Les Guerriers de l'hiver : Le livre de Olivier Norek, Thierry Blanc

Avec Les Guerriers de l'hiver Olivier Norek prouve qu'il est toujours en pente ascendante dans sa belle trajectoire d'écrivain à plein temps, avec une plume qui évolue et va chercher la diversité des genres. L'auteur français est parti en immersion totale en Laponie finlandaise sur les pas du héros qui lui a inspiré ce roman. Il est carrément rentré dans sa peau, marchant sur ses pas, allant jusqu'à empoigner et tirer avec le même modèle d'arme que celle utilisée par La Mort blanche. Allié à un immense travail de recherche et de témoignages recueillis, Olivier Norek parvient à trouver un point de vue inédit pour faire exister un récit inspiré de faits réels passionnants, tout en rendant hommage à des héros méconnus. Et il apprend beaucoup aux amateurs d'Histoire! Ces 450 pages m'ont laissée à la fois admirative, émue, épuisée et parfois carrément sceptique sur l'entrelacs entre la fiction et le réel. La conduite serrée du roman conjuguée à une construction millimétrée est un sacré tour de force. L'auteur français travaille en sourdine pour se brancher à la vérité des lieux avec une sensibilité aiguë du paysage qui l'entoure. Les chapitres très incarnés sont parfois aussi noirs que ravageants, comme les scènes de guerre qu'ils racontent. L'ancien capitaine de police sait prendre le temps nécessaire pour enjamber les événements et prend le risque de figer certains détails en faisant une solide armature pour fuseler son texte et le propulser en avant. Le récit conjugue habilement histoire personnelle et chronique politique. Olivier Norek construit une épopée stupéfiante, aux facettes étrangement contemporaines qui soulève les comparaisons. C'est une histoire de résistance, une sorte de tribut à des hommes qui ont embrassé une cause et résisté à la douleur avant qu'elle ne les rende fous et qui ont tenu le coup quand leurs corps épuisés ne pouvaient plus les porter. Le coeur remonté à la gorge ils ont marqué l'Histoire finlandaise et méritent qu'on se le rappelle. C'est chose faite avec Les Guerriers de l'hiver.

OUF, moi qui aime bien les romans historiques, là j'ai été servis. Impossible de rester indifférent. Le soir quand j'ai eu terminé le roman alors que je commençais un autre IMPOSSIBLE de ne pas conserver les images de ce livre. Ceux qui connaisse l'écriture d'Olivier NOREK ne la retrouveront peut-être pas mais ce nouveau style est bluffant. Je ne l'oublierai pas et je le conseille vivement.

Très documenté, ce roman historique concentre l'action sur 3 mois : de fin décembre 1939 avec l'attaque de la Finlande par l'Union soviétique, à début mars 1940 et la signature de paix. Olivier Norek dit la disproportion des forces opposées, la résistance et la détermination d'une armée sous-équipée et non soutenue malgré les promesses du gouvernement français et anglais, l'incompétence et la soumission de l'État major de Staline qui n'ose avouer au tyran les défaites sur le terrain, les bombardements incessants pendant les dernières semaines de cette Guerre d'hiver lamentable qui sera tue dans les manuels d'histoire soviétique. Du côté finlandais, Olivier Norek concentre son attention sur un petit groupe d'hommes et une femme, originaires du même village Rautjärvi. Parmi eux Simo Häyhä, jeune paysan, tireur d'élite. Les sentiments sont à peine effleurés, on les devine à travers les actes, la colère, la détermination, la tristesse de perdre l'ami cher, le désir de vengeance, et Simo devient la Mort blanche, celui qui tue tout ennemi qui se trouve en face de lui, même à plus de 400 mètres. Avec la lecture de ce roman, c'est comme une crainte, une menace qui s'immisce entre les pages, la conscience des enjeux géostratégiques, et surtout la folie des hommes puissants, égocentrés, qui entrainent dans leurs décisions de lutte pour un territoire, pour des ressources, la mort d'innombrables civils ou militaires entrainés dans des combats qu'ils n'ont pas souhaités.

Olivier Norek nous propose un roman historique dont les faits et anecdotes sont bien réels. Quel travail de recherche il a dû accomplir pour nous parler d'une telle période. Car je ne sais pas pour vous mais pour moi, la guerre d'hiver, opposant la Finlande à la Russie, m'était étrangère. La légende de Simo dit la mort blanche enrichie le récit. On découvre ce sniper, ceux et ce qui l'entourent ainsi que son évolution jusqu'à la fin de cette guerre. Au-delà des faits historiques, il y a l'écriture de l'auteur dont on ne se lasse jamais. Les descriptions m'ont donné l'impression d'être transportée sur ce front, dans la neige, le froid mordant et au milieu de personnages insaisissables. La voix de Thierry Blanc dans la version audio est sublime, quel conteur ! Cependant, en audio, avec les prénoms, les lieux étrangers, le suivi m'a paru quelques fois difficile. Cela n'empêche pas Olivier Norek de signer un roman magistral. Il est parmi mes auteurs chouchous et chacune des lectures de ses romans me le confirme. Si vous aimez les romans historiques, foncez. Si vous aimez l'auteur mais que vous n'avez pas encore découvert ce roman, foncez.