Les ardents : Le livre de Alice WINN

Les Ardents, c'est le nom d'un club d'étudiants issus d'un des plus prestigieux établissements d'Angleterre. Une bande d'amis à la vie à la mort, plus soudés qu'on pourrait le croire en cette année 1914, mais qui vont, chacun leur tour, sacrifier leur jeunesse sur l'autel de l'honneur patriotique. Le roman débute au commencement de la guerre, lorsqu'Elwood et Gaunt, amis depuis des années et secrètement attirés l'un par l'autre, sont sur le point de s'engager au front sans tellement comprendre la gravité de ce qui les attend. Alors que les premiers affrontements se dessinent, que va devenir leur amitié ? Comment vont-ils faire face à l'horreur ? Aux pertes ? Comment survivre, se redresser, recommencer à vivre quand on a connu l'indicible ? Cette histoire pleine d'aventures, d'évasions, d'actes de bravoure, d'amitiés étroites, de remises en question et ponctuée de magnifiques citations, trace de manière très précise, entre émotion, violence et tendresse, le périple de deux hommes incapables de vivre l'un sans l'autre malgré les interdits de l'époque. Tout y est juste, tout y est puissant. On a la gorge nouée à de multiples reprises et c'est tellement bien écrit qu'on ne peut pas lâcher le livre avant d'en avoir tourné les dernières pages. Alice Winn offre une histoire extrêmement bien documentée, inspirée de faits réels qu'elle détaille à la fin. Elle met en lumière la cruauté et l'injustice du conflit à travers le regard de ceux qui l'ont vécu. Elle évoque le quotidien des soldats, les preuves de courage au milieu de l'indicible, la terreur de toute une génération sacrifiée, les différences de classes et les aberrations qu'elles dissimulent, et cet abject conflit mondial qui a broyé ses enfants par centaines de milliers et laissé tant de veuves, de mères, de soeur et d'amantes sur le bas-côté. Elle entremêle avec un talent admirable les faits personnels et les actes de guerre, nous rendant palpable et tangible cette période sombre de notre histoire qui marque pourtant un tournant décisif dans la société de l'époque. Mais plus que la guerre, plus que les tranchées, plus que la peur et les obus, les privations et les traumatismes, c'est l'amour qui plane sur ce livre : celui qu'Elwood et Gaunt se vouent depuis toujours, celui qui illumine tout, celui qu'ils tentent de réfréner car la société le condamne, celui auquel ils se raccrochent lorsque tout s'effondre : un amour unique et profond qui s'enracine en dépit des horreurs vécues et qui, peut-être, sauve les hommes d'eux-mêmes lorsqu'ils deviennent la proie de leurs cauchemars. Nous ne sommes pas dans une histoire d'amour conventionnelle et pourtant j'ai rarement entendu parler d'amour aussi intensément. Je voudrais pouvoir trouver les mots pour vous inciter à le lire, mais je découvre à quel point il est difficile de rendre hommage à un livre qu'on a adoré. Les Ardents, c'est LE roman qu'on doit lire pour ne jamais oublier, un ouvrage magnifique, profondément humain, rédigé avec une sensibilité incroyable et qui va vous broyer le cœur. Merci à Masse Critique pour cette très belle découverte.

Coup de cœur ! Le roman début dans, les années 1910, avec une bande d'adolescents privilégiés qui suivent des cours dans une école privée. Très vite, certains vont devoir partir pour faire la première guerre mondiale ... Comment résumer ce roman ? Il y a vraiment tout l'horreur de la guerre, des tranchées : aucun détail ne nous sera épargné et c'est vraiment très cru ! De l'autre, plusieurs belles histoires d'amitiés et d'amours interdites à l'époque entre des soldats ! Je veux pas en dire plus mais c'est vraiment un très beau roman qui ne peut que toucher en plein cœur et qui se dévore !

Ce roman fut un immense coup de cœur, je ne suis pourtant pas une adepte des récits historiques, a fortiori sur les Grandes Guerres, mais ici la dimension historique vient ajouter du contexte, du drame, contribue à une évolution pertinente des personnages, et influe sur le choix de la narration. Si la romance est prédominante, situer l’essentiel du récit au début de la première guerre mondiale, avec une attention particulière portée sur les deux désastres humains que furent les batailles de Loos et de la Somme, ajoute beaucoup de contraste et ouvre le propos au-delà des sentiments amoureux. En particulier l’évolution des personnages, pour la plupart des tous jeunes hommes impatients d’aller au front, la tête remplie de récits épiques et de mythes héroïques, montre quelle fut la folie de la Grande Guerre et son impact indélébile sur toute une génération sacrifiée. Pour contrebalancer cette noirceur, la passion enivrante de Gaunt et Ellwood qui, malgré les difficultés, apparaît comme un point de lumière à l’horizon. La narration est ingénieuse, alternant entre un narrateur à la troisième personne oscillant entre le présent et une année avant la guerre, les lettres que s’échangent différents protagonistes au front et des extraits des “In Memoriam” du journal de l’école. Les “notes historiques” à la fin du livre compilent les différentes sources dont l’autrice s’est servie pour créer son univers ; un bonus appréciable.

Déchirant, poignant, mais aussi rempli de douceur et d'espoir Les Ardants d'Alice Winn est un roman qui m'a happée dès les premières pages. À travers une plume à la fois brute et poétique, Winn tisse une histoire d'amour, de guerre et d'humanité qui laisse une empreinte durable. Le roman, principalement épistolaire, plonge le lecteur dans l'intimité des lettres échangées entre Henry Gaunt et Sidney "Elly" Ellwood, deux amis liés par une affection profonde qu'ils peinent à définir. Ce format, mêlé à des passages narratifs d'une précision historique saisissante, rend le contexte de la Première Guerre mondiale terriblement réel et immersif. Winn dépeint avec une honnêteté déchirante les horreurs des tranchées, les traumatismes physiques et psychologiques. Au milieu de cette horreur, il y a aussi des instants de grâce . La relation entre Gaunt et Elly est un souffle de vie : tendre, maladroite, parfois drôle, mais toujours authentique. Leur amour, qui évolue dans un monde où l'homosexualité est non seulement taboue mais criminalisée, devient une lumière vacillante mais tenace au cœur du chaos. Ce que j'ai particulièrement aimé, c'est l'équilibre subtil entre l'atrocité de la guerre et la douceur des liens humains. Les descriptions du front sont à la fois choquantes et magnifiquement écrites, et la camaraderie entre les personnages, marquée par la hiérarchie sociale de l'époque, ajoute une richesse supplémentaire au récit. Les Ardants est un roman qui vous brise, vous fait réfléchir, mais qui, par moments, parvient à vous faire sourire. Une très belle lecture que je recommande.