Only Lovers Left Alive : Le livre de Dave Wallis

L’idée de départ — un monde où les adultes ont disparu et où les adolescents doivent inventer leur propre société — est riche de potentiel, mais Dave Wallis reste souvent à la surface. On sent que le roman préfère décrire l’ambiance et le désordre permanent plutôt que de vraiment creuser les parcours intérieurs ou les motivations profondes de chaque personnage. Résultat : certains restent très flous, presque interchangeables, et certaines pistes (sociales, politiques ou psychologiques) ne sont qu’effleurées. C’est un peu frustrant parce qu’on devine que Only Lovers Left Alive aurait pu être aussi fort qu’Orange mécanique ou Sa majesté des mouches si la construction narrative avait poussé plus loin les enjeux et les destins personnels.

Angleterre, années 1960. Sans doute désespérés par l'état du monde qu'ils laissent à leurs enfants, les adultes sont touchés par une vague inédite de dépressions. Rapidement, les suicides se multiplient de façon incontrôlable. Peu à peu livrés à eux-mêmes, les adolescents sont maintenant libres de faire ce qui leur plait. Des gangs de jeunes s'abandonnent à des orgies dans des appartements désertés, d'autres errent dans un Londres en pleine décomposition, pillant à leur gré les magasins. Kathie, Ernie et leur bande essaient de survivre dans ce monde de plus désolé ou la violence s'est installée. Bientôt, ils décident de quitter cette jungle urbaine pour gagner le nord du pays. Oeuvre dystopique publié en 1964, on y découvre une Angleterre dans un bien piteux état, des le début le ton ton est donné, une réflexion social de l'effondrement d'un société, suicide, maladie, troc, anarchie, une ambiance oppressante et anxiogènes, une cité de plus en plus étrange et sinistrée. Des affrontements mais aussi des lieux de rencontre intergénérationnelle. Une lecture intéressante et suffocante. Attention le film du même nom de Jim Jarmusch sorti en 2013 avec Tom Hidelston, Tilda Swinton, Anton Yelchin, Mia Wasikowska, John Hurt et Jeffrey Wright s'inspire librement du livre La Vie privée d'Adam et Eve de Mark Twain mais dans une version SF avec des vampires et zombies.

Plutôt sympa au début, l'histoire devient un peu longuette vers la fin. J'ai beaucoup aimé cette dystopie assez originale. C'est très prenant et on ne peut s'empêcher de se mettre à la place de ses ados. Ils ont des réactions d'ados mais avec l'ambivalence de ceux qui doivent grandir trop vite.

Ce titre vous dit peut-être quelque chose “only lovers left alive”, car il a inspiré la pop culture (il y a même un film de Jarmusch qui s’appelle comme ça, avec des vampires). Sorti en 1964 il a été interdit en Irlande et est devenu un classique. J’étais curieuse de le découvrir, pas vous ? Êtes-vous prêts à plonger dans ce monde post-apocalyptique où des adolescents livrés à eux-mêmes doivent survivre… J’ai hésité à le demander en service presse mais finalement la curiosité l’a emporté. Je voulais découvrir “only lovers left alive”, titre encensé par de grandes figures de la pop culture (dont Jarmusch qui a donné ce titre à l’un de ses films.) C’est une bonne chose que les éditions Sonatine aient décidé de l’éditer pour le faire découvrir ou redécouvrir à une génération qui ne le connaissait pas. Il est très marqué années 60 et j’ai eu du mal à dépasser ça pendant ma lecture. Il soulève quelques questions intéressantes mais je n’ai pas réussi à complètement trouver mon compte dans l’intrigue, le développement des personnages et l’écriture. Mais je suis contente d’avoir essayé. Only lovers left alive dans ce nouveau monde ? Les relations amoureuses sont bien présentes à travers le groupe que nous suivons. Relations amoureuses ou plutôt construction d’un format de couple autour de la place de l’homme dans le gang. Nous sommes dans les années soixante, les rapports homme et femme ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui. A cela ajoutez qu’il s’agit d’adolescents qui n’ont pas encore fini leurs constructions et qui se découvrent encore dans un monde où il n’y a plus que les règles qu’ils se fixent eux-mêmes. “Only lovers left alive” est sorti dans un contexte précis où des gangs de bikers faisaient peur. Nous retrouvons ça dans ce roman avec cet esprit gang, les motos, la violence, la loi du plus fort, le non respect des générations précédentes etc. Les ados que nous suivons ont des paroles dures et une analyse cruelle de ce qui arrive aux adultes. Ils ne sont pas touchés par la vague de suicide et appellent même certains adultes à se suicider. C’est ce qui m’a le plus marquée sans doute : cette absence d’émotions. Pas uniquement dans ce rapport aux adultes et à leur suicide, mais aussi dans leur vie de tous les jours. Il y a de l’attachement ou des émotions de colère et de vengeance mais quasiment pas d’empathie. Le tout est assez froid au final ce qui réhausse le côté sombre de cette histoire. Je ne ferai pas d’analyse, je ne maîtrise pas le courant philosophique “nihilisme” dont semble issue ici cette œuvre, ni l’époque couverte. Le conseil de la bibliothécaire : Je ne sais pas trop à qui conseiller “only lovers left alive”… en regardant ceux qui ont aimé et ceux qui n’ont pas aimé sur Babelio, je ne dégage pas un profil (en tout cas les mêmes aspects ont plu ou non). Alors disons que vous pouvez y aller si vous êtes curieux car peut-être allez-vous faire la rencontre d’une œuvre magistrale et la trouver grandiose dans ses questionnements et sa manière de mettre en avant des problèmes de société.