Mauvais élève : Le livre de Philippe Vilain
Dans
Mauvais élève, Philippe Vilain évoque une période déterminante
de sa jeunesse en milieu défavorisé, ses années de formation marquées par son échec scolaire et des épreuves qui l'ont vu évoluer, à force de volonté, du lycée technique à l'université, d'une détestation de la lecture à une passion pour la littérature, et l'ont mené, jeune homme, à vivre une histoire d'amour avec une écrivaine célèbre avant d'entrer dans le monde des lettres.
À travers son récit de transfuge, l'auteur poursuit sa quête de vérité et offre un véritable message d'espoir, révélant qu'une vocation peut combattre les déterminismes.
" Magique et magistral " de Christophe Bourseiller,
France inter
" L'écriture de l'intimité, chez Philippe Vilain, possède cette magie supérieure d'allier élégance stylistique et profondeur analytique. Tout est juste, beau, indispensable. " de Isabelle Bunisset,
Sud Ouest
" Un entretien riche en confidences, subtilité et humour. Attention, coup de cœur assuré ! " de Christophe Mangelle,
La Fringale culturelle
De (auteur) : Philippe Vilain
Expérience de lecture
Avis Babelio
Christophe_bj
• Il y a 3 mois
« A son retour [de la brocante], [mon père] me dit qu'une ‘écrivaine' lui avait acheté mon exemplaire des Mandarins de Simone de Beauvoir. Il avait bavardé avec elle, lui avait dit que j'étudiais la littérature à l'université et que je voulais écrire. Hélas, il ne se souvenait pas du nom de la fameuse écrivaine. » (P. 56) « de passage à Rouen, mon père m'emmena dans la grande librairie l'Armitières, […] sa main s'arrêta net sur l'un d'eux, La Place, qu'il saisit d'un geste déterminé pour me l'offrir : ‘Tiens, c'est l'écrivaine que j'ai rencontrée à la brocante, dit-il, sûr de lui, en me montrant le nom sur la couverture. C'est bien elle : Annie Ernaux. » (P. 88). #9679; C'est ainsi que Philippe Vilain fait connaissance avec Annie Ernaux, avant de lire ses livres et d'oser lui écrire, admiratif. Ils se rencontrent au milieu des années 1990 et c'est le début d'un amour, malgré la différence d'âge : il a vingt-cinq ans, elle en a cinquante-quatre. #9679; Auparavant, il nous aura raconté son enfance et son adolescence, dans un milieu défavorisé, dans l'Eure désindustrialisée, avec une scolarité de « mauvais élève », orienté vers une filière technique, détestant la littérature, avant de se prendre de passion pour elle et de se réorienter vers des études universitaires de lettres modernes. #9679; La rencontre entre les deux protagonistes, Annie Ernaux l'a déjà racontée dans le Jeune Homme, petit fascicule d'une trentaine de pages qui laisse le lecteur sur sa faim mais que j'avais aimé. Il est bien évidemment très intéressant d'avoir la version du « jeune homme ». #9679; Contrairement à ce qui peut se dire ou s'écrire ici ou là, je n'ai jamais eu l'impression d'un règlement de comptes. Au contraire, j'ai eu le sentiment que Philippe Vilain essayait d'être le plus objectif possible, de raconter les choses telles qu'elles se sont passées et de brosser un portrait véridique d'Annie Ernaux (avec cependant les réserves qu'on verra plus loin concernant le genre même de l'autobiographie.) Il ne renie pas du tout l'aide essentielle qu'il a reçue de la romancière : il montre dans ce livre « l'importance décisive qu'Annie Ernaux joua dans [s]a construction sentimentale, [s]a transformation culturelle et sociale » (p. 190). Il reconnaît volontiers que sa vie n'aurait pas été la même sans cette rencontre tout à fait inattendue. Annie Ernaux, à cette époque déjà célèbre, le fait entrer dans un monde qui lui est complètement étranger, celui de la bourgeoisie et des honneurs. « le monde se mit à s'agrandir pour moi. » (P. 146) #9679; Il insiste cependant sur la non-appartenance au peuple de l'égérie du peuple (« En milieu populaire, c'était elle l'intruse » (p. 161) ; elle avait eu dans sa jeunesse « un aperçu » des milieux populaires dans le café-épicerie de ses parents, mais elle « méconnaissait » le peuple et ne l' « avait jamais véritablement fréquenté » (p. 217)), sur son « éducation favorisée » (p. 120) ; « [u]n monde séparait nos milieux 'modestes' » (p. 121). « En somme, elle a toujours été socialement supérieure à [lui] » (p. 121). « Je savais, écrit-il, parce qu'elle me l'avait dit, qu'elle me voyait, ainsi que les bourgeois voient les gens des classes inférieures, comme un ‘plouc'. » (P. 122) Il voit entre eux un « rapport de domination » (p. 127). « Elle semblait avoir honte de moi. » (P. 157) Il écrit aussi que c'est une femme « âpre » (p. 228) #9679; Mais il reconnaît également le caractère inestimable des conseils d'écriture qu'elle lui prodigue, par exemple celui de se montrer moins « allusif, poétique », de ne pas « chercher à faire de la littérature au lieu de tendre vers la justesse. ‘Il faut que tu dises les choses !' » (P. 132) Mais il est aussi le « mauvais élève » d'Annie Ernaux… #9679; Il insiste à de nombreuses reprises sur le sacerdoce que représente l'écriture pour elle, sur ses multiples réécritures, sur sa recherche inlassable de la justesse. #9679; Il y a aussi d'excellents passages sur l'autobiographie, comme à la page 189, l'analyse qu'il fait des livres autobiographiques d'Annie Ernaux évoquant leur relation : Fragments autour de Philippe V., L'Occupation et le Jeune Homme, et qui peut aussi s'appliquer aux siens : « Son texte me donnait une leçon d'écriture plus générale et me révélait la façon dont un écrivain peut transformer son histoire, l'infléchir dans un sens plutôt que dans un autre, instrumentaliser ses expériences par les ruses du genre, et je me dis que, sans doute, l'autobiographie la plus sincère n'est peut-être jamais qu'une fiction qui s'ignore et qui, dans sa prétention à dire factuellement la vérité, ment par ses omissions et sa rhétorique d'effacement, ses distorsions et ses aveux décontextualisés, ses manipulations référentielles et sa stratégie de déprésentation narrative, une fiction qui falsifie le réel pour produire une illusion du vrai, trafique les souvenirs pour raconter une fable dans laquelle l'écrivain se donne un rôle, souvent le meilleur, et, ce faisant, s'abuse, se condamne à n'être jamais lui. » #9679; Une seule chose m'a gêné dans ce livre que j'ai beaucoup aimé, c'est le caractère extrêmement travaillé du style, un travail qui se voit un peu trop, alors que dans l'écriture d'Annie Ernaux, le travail du style, sans aucun doute aussi important, suppose encore un travail supplémentaire pour le rendre invisible : « Mauvais élève »… #9679; Je recommande à tous ce livre magnifique, et surtout aux lecteurs d'Annie Ernaux. #9679; Je remercie #Babelio et les éditions #RobertLaffont de m'avoir permis de lire #MauvaisElève dans le cadre d'une opération « Masse critique ».
Phingari
• Il y a 3 mois
Je tiens d'abord à saluer le courage qu'a eu Philippe Vilain pour écrire ce texte, qui n'est pas à proprement parler une autobiographie mais encore moins un règlement de compte. De sa vie personnelle, de son enfance à sa vie actuelle, il ne délivre que les faits essentiels, indispensables à la compréhension de son parcours scolaire, universitaire puis littéraire et scientifique. Mais indispensables aussi à la compréhension de sa relation avec Annie Ernaux qui est en fait au cœur de cet ouvrage. J'ai lu dès le printemps 2022 "le Jeune homme" -- pages 11 à 37 du tirage Gallimard dans une typographie pour presbytes, soit 26 pages e gros caractères et pas même la quarantaine de pages évoquées par l'Express dans un récent article--. J'avoue qu'alors j'avais été sidérée par l'indécence de cette publication, ne serait-ce que parce que du Café de Flore au Rostand et du Cluny à la Closerie mais aussi dans tous les colloques universitaires concernant les écritures de soi, tout le monde était au courant bien entendu . Les écrivaines célèbres qui ont eu une relation avec de jeunes hommes, souvent beaucoup plus jeunes qu'elles, ne manquent pas: George Sand, Colette, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, par exemple. Chacun trouvera les noms des élus dans leurs biographies. Mais à ma connaissance aucune n'a poussé l'indignité jusqu'à traiter le jeune amant de "plouc", sélectionné comme tel pour assurer la reviviscence -- la "répétition" nous dit Annie Ernaux-- d'une émotion de "ploucotracie" ancienne chez l'écrivaine... Songeons au Chéri de Colette. Philippe Vilain , qui a dû après déjà "Fragments autour de Philippe V". et " L'Occupation" être bien sûr encore plus sidéré que moi par la publication du "jeune homme", réussit à rester délicat mais aussi très pertinent dans son analyse de son propre parcours de transfuge de classe et des causes et conséquences du déterminisme social . Son écriture ne ressemble pas du tout à celle d'Annie Ernaux, qui lui préconisait concision et fermeté, mais souvent à celle de Proust qui, en de longues phrases, cherche à cerner son idée ou son ressenti. Et son parcours de transfuge évoque bien plus celui, exceptionnel, d'Albert Camus, que celui d'Annie Ernaux. Un livre à lire et à relire, et pas à la lorgnette d'Annie Ernaux.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782221279502
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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