L'Innocence des bourreaux : Le livre de Barbara Abel

La vie qui bascule en quelques secondes … On croit toujours maîtriser les minutes qui arrivent et pourtant… un hasard s’ajoutant à un autre, et la vie bascule. Barbara ABEL dans ce thriller mêle différents personnages aux caractères et histoires différents. Les destins vont se retrouver entremêlés, mais surtout, à cause de concours de circonstances pour chacun, leurs vies vont basculer. ABEL a une plume incisive, qui permet d’être tenu en haleine tout le long de la lecture. Pour dire, j’ai lu ce livre en quelques heures dont le génie vient surtout de l’imbrication des différents personnages et destins. Sans cela, je ne suis pas certaine que j’aurai apprécié : l’action se déroule sur un laps de temps court, les profils psychologiques sont un peu dévoilés sans être réellement creusés, et la conclusion m’a laissée indifférente. Malgré cela, c’est une lecture agréable et addictive.

Un huis-clos haletant et addictif. Quand un événement inhabituel, imprévu, révèle la part sombre de chacun. On découvre pour chaque personnage leurs faiblesses, leurs souffrances, leurs remords… Un univers sombre, noir relevé par une touche d’humour et de cynisme. Une belle découverte hâte de découvrir d’autres thrillers de Barbara Abel. Extraits : “ _ Tous à terre ! Le premier qui bouge, je le bute ! Un instant de stupeur. Une seconde suspendue au bout d’un doute. Le temps se fige, et avec lui le cœur, le souffle, les mots. La vie. Comme une pellicule qui se déchire au beau milieu du film. Stoppé net, en plein élan. Une marche que l’on rate, une trajectoire qui dérape.” “ L’éducation, c’est comme les étiquettes sur les produits alimentaires : il y a une date de péremption.” “ La vie est un parcours qui se trace au fil du temps, autoroute bien droite pour certains, chemin de croix pour d’autres, quand le destin bascule, quand on arrive à un carrefour, quand il faut choisir un itinéraire.”

Voici un huis clos haletant et profondément humain, où la tension psychologique dépasse l’action brute. C'est un roman qui s’attarde moins sur le crime que sur les mécanismes intimes qui y conduisent. Dans cette supérette ordinaire, chacun cache ses failles, ses blessures, ses ombres. L’otage n’est peut-être pas si innocent, le bourreau pas si coupable. La force du roman réside dans sa nuance et dans sa capacité à nous mettre face à nos propres jugements hâtifs.

Une intrigue percutante et travaillé, un huis clos ponctué d’espoir et de désespoir, de cynisme, d’humours, de regret, de culpabilité et de non dits. Un roman qui nous remue émotionnellement. Un livre qui nous marque malgré l’avoir refermé. Après avoir connaissance avec ses personnages que l’on aime ou l’on déteste, on découvre leur faille et leur faiblesse.