Othello : Le livre de William Shakespeare

Numérique

12-21

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Élevé général des armées vénitiennes, Othello a épousé Desdémone : beauté noble, blanche, et dévouée. Un triomphe pour ce Maure affranchi, au beau verbe, admirable, mais loin d'être admiré de tous... Lago, officier perfide, le hait. Distillant le mensonge à la façon d'un venin, celui-ci tissera un stratagème machiavélique pour faire chuter son maître. Le destin sera vicié, les cœurs purs périront. Quant à Othello, manipulé, aveuglé par la jalousie – ce " monstre aux yeux verts " –, il commettra l'irréparable.
Histoire de peau, conte violent de l'amour trahi et tragédie du soupçon : immense classique, ce drame aussi noir que poignant exalte tout le génie de Shakespeare, dont le théâtre scrute avec une fascinante acuité le vertige des passions.

De (auteur) : William Shakespeare
Traduit par : François-Victor Hugo

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Jusol

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 semaine

Quel ingénieux paradoxe que ce titre ! Othello, oui Othello, le maure de Venise, puissant soldat devenu général pour la république, « noir bélier » désormais héros reconnu par ses pairs, honnête homme passant par-dessus tous les préjugés pour servir sa patrie nouvelle, amoureux doux et charmant de la blanche et pure Desdémone, a tout pour être le protagoniste de cette pièce. Mais c'est sans compter sur le sombre marionnettiste Iago, Moire funeste, hypocrite sublime, félon forcené s'il en est, dont les monologues dévoilent au spectateur outré les plans méphistophéliques. C'est lui le personnage principal, lui le génie du mal qui, poussé par son ambition, sa rapacité, ou simplement, peut-être, son appétence au vice, fait avancer la pièce, agir les personnages, survenir la tragédie. Quel méchant sublime, quel être tout à la fois fascinant et repoussant ! Alors pourquoi Othello, personnage omniprésent et pourtant si passif ? Voilà le comble de l'ingéniosité shakespearienne. Othello c'est toute la tragédie, seul ce nom pouvait être éponyme. Othello, c'est l'homme bon trahi par ses rares faiblesses. « le More est une nature franche et ouverte qui croit honnêtes les gens, pour peu qu'ils le paraissent » dira Iago. Othello, si fort, si sûr de lui, se voit pris dans l'engrenage de la jalousie la plus folle, le syndrome d'Othello disons-nous aujourd'hui. Pourquoi ? Car Othello se croit trahi dans ce qu'il a de plus cher : sa bonne foi, qu'il accorde à autrui et d'autant plus à Iago qui la joue avec talent ; son honneur, qui est sa seule richesse, lui, le noir maure, l'étranger, qui a su vaincre les préjugés à la force de son épée et de sa probité. Othello c'est le juste victime de la malveillance, c'est la faille imperceptible et pourtant omniprésente qui se révèle au grand jour, c'est l'Homme dans tout ce qu'il a de grand et tout ce qu'il a de petit, c'est « le grotesque au revers du sublime » comme le dira Hugo pour parler de son Cromwell. Oui, Othello est d'abord le récit d'une jalousie dévastatrice, celle de Iago, qui finira par imprégner Othello : « je verserai dans l'oreille de celui-ci la pensée pestilentielle » avoue-t-il au public. La jalousie, qu'Emilia, la dame compagnie de Desdémone et femme de Iago, définit comme « un monstre engendré de lui-même, né de lui-même » est l'origine de la haine de ce dernier, lui, le soldat émérite, estimant être digne de la charge de lieutenant mais renvoyé au poste de simple porte-enseigne. Cette jalousie, couplée à son amour du mal, à son rejet de toute règle morale, à sa haine du monde, l'entrainera à manipuler ceux qui l'entourent, à mentir, à jouir du malheur des autres et même à tuer. Cependant, étonnante de modernité, la pièce traite également du préjugé, qu'il soit xénophobe ou sexiste. Par Othello d'abord, dont la couleur de peau est sans cesse rappelée, par lui comme par ses ennemis. Barbare, il ne l'est pas, contrairement à ce que l'on insinue. Chrétien, aimant, loyal, la jalousie le transformera cependant. Il frappe sa femme, celle qu'il idolâtre, devient méchant, se fait brute avant d'avoir le droit à une fin digne une fois comprise son erreur. Par les femmes ensuite, avec en tête Desdémone, femme indépendante et sûre d'elle, n'hésitant pas à suivre son amant dans une entreprise périlleuse. Sa charité et son altruisme la perdront. Elle qui voulait aider Cassio par générosité se trouvera accusée d'en avoir fait son amant. Les stéréotypes sur les femmes sont surtout insinués par Iago qui les déclare bavardes, lascives et manipulatrices, tous démentis par les femmes de la pièce, sublimes de bonté, sincèrement amoureuses et cruellement punies. Les grandes oeuvres ne meurent jamais, Othello en est une. Limpide, stupéfiante, édifiante, sa mécanique implacable nous fait tout à la fois sourire, bondir et s'émouvoir. Rien ici n'est réchauffé, flétri, surannée, tout y est vivace, audacieux, étincelant. C'est du Shakespeare me direz-vous ? Oui, mais du grand, c'est dire.

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Myriam3

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Je ne connaissais rien à l'histoire d'Othello, une pièce que je reléguais sans cesse à plus tard jusqu'à ce que je finisse par me décider à le lire. En fait, je l'ai dévoré, et j'avais oublié que même une pièce du 17ème siècle pourrait me plaire autant. Ecrite il y a un peu plus de 400 ans selon les suppositions, Othello n'en garde pas moins une certaine modernité... et je n'ai pas pu empêcher mes pensées de retourner sans cesse, nauséeusement, vers le documentaire qui est sorti il y a quelques mois sur Bertrand Cantat. Desdémone est une jeune femme vertueuse qu'Othello, dit le Maure pour ses origines, épouse mais que Cassio convoite également. Le personnage central de l'intrigue, Iago, fourbe et rusé qui a ses propres raisons de se venger contre Othello, fait croire à celui-ci qu'elle le trompe. Othello, jusque là vu comme un homme grand, loyal et sensé, se transforme en monstre de jalousie. Desdémone n'a plus qu'à se cacher... Finalement, rien de nouveau sous le soleil. Ce comportement toxique du mec jaloux se tournant vers la violence est toujours bien d'actualité, comme on peut le voir plus ou moins tous les jours dans les médias. Comme toujours, Shakespeare sait dérouler l'intrigue de manière implacable, jouant des ruses des uns et de la crédulité et faiblesses des autres. J'ai particulièrement aimé les personnages féminins et détesté les personngaes masculins!

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Balou2022

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

J'ai voulu lire les trois œuvres majeurs de Shakespeare soit Hamlet, Le Roi Lear et Othello. Si les deux premières lectures furent fluides, riches en émotions et riches en rebondissement, j'ai eu beaucoup de mal avec la Othello. Attention, je ne remet pas en doute l'ampleur de la pièce de théâtre, ni sa portée, ni son discours. Qu'on s'entende bien. Si je met la note de 7/10, ce n'est uniquement pour noter mon expérience de lecture. Le souci que j'ai eu avec la lecture d'Othello réside dans le fait que j'ai lu Hamlet et Le Roi Lear peu de temps avant. Si bien qu'à la fin du premier acte je savais où j'allais, je savais qui allait mourir (avec toute fois une surprise), qui allait faire quoi. Bref, je lisais cette pièce de théâtre sans vraiment découvrir l'intrigue. Cependant, à l'inverse des deux premières lectures, je visualisais les décors beaucoup plus nettement dans cette pièce. Et je pense, sincèrement, que je prendrais plus de plaisir a regarder cette pièce qu'à le lire.

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Tachan

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

Après ma relecture haute en couleurs des plus sombres d’Hamlet, place à celle d’Othello, une autre des trois tragédies emblématiques de Shakespeare écrite et jouée dans les premières années du XVIIe. Si la précédente était très noire, celle-ci est plutôt grise, avec un humour noir et grinçant qui m’a beaucoup plu. Comme avec Hamlet, j’ai été frappée par l’accessibilité du récit. C’est sûrement pour ça que j’avais dévoré les oeuvres du dramaturge adolescente. C’est fluide, ça coule de source. La plume est simple, alerte et pourtant vive et piquante. Il allie en plus ici tragédie et comédie avec un personnage dans l’ombre qui manipule son général pour mieux le faire tomber. Savoureux ! Tandis que le récit aurait facilement pu s’appeler Iago au lieu d’Othello, tant c’est ce premier personnage qui fait vivre le récit, c’est la figure du Général Maure déçu et trompé que l’on retiendra. Autour de lui, Shakespeare a imaginé, avec la verve qu’on lui connaît, un récit des plus dynamiques où on se joue de lui, créant de toute pièce une relation adultérine entre sa jeune épouse, Desdémone, et l’un de ses auxiliaires, ce qui va le rendre fou. Mais chez Shakespeare, on l’a déjà vu, la folie est subtile, tout comme la roublardise, et c’est un vrai jeu de dupes qui va se nouer entre nous, lecteurs, et le fameux Iago, éminence grise de toute cette histoire. Comment vous dire à quel point j’ai aimé ce dernier. C’est le genre de personnage gris que je trouve fantastique, encore plus sous la plume très vive et fine du dramaturge. Il est malin, roublard, fantasque même et n’a peur de rien. Il va ainsi fort loin dans le mensonge et les conséquences de ce mensonge, ce qui follement amusant pour le lecteur même si c’est également dramatique. Avec la facilité de Shakespeare pour planter un décor, il imagine un vrai univers d’hommes, mais pas n’importe lesquels, des gradés de l’armée, qui doivent en plus faire face à une menace prégnante : celle des Turcs qui approchent des côtés vénitiennes où se déroule l’histoire. C’est donc entre militaires que cela va se passer et se régler, avec des femmes qu’on pourrait croire en arrière-plan, mais qui vont démontrer une vraie force de résistance et de dénonciation à leur manière, n’hésitant à pointer du doigts ce patriarcat problématique, comme avec la courageuse Emilia. Cependant, même si j’ai adoré ce moment plein de rebondissements et de sombres pétillements, je dois aussi reconnaître que la pièce est plus légère qu’un Hamlet que j’avais lu auparavant. L’auteur creuse moins ses personnages. On comprend mal pourquoi Iago fait cela. Jalousie ou racisme envers Othello ? Amour déçu envers Desdémone ? Ambition ? Ce n’est pas très clair pour moi. De même, je trouve cet Othello, à qui on a donné le nom de la pièce, bien fade. Il est jaloux oui, mais il croit bien vite Iago et traite bien mal son épouse sur base de preuves minimes. Cela en dit long aussi sur la vision du couple et des hommes mariés et amoureux chez Shakespeare ! Relecture pleine de piquant de la deuxième tragédie phare de Shakespeare reposant sur des destinées malmenées, Othello m’a séduite, amusée par son côté grinçant et manipulateur. C’est savoureux de le voir tomber de plus en plus profondément dans ce piège savamment préparé mais j’en attendais un peu plus quand à la profondeur des personnages. Le complot est très bien écrit, les portraits féminins aussi, moins ceux des hommes où on reste un peu en surface après un Hamlet bien plus sombre et travaillé.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782823868555
  • Collection ou Série
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Filigrame numérique

L'auteur

William Shakespeare

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