Un homme, un vrai : Le livre de Tom Wolfe

«Charlie Croker était un homme, un vrai. L’avait le dos comme un taureau du Jersey…» Charlie Croker aime se répéter les paroles de cette chanson populaire, écrite pour un homonyme au siècle précédent. Lui, le self made man, viril et dominateur, parti de rien et devenu un magnat de l’immobilier à Atlanta, sera-t-il dépouillé par la banque qui lui a trop longtemps accordé des prêts sans limite ? Roger II White (surnommé “Too White”) est un avocat d’affaires en vue, métis à la peau très claire, qui se voit confier la délicate défense d’une star noire du foot d’Atlanta, accusée d’avoir violé l’héritière d’une des plus vieilles familles. Conrad Hensley, ouvrier idéaliste et courageux qui effectue un travail de forçat dans l’entrepôt de surgelés de Ch. Croker, injustement mis au chômage, puis en prison, y découvre la doctrine stoïcienne et se fait le porte-parole du philosophe Epictète. Et aussi Raymond Peepgass, un calculateur sans envergure, qui fomente des plans pour devenir riche ; Martha Croker, la première épouse de Charlie, qui essaie de panser son amour-propre humilié ; Serena, la deuxième épouse, manipulatrice à la tête froide, … Sur un rythme soutenu, d’une plume alerte et ironique mais dénuée de jugement moral, l’auteur passe de l’un à l’autre des figurants de cette comédie humaine, ne nous cachant rien de leurs motivations, de leurs réflexions, de leurs craintes ou de leurs bassesses les plus inavouables. Tom Wolfe, qui était journaliste avant de devenir écrivain sur le tard, a mis sa connaissance de la société américaine au service de la fiction et restitue dans ce roman la confrontation des classes aisées, voire richissimes, aux couches populaires de l’Amérique. Il a gardé l’habitude du long travail préparatoire de documentation et d’imprégnation sur les lieux et les milieux qu’il dépeint et il en résulte une fresque sociale puissante et haute en couleurs, à la manière de Balzac ou de Zola, dont il était un grand admirateur. Les rapports de force dominant-dominé, l’amour de l’argent et le matérialisme, le culte du paraître et du prestige, les magouilles financières, les tractations et les instrumentalisations politiques sont les caractéristiques de cette Amérique des années 90, avec pour points saillants les deux axes qui divisent Atlanta, couleur de peau et richesse, provoquant tensions raciales et sociales. Un récit construit comme un puzzle qui se dévoile peu à peu sous nos yeux admiratifs. Et qui se comporte comme un homme, un vrai, pour finir ? Charlie Croker, Conrad Hensley, ou bien Epictète et ses émules depuis 2000 ans ?

Je suis rentrée dans ce roman lentement, presque à reculons, puis j’ai fini par me laisser emporter par le talent de l’auteur. Celui-ci excelle dans la description des situations avec un grand sens de la mise en scène [masquer] comme avec la scène magistrale de la saillie d’une jument [/masquer]. Il décrit admirablement les atmosphères [masquer] comme le travail dans un entrepôt de produits congelés ou la vie des détenues dans une prison californienne [/masquer]. Ses personnages sont attachants, comme Charlie ou Conrad mais l’un des personnages principaux est sans conteste la ville même d’Atlanta, à la fois noire et blanche et cette difficile alchimie est au centre du livre. [masquer] Mais qui pourrait croire en commençant cette lecture que la philosophie jouerait un rôle aussi important dans le dénouement de cette histoire ? [/masquer] C’est un roman puissant (un peu trop détaillé à mon goût parfois), un roman du Sud des Etats-Unis où la chaleur peut être étouffante, les moustiques tenaces et l’esclavage un passé pas si lointain qui marque encore profondément les rapports sociaux. J’ai été un peu déçue par la fin mais cela ne ternit pas la grande qualité de l’ensemble. .

Je suis rentrée dans ce roman lentement, presque à reculons, puis j’ai fini par me laisser emporter par le talent de l’auteur. Celui-ci excelle dans la description des situations avec un grand sens de la mise en scène [masquer] comme avec la scène magistrale de la saillie d’une jument [/masquer]. Il décrit admirablement les atmosphères [masquer] comme le travail dans un entrepôt de produits congelés ou la vie des détenues dans une prison californienne [/masquer]. Ses personnages sont attachants, comme Charlie ou Conrad mais l’un des personnages principaux est sans conteste la ville même d’Atlanta, à la fois noire et blanche et cette difficile alchimie est au centre du livre. [masquer] Mais qui pourrait croire en commençant cette lecture que la philosophie jouerait un rôle aussi important dans le dénouement de cette histoire ? [/masquer] C’est un roman puissant (un peu trop détaillé à mon goût parfois), un roman du Sud des Etats-Unis où la chaleur peut être étouffante, les moustiques tenaces et l’esclavage un passé pas si lointain qui marque encore profondément les rapports sociaux. J’ai été un peu déçue par la fin mais cela ne ternit pas la grande qualité de l’ensemble. .

Excellent roman dans la veine du Bûcher des Vanités. Entre Balzac et Zola, dans une Amérique des années 2000, plus précisément en Géorgie, Atlanta, on découvre une multitude de personnages, de milieux sociaux et multiculturels divers et variés. L'histoire est prenante, on plonge dans un univers géographique et culturel passionnant. On ne lâche pas ce roman de plus de mille pages et on regrette quand il se termine.