais toujours aussi désespérant dans son constat, surtout mis en regard de l'actualité outre-atlantique. Preuve de la vitalité du texte d'Orwell dont on se demande s'il ne sert pas en ce moment de petit manuel à un certain président américain.
Serialecteur2
• Il y a 3 mois
Voyage en 1984 On est un voyage. En terre inconnue, c’est à dire en féminisme ! Comme il est précisé sur la couverture, Big Brother regarde Julia. Car ce roman nous replonge dans cet univers qui fut une utopie, aujourd’hui parfois trop réel (voir la Chine…) mais le parti pris est de reprendre le scénario pour voir le point de vue de Julia. Et c’est bougrement intéressant de relire ce cauchemar. La remise en contexte au début est un peu longue mais l’ayant lu il y à plusieurs semaines (2000 en gros) cela était nécessaire. Une très belle idée sur ce thème, à lire , relire et pourquoi pas relire les deux. En attendant le point de vue de O’Brien…
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782221272152
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- Collection ou Série
- Pavillons
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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