D'Amour et de guerre : Le livre de Akli Tadjer

Un roman où les flammes de la passion se mêlent aux bruits assourdissants des canons, pour une fresque humaine à la fois émouvante et tumultueuse. Imaginez un monde où l'amour et la guerre sont des danseurs éternellement liés, exécutant une valse déchirante sous le regard d’un public ému... mais parfois perplexe. Akli Tadjer, dans sa maîtrise narrative, nous offre une histoire si riche en émotions qu’elle pourrait donner des palpitations même à un cœur de pierre. Pourtant, à trop vouloir jouer sur les contrastes entre les sentiments les plus nobles et les réalités les plus brutales, l’auteur flirte avec l’exagération. Parfois, les personnages semblent être des caricatures, comme s'ils étaient les figures de proue d’un opéra tragique où chaque geste est amplifié. L’un des points forts de Tadjer, bien sûr, est sa capacité à rendre l’histoire intime et universelle. Mais parfois, cela donne l’impression qu’il tient à tout prix à toucher le lecteur, au point d’en rajouter une couche de mélodrame, comme un chef qui mettrait un peu trop de sauce dans une recette déjà riche. L’effet est certes poignant, mais peut laisser le lecteur en quête de subtilité.

Que signifie la guerre en Europe, pour ceux qui vivent sous la domination des colons ? Pourquoi aller risquer sa vie, pour cette France si lointaine ? Se souvenant des ravages de la "guerre de son père", et pour l'amour de Zina, Adam cherche à échapper à ce nouveau conflit. Mais il devra quitter ses montagnes kabyles et s'embarquer vers la France. Et voici une jolie surprise ! Alors que je n'étais pas forcément convaincue par les premiers chapitres, j'ai été happée par la suite de l'histoire. Un récit de la Seconde Guerre mondiale du point de vue d'un jeune Algérien, pour qui les enjeux des combats ne représentent pas grand-chose. Lui et ses compagnons vont perdre rapidement leurs illusions au rythme des combats et des défaites. Adam s'accroche alors à son rêve, celui de renter chez lui, et de retrouver celle qu'il aime. Un très beau livre dont on voudrait une suite.

1939-1945, la seconde guerre mondiale. C’est l’histoire d’Adam un jeune soldat enrôlé de force pour une liberté qu’il n’a pas pour lui même. Il va découvrir une France qu’il n’imaginait pas car de son village de Kabylie on lui avait appris que l’empire colonial était imbattable. À travers les tribulations de ce jeune homme d’une vingtaine d’années j’ai appris des pages de notre histoire de France que jeune ne connaissais pas comme les camps de soldats prisonniers coloniaux dans le nord de la France, les laisser-passer pour les algériens de Paris et la mosquée de Paris sont le recteur donnait des certificats d’identité musulmane pour sauver les juifs des rafles allemandes. C’est diablement bien écrit et je vais me précipiter sur la suite d’audace et de liberté et de ruines et de gloire.

Les années 30 en Grande Kabylie. Une belle histoire d'amour qui pousse et fleurit à l'ombre des innocences et des espérances. L'histoire de Zina -la fille de Hadj Moussa, un soumis au caïd El Hachemi, un véritable salaud- et de Adam. Zina est la plus belle fille de Bousoulem et le deuxième fils du caïd la convoitait. Adam, lui, est un orphelin de père -un ancien combattant de la Première Guerre mondiale, revenu avec une jambe en moins et l'ingratitude de l'armée française en plus- et de mère (gangrène pour l'un et typhus pour l'autre) alors en pleine enfance est élevée par une tante passant son temps à pleurnicher mais tout de même très affectueuse. Heureusement, la masure héritée a été transformée en un petit palais « digne d'accueillir Zina », sa princesse... Un véritable nid d'amour : « La clef » ! Et, il a appris, grâce à un instituteur compréhensif, et sans aller à l'école (réservée aux enfants des colons et des notables du coin) à lire et à écrire. Hélas, pour lui, et la demande en mariage ayant tardé, appelé sous les drapeaux pour aller défendre la France en guerre contre l'Allemagne, il prend la fuite avec sa belle. L'aventure ne durera qu'un court instant traversée par un mariage religieux à la va-vite (grâce à un imam bandit d'honneur) et une nuit de noces en plein maquis. Ils seront assez vite capturés par la gendarmerie. Adam, enrégimenté avec tout un groupe de « déserteurs » (dont son ami du maquis, Arezki, l'apprenti-imam, un Européen, fils de colon, mais anticolonialiste et ne rêvant que de Paris et de mannequinat et un juif, fils du rabbin du village et qui ne rêve que d'y retourner) va se retrouver plongé en pleins combats de la Seconde Guerre mondiale et Zina retrouvera sa famille. La suite est connue : une drôle de guerre avec ses tranchées inhabitables et ses armes inefficaces face à des Allemands équipés de fusils-mitrailleurs, la défaite, éclair de la France, l'occupation, les camps de travail et leur vie d'enfer (des camps spécialisés dans l'Arabe, le Noir et les autres originaires des colonies, tous les « grands oubliés de l'histoire de la France en guerre»), l'évasion réussie avec l'ami Arezki et Samuel, le juif, Paris, la vie clandestine (avec l'aide de l'ancien instituteur du village natal), le marché noir, les mauvaises rencontres et les tentations, une certaine fortune, la France des « collabos », l'aide apportée par la Grande Mosquée de Paris aux évadés et aux juifs et, enfin, l'arrivée des Américains et la libération de la France. Mais toujours, toujours sans oublier Zina. Aucune infidélité bien que les « occasions » ne manquèrent pas. C'est donc le retour au pays avec l'espoir de faire enfin sa vie dans son palais de Bousoulem... avec Zina. Une autre histoire va commencer ! Un roman qui expose La guerre, mais aussi l'histoire de la mentalité coloniale, du racisme, de l'antisémitisme et de la collaboration française durant l'occupation nazie. Et surtout apprendre à survivre par amour.