Une chambre à soi : Le livre de Virginia Woolf
Bravant les conventions avec une irritation voilée d'ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu'à une époque toute récente, les femmes étaient savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, nécessairement, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi.
" Pourquoi un sexe est-il si prospère et l'autre si pauvre ? Quel est l'effet de la pauvreté sur le roman ? " Virginia Woolf
Traduit de l'anglais
par Clara Malraux
De (auteur) : Virginia Woolf
Traduit par : Clara Malraux
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Boebis
• Il y a 2 mois
Essai féministe, analyse historico-sociologique, mais aussi conférence, fiction, autobiographie, critique littéraire, pamphlet prophétique… ce petit bouquin de 150 pages est tout cela à la fois. Il y a bien sûr cette idée centrale que la création littéraire ne tombe pas du ciel mais obéit à des contraintes financières et sociales: du temps, un lieu pour écrire, l’indépendance financière, l’accès à l’éducation, mais aussi la possibilité de voyager et connaître le monde. Cela peut sembler chiant à lire mais la démonstration de Woolf est virevoltante de vie, d’humour et d’érudition. Et d’audace car elle va au-delà, anticipant la critique du male gaze, ou du Test de Bechdel avec cette idée que la littérature est incomplète, orpheline, sans le regard des femmes, que ce soit sur les hommes ou sur les femmes elles-mêmes, nécessaires pour dépasser ces personnages de « Maman et de Putain ». Et au-delà encore quand Woolf appelle à une littérature androgyne, c’est à dire universelle, qu’elle reconnait chez Shakespeare et Proust, quand l’auteur assume en lui le masculin et le féminin.
marie_livresque
• Il y a 2 mois
Une chambre à soi murmure et assène, caresse et cogne. Virginia Woolf ne réclame pas, elle constate. Elle ne crie pas, elle écrit, et c’est peut-être pire pour ceux qui n’ont jamais voulu écouter. Car ses mots, une fois lus, collent aux parois du crâne comme un souvenir trop net, trop vrai pour être ignoré. #128064; Ce n’est pas un livre, c’est un scalpel. Une dissection de l’Histoire littéraire où l’on découvre, sans surprise mais non sans effroi, que les femmes ont toujours été reléguées aux coulisses du génie, à cette arrière-salle où l’on brode pendant que d’autres signent. On leur a coupé l’encre comme on leur coupait les ailes, et Woolf, dans une ironie tranquille, se contente de dérouler le fil des absentes. Judith Shakespeare, sœur fantôme du grand Will, incarne toutes celles que l’on n’a pas laissées devenir. #10024; Mais Woolf n’est pas dupe. Elle sait que le génie n’a pas de sexe, seulement des conditions matérielles d’existence. Une femme, pour écrire, doit avoir de l’argent et une chambre à soi. Une phrase en apparence anodine, mais qui contient l’essence même de l’émancipation : l’indépendance financière et l’espace mental, ces deux luxes interdits trop longtemps à la moitié de l’humanité. #129782;#127996; C’est là que Woolf est redoutable. Elle ne tombe pas dans la plainte ni dans la diatribe. Elle construit, elle expose, elle déroule sa pensée avec la froide lucidité de ceux qui ne veulent plus supplier mais comprendre. Il ne s’agit plus de demander une place, mais de la prendre, de la créer, de s’y asseoir sans trembler. #128395;#65039; Ce livre n’est pas seulement un essai, c’est un passage, une clef laissée sur la table pour celles et ceux qui auront le courage de pousser la porte. #129718;
Farfadette
• Il y a 2 mois
"Eux aussi, les patriarches, les professeurs eurent d'interminables difficultés, furent aux prises avec de terribles obstacles. [...] il est vrai qu'ils possédaient argent et pouvoir, mais, en revanche, il leur fallut abriter en leur sein un aigle, un vautour qui, à jamais leur déchirent le foie, leur arrachent les poumons : l'instinct de la possession, la rage de l'acquisition qui poussent à toujours désirer les terres et les biens d'autrui ; à fabriquer des frontières et des drapeaux, des cuirassés et des gaz asphyxiants ; à sacrifier leur vie et celle de leurs enfants. " Le ton délicieusement ironique de Virginia Woolf pose les bases : la créativité, la production artistique et littéraire, le fait de savourer la vie, sont possibles à condition d'en avoir les moyens, et d'avoir la possibilité de fermer la porte (sur les obligations, les impositions). Les bases de l'association domination masculine et destruction des ressources naturelles sont également posées. En 1928, elle disait ce que d'autres ont continué à dire ensuite. Le drame, c'est que ces propos peinent à rester visibles, Titiou Lecoq nous le rappelait, et il faudra le récrire dans 20 ans... en attendant, "Une chambre à soi" est un intemporel, un classique, qu'il faut garder à porter de main.
nicolab37
• Il y a 2 mois
20 ans avant "le deuxième sexe" de Simone de Beauvoir, Virginia Woolf a écrit "Une chambre à soi". Les femmes avaient obtenu le droit de voter en Angleterre depuis dix ans seulement. Je croyais qu'il s'agissait d'un roman, mais c'est un essai sur la condition féminine de ce début du XX ème siècle, et plus précisément la situation des romancières. La chambre à soi, c'est finalement une des conditions matérielles nécessaires à la création, l'art d'écrire exigeant la liberté et la paix, ce dont les femmes ne disposaient pas dans la société britannique avant la fin du XIX ème siècle. Dans son livre, Virginia témoigne avec perspicacité et humour des innombrables obstacles qu'une femme écrivain doit surmonter avant de pouvoir vivre de son œuvre. Elle appuie sa thèse sur les exemples de quelques femmes illustres comme Jane Austen, Emilie Brontë, Georges Eliot, entre autres. Outre la pression psychologique exercée systématiquement par l'ordre établi des hommes, ces femmes doivent trouver le moyen de gagner leur indépendance financière et un espace véritablement privé, loin de la tyrannie familiale et libre de toute fonction domestique. La plume de Virginia est toujours aussi affûtée, caustique mais jamais féroce. Il ne s'agit pas de destituer la mâle engeance de son "génie" littéraire, mais de donner sa place la plus légitime à la force créatrice des femmes. S'il existe une dualité des sexes pour Virginia Woolf, celle-ci semble se résoudre idéalement dans l'association, la collaboration. Elle croit en une complémentarité des genres. L'écrivain accompli serait pour elle androgyne, tel Shakespeare. Ce livre est tout à fait édifiant sur le sujet et servi par le talent incontestable de l'autrice. Un incontournable !
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782264033604
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- Collection ou Série
- Littérature étrangère
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 176
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
6,70 € Poche 176 pages