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Pour la sociologie
Et pour en finir avec une prétendue « culture de l'excuse »
Date de parution : 07/01/2016
Éditeurs :
La Découverte

Pour la sociologie

Et pour en finir avec une prétendue « culture de l'excuse »

Date de parution : 07/01/2016
Depuis plusieurs décennies, à gauche comme à droite, la sociologie est régulièrement accusée d’excuser la délinquance, le crime et le terrorisme, ou même de justifier les incivilités et les échecs scolaires. Dans ce livre accessible et vigoureux, Bernard Lahire démonte cette vulgate, ses fantasmes et ses contre-vérités. Un plaidoyer lumineux pour la sociologie et, plus généralement, pour les sciences qui se donnent pour mission d’étudier avec rigueur le monde social.
Depuis plusieurs décennies, la sociologie est régulièrement accusée d’excuser la délinquance, le crime et le terrorisme, ou même de justifier les incivilités et les échecs scolaires. À gauche comme à... Depuis plusieurs décennies, la sociologie est régulièrement accusée d’excuser la délinquance, le crime et le terrorisme, ou même de justifier les incivilités et les échecs scolaires. À gauche comme à droite, nombre d’éditorialistes et de responsables politiques s’en prennent à une « culture de l’excuse » sociologique, voire à un... Depuis plusieurs décennies, la sociologie est régulièrement accusée d’excuser la délinquance, le crime et le terrorisme, ou même de justifier les incivilités et les échecs scolaires. À gauche comme à droite, nombre d’éditorialistes et de responsables politiques s’en prennent à une « culture de l’excuse » sociologique, voire à un « sociologisme » qui serait devenu dominant.
Bernard Lahire démonte ici cette vulgate et son lot de fantasmes et de contre-vérités. Il livre un plaidoyer lumineux pour la sociologie et, plus généralement, pour les sciences qui se donnent pour mission d’étudier avec rigueur le monde social. Il rappelle que comprendre les déterminismes sociaux et les formes de domination permet de rompre avec cette vieille philosophie de la responsabilité qui a souvent pour effet de légitimer les vainqueurs de la compétition sociale et de reconduire certains mythes comme celui du self made man, celui de la « méritocratie » ou celui du « génie » individuel.
Plus que la morale ou l’éducation civique, les sciences sociales devraient se trouver au coeur de la formation du citoyen, dès le plus jeune âge. En développant la prise de distance à l’égard du monde social, elles pourraient contribuer à former des citoyens qui seraient un peu plus sujets de leurs actions.
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EAN : 9782707188601
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 184
Format : 125 x 190 mm
EAN : 9782707188601
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 184
Format : 125 x 190 mm

Ils en parlent

Délinquance, vote d'extrême droite, terrorisme : voilà plus de quinze ans que revient régulièrement dans la bouche des responsables politiques l'argument selon lequel la sociologie " excuserait " les comportements les moins acceptables en mettant en évidence le poids des déterminismes sociaux, niant par là le fait que les individus sont responsables de leurs actions. Le sociologue Bernard Lahire tord le cou à cette idée aussi étrange que puissante, qui relève selon lui de la "confusion des perspectives" : "Comprendre est de l'ordre de la connaissance (laboratoire). Juger et sanctionner sont de l'ordre de l'action normative (tribunal). Affirmer que comprendre "déresponsabilise" les individus impliqués, c'est rabattre indûment la science sur le droit."
 
De cette approche simpliste, il critique également la vision de la pauvreté (qui n'est pas un simple attribut, mais une situation qui façonne tout un rapport au monde) et de la sociologie (qui ne se résume pas à l'étude des collectifs). Bernard Lahire plaide en conclusion pour un enseignement généralisé et adapté des sciences sociales dès l'école primaire, qui aurait notamment pour vertu de rendre "la vie plus dure à toutes les formes d'ethnocentrisme et de mensonge". Une belle ambition, qui ne risque malheureusement pas d'améliorer l'image de la sociologie auprès des hommes politiques…
 
Xavier MOLENAT / Alternatives économiques

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • moussk12 20/09/2016
    Bernard Lahire précise dans son introduction que ce texte a été volontairement écrit pour s'adresser à des non-professionnels de la sociologie. Et c'est tant mieux, car n'ayant pas fait de hautes études, je craignais qu'il me soit incompréhensible. Erreur, ce livre s'adresse à tout-un-chacun désireux d'apprendre et mieux ressentir le monde dans lequel nous vivons. C'est avec des mots simples (ou pas trop compliqués) et beaucoup d'exemples concrets que l'auteur nous explique sa vision du monde, basée sur un apprentissage de chaque jour puisqu'il a étudié la sociologie toute sa vie et pratique cette science, entre autre, comme professeur. En effet, la sociologie semble être actuellement (car tout cela est nouveau pour moi) la cible de nombreux politiques, intellectuels, journalistes, qui la dénoncent comme étant le centre de tous les maux et la cause de nombreux dysfonctionnements de notre société. Bernard Lahire démonte et nous démontre, au contraire, toute son utilité. Cela se rapproche d'ailleurs du livre de Nuccio Ordine (L'utilité de l'inutile) lu récemment. A quoi cela sert de comprendre ? La liberté individuelle existe-t-elle réellement ? Les dominants - les dominés. Qu'est-ce que la sociologie ? Quelles sont les interprétations du consentement ? Vous aurez réponse à toutes ces questions en lisant ce livre qui est, je trouve, une très bonne introduction à cette science. J'aimerais ajouter que, ce qui m'a plu aussi dans cet ouvrage, c'est que l'on sent que l'auteur a une grande expérience de la vie des gens, toutes classes sociales confondues, comme s'il les côtoyait de près. Il n'est pas sur "un nuage", déconnecté de la réalité. Bien au contraire. Pour moi, c'est une découverte.Bernard Lahire précise dans son introduction que ce texte a été volontairement écrit pour s'adresser à des non-professionnels de la sociologie. Et c'est tant mieux, car n'ayant pas fait de hautes études, je craignais qu'il me soit incompréhensible. Erreur, ce livre s'adresse à tout-un-chacun désireux d'apprendre et mieux ressentir le monde dans lequel nous vivons. C'est avec des mots simples (ou pas trop compliqués) et beaucoup d'exemples concrets que l'auteur nous explique sa vision du monde, basée sur un apprentissage de chaque jour puisqu'il a étudié la sociologie toute sa vie et pratique cette science, entre autre, comme professeur. En effet, la sociologie semble être actuellement (car tout cela est nouveau pour moi) la cible de nombreux politiques, intellectuels, journalistes, qui la dénoncent comme étant le centre de tous les maux et la cause de nombreux dysfonctionnements de notre société. Bernard Lahire démonte et nous démontre, au contraire, toute son utilité. Cela se rapproche d'ailleurs du livre de Nuccio Ordine (L'utilité de l'inutile) lu récemment. A quoi cela sert de comprendre ? La liberté individuelle existe-t-elle réellement ? Les dominants - les dominés. Qu'est-ce que la sociologie ? Quelles sont les interprétations du consentement ? Vous aurez réponse à toutes ces...
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  • DanR 04/07/2016
    Une vrai volonté de partager le savoir mais beaucoup trop d aigreur face au livre de Philippe Val qui a sans doute servi de prétexte à cet essai. Dommage mais cela donne l'envie d'en lire plus.
  • Malivriotheque 03/04/2016
    Bernard Lahire en a visiblement assez que la sociologie soit méprisée, incomprise, critiquée par tous ceux qui pensent que la volonté seule d'un être humain le conduit à faire des choix. Ce court essai tend à démontrer que la sociologie, qui étudie l'histoire et l'environnement de chacun, n'a pas pourtant pour vocation de trouver des excuses aux criminels, comme beaucoup se plaisent à le croire... Bernard Lahire cherche à remettre les pendules à l'heure, et le fait plutôt bien. Non, la sociologie n'est pas inutile et peut apporter beaucoup d'éléments qui expliquent non pas pourquoi quelqu'un a commis un crime mais plutôt ce qui l'a amené à une action criminelle, analysant ainsi son parcours depuis la naissance. Lahire ne cherche donc certainement pas à excuser les criminels, mais à comprendre comment ils en sont arrivé là, pour mieux non pas les critiquer eux, mais pour en tirer des conclusions utiles au fonctionnement de la société et éviter de futurs dérapages du même style. La sociologie est une discipline qui est intéressante, qui cherche à comprendre, tout simplement. Connaître, comprendre et interpréter le parcours de vie d'une personne est TOUJOURS intéressant, quelles que soient les circonstances. Pourquoi ? Parce que nous sommes ce que nos parents, notre éducation, notre environnement, nos rencontres, nos joies, nos peines ont fait de nous. Je crois fermement que la nature n'est que le résultat de la culture. Aujourd'hui on pense telle chose car il nous est arrivé telle chose. Si on est quelqu'un de timide, extraverti, passionné, émotif, etc., c'est pour une raison. Maintenant, je ne suis pas si en désaccord que ça avec tous les gens qui prônent l'idée que "si on veut, on peut". Si on veut, on peut faire les bons choix. D'un côté, la vie nous amène à faire certains choix, criminels ou non, mais au final on reste quand même coupable d'un mauvais choix. La sociologie, ainsi, explique mais n'excuse pas. Il est toutefois extrêmement difficile, pour cause d'environnement, d'appliquer cette formule du "si on veut, on peut". Certaines situations (comme les moules sociaux, les habitudes, les connaissances, les qu'en dira-t-on, etc.) peuvent clairement empêcher quelqu'un dans une situation difficile d'en sortir par simple volonté. Cela demande, à mes yeux, beaucoup de courage, que néanmoins beaucoup ont. Il en faut beaucoup pour aller à l'encontre de la majorité, des traditions, du jugement des autres. Alors je sors de cette lecture avec la conviction que nulle idée peut être toute blanche ou toute noire, que tout a des nuances, que la sociologie n'excuse pas mais qu'au final un mauvais choix doit se payer, que la volonté est une arme puissante mais qui demande beaucoup de courage tandis que le courant nous emporte souvent là où n'aurait pas forcément envie d'aller. Il est, de toute façon, toujours intéressant de parler, s'interroger, réfléchir, et ce livre constitue un bon outil avec des exemples pertinents.Bernard Lahire en a visiblement assez que la sociologie soit méprisée, incomprise, critiquée par tous ceux qui pensent que la volonté seule d'un être humain le conduit à faire des choix. Ce court essai tend à démontrer que la sociologie, qui étudie l'histoire et l'environnement de chacun, n'a pas pourtant pour vocation de trouver des excuses aux criminels, comme beaucoup se plaisent à le croire... Bernard Lahire cherche à remettre les pendules à l'heure, et le fait plutôt bien. Non, la sociologie n'est pas inutile et peut apporter beaucoup d'éléments qui expliquent non pas pourquoi quelqu'un a commis un crime mais plutôt ce qui l'a amené à une action criminelle, analysant ainsi son parcours depuis la naissance. Lahire ne cherche donc certainement pas à excuser les criminels, mais à comprendre comment ils en sont arrivé là, pour mieux non pas les critiquer eux, mais pour en tirer des conclusions utiles au fonctionnement de la société et éviter de futurs dérapages du même style. La sociologie est une discipline qui est intéressante, qui cherche à comprendre, tout simplement. Connaître, comprendre et interpréter le parcours de vie d'une personne est TOUJOURS intéressant, quelles que soient les circonstances. Pourquoi ? Parce que nous sommes ce...
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  • Gribouille_idf 03/03/2016
    Avec son dernier livre, Bernard Lahire démontre tout l'intérêt des « sciences du monde social » dont fait partie la sociologie. Alors qu'il avait déjà formulé l'utilité sociale (mais aussi « politique", entendons par là pour le citoyen) de la sociologie dans un ouvrage maintenant déjà ancien, « A quoi sert la sociologie ? » (La Découverte, 2004), il retravaille, dans cet essai, son argumentation de manière plus accessible pour un public de lecteur non familiarisé avec le langage sociologique. Et s'il le fait, c'est principalement parce que, d'une part, son livre est une critique radicale du pamphlet de Philippe Val: « Malaise dans l'inculture » (Grasset, 2015), et d'autre part, parce que la sociologie est accusée des maux qui rongent la société française. En effet, Philippe Val donne de la sociologie une vision délirante, réductrice, imaginaire, infondée et néfaste à ce citoyen qu'il prétend, lui-même, éclairer grâce aux idées des philosophes des Lumières. Bernard Lahire passe alors au scalpel de son analyse tous les arguments à charge de l'ancien patron de Charlie Hebdo. Pour ce faire, il s'appuie sur ses nombreux travaux (et d'autres) dans le domaine de l'éducation, de l'école et de l'apprentissage des savoirs. Contrairement à Val, Lahire, loin du sociologisme totalitaire, adopte une démarche essentielle à tout sociologue ; « désévidencialiser » les faits sociaux et non les « essentialiser », autrement dit, lutter contre les évidences du sens commun et ainsi procéder à une rupture avec ses présupposés, ses prénotions et ses préjugés quel que soit le sujet. Cette démarche typiquement scientifique, et non idéologique, repose sur une posture compréhensive contrairement au « mythe de l'excuse sociologique » qui suppose un jugement moral. La sociologie n'est donc pas une science morale ni idéologique, même si certains sociologues (Lahire ne dit rien sur ce point) s'y fourvoient et confondent science, politique et journalisme. Enfin, Bernard Lahire va plus loin. Pour lui, les méthodes et les techniques appliquées en sciences sociales (observation, questionnaire, entretien, description, narration, … ) devraient être enseignées dès l'école primaire. Elles permettraient une connaissance objective, dès l'enfance, du monde dans lequel le citoyen vit et, probablement, une fois adulte, une meilleure appréhension de son destin. Tout citoyen qui consent à prendre conscience des mécanismes sociaux et économiques, de la réalité des milieux sociaux, ne serait-ce que du sien, aurait intérêt à lire et à méditer l'ouvrage de Bernard Lahire. Avec son dernier livre, Bernard Lahire démontre tout l'intérêt des « sciences du monde social » dont fait partie la sociologie. Alors qu'il avait déjà formulé l'utilité sociale (mais aussi « politique", entendons par là pour le citoyen) de la sociologie dans un ouvrage maintenant déjà ancien, « A quoi sert la sociologie ? » (La Découverte, 2004), il retravaille, dans cet essai, son argumentation de manière plus accessible pour un public de lecteur non familiarisé avec le langage sociologique. Et s'il le fait, c'est principalement parce que, d'une part, son livre est une critique radicale du pamphlet de Philippe Val: « Malaise dans l'inculture » (Grasset, 2015), et d'autre part, parce que la sociologie est accusée des maux qui rongent la société française. En effet, Philippe Val donne de la sociologie une vision délirante, réductrice, imaginaire, infondée et néfaste à ce citoyen qu'il prétend, lui-même, éclairer grâce aux idées des philosophes des Lumières. Bernard Lahire passe alors au scalpel de son analyse tous les arguments à charge de l'ancien patron de Charlie Hebdo. Pour ce faire, il s'appuie sur ses nombreux travaux (et d'autres) dans le domaine de l'éducation, de l'école et de l'apprentissage des savoirs. Contrairement à Val, Lahire, loin du sociologisme totalitaire, adopte une démarche...
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  • yves1901 03/02/2016
    La sociologie pour les nuls « La sociologie, c’est de la connerie », non, ce ne sont pas les paroles d’un simple béotien squattant jours et nuits la table 6 de l’angle obscur près du flipper du PMU du coin, mais bien l’opinion d’un étudiant en master passé par des études de science politique. Surprenant non ? Vous me direz, pourquoi une telle accroche pour ma brève bafouille ? Parce qu’en substance, l’objectif du sociologue Bernard Lahire, dans son opuscule, est justement de revenir sur l’intérêt de la sociologie, son rôle bénéfique pour notre société, une meilleure compréhension du monde social (comprendre pour changer et non comprendre pour excuser), mais aussi pour déboulonner des opinions, caricatures, erreurs communes commises constamment à l’encontre de cette dernière (selon lui). En clair, qu’est-ce que la sociologie ? En effet, chacun peut le constater autour de soi, la méconnaissance de ses apports est tout bonnement consternante et d’abord surprenante. Des moues dubitatives s’inscrivent régulièrement sur le visage des récepteurs de l’information sociologique. J’ai par exemple pu le vivre récemment lorsqu’un professeur de sociologie dispensant un enseignement sur les « opinions publiques » s’arrêta brièvement sur les « opinions communes » propres à tel ou tel groupe. « Hum, je ne suis pas convaincu » réagit mon voisin, pourtant pas grand thuriféraire du scepticisme. C’est comme si, finalement, les analyses sociologiques peuvent se trouver dérangeantes pour certains, de manière consciente ou non d’ailleurs. Le mythe de « l’individualité de l’individu » (formule sympathique hein) est en effet battu en brèche par les chercheurs, et l’illusion du libre arbitre, sujet important de l’ouvrage de Lahire, révélée depuis longtemps. En effet, on ne peut analyser et tenter de comprendre un individu sans prendre en compte sa position dans un milieu social donné et analyser les interactions qu’il entretient avec ce dernier et vice versa. Les économistes néoclassiques et leurs séides lisent-ils de la sociologie ? En somme, mettre en lumière les déterminants de nos actions (multifactoriels, évidemment…), souligner ce qui conduit un individu à agir de telle ou telle manière, à penser de telle ou telle façon dérangerait. Et comme insiste bien Lahire dans son livre, reconnaitre ces biais publiquement, changer de paradigme, entrainerait de lourdes conséquences qui ne sont pas prêtes d’être acceptées. D’une manière générale, on est régulièrement catastrophé quand on entend certaines réactions puériles devant les conclusions d’un travail sociologique. Bien entendu, malgré le sérieux « objectif » des méthodes de recherche et d’analyse, nous ne sommes jamais à l’abri d’erreurs ou de présentations trompeuses. Mais c’est le cas dans tous les domaines, comme l’historien François Furet le montre bien … Nonobstant ce point, prendre les conclusions d’un travail sociologique comme une sorte « d’absolutisme déterminant » est tout bonnement déplorable et risible. Quand il est montré que certaines catégories d’individus agissent, pensent, s’habillent, mangent, votent etc plutôt de telle ou telle façon, ou pour dire autrement, sont en grande partie amenées à avoir telle ou telle attitude, un nombre incalculable d’individus interprète cela comme une loi d’airain au déterminisme moniste indépassable. On nous ressort ainsi de manière sempiternelle « c’est faux, je connais untel qui lui a fait ça ça ou ça contrairement à ce que ton auteur raconte ». Pour eux, une hirondelle fait le printemps, usant n’est-ce pas ? L’écrit de Lahire est une réflexion qui s’inscrit dans l’actualité, en cela il s’inscrit par exemple en faux avec certains propos tenus par Manuel Valls (en même temps …) mais qui pourraient être élargis à la caste des zélateurs pourfendeurs de la sociologie. C’est à cette occasion qu’il développe une argumentation sur le statut du travail sociologique (« Comprendre est de l’ordre de la connaissance, juger et sanctionner sont de l’ordre de l’action normative », ou quelque chose du genre), cherchant à comprendre les événements, chose largement reléguée au second voire troisième plan aujourd’hui. Tenter de comprendre et d’expliquer, c’est, pour extrapoler, presque une forme de crime, une collaboration avec celui qui a enfreint la loi. Il embraye ainsi sur une certaine forme de « neutralité » du travail sociologique et comme prélude à l’action. Le sociologue n’est pas un parangon de vertu, pour Lahire comme pour d’autres, étant eux-mêmes déterminés, Pierre Bourdieu promeut ainsi une espèce de sociologie des sociologues. Il est aussi important de signifier que le propos de Bernard Lahire est argumenté (ce qui ne veut pas dire que ses positions ne peuvent être critiquées et elles le sont surement déjà), explicatif, clair, limpide et surtout, compréhensible par « tous ». En cela, il est clairement différent de « La distinction » de Pierre Bourdieu (et comment) que je suis en train de feuilleter avec légèreté, ce qui en fait un ouvrage hautement recommandable (je suis déjà en train de le diffuser à ma petite échelle), notamment pour les profanes. Ainsi, ce bref essai échappe (en partie seulement) à ce qu’on peut appeler le « paradoxe bourdesien » mis en lumière dans « Questions de sociologie » où est expliqué que Pierre Bourdieu écrit pour des gens qui ne peuvent le comprendre, alors que ce sont ceux qui ne sont pas théoriquement les destinataires de ses analyses qui ont les moyens de le comprendre. Triste non ? Nonobstant ce point, et malgré le côté accessible au grand public de cet essai, tout lecteur curieux souhaitant dénicher quelques pistes de lectures supplémentaires et approfondissements pourra bénéficier d’une bibliographie assez large pour assouvir ses pulsions consommatrices. Pour terminer, avec la sociologie (et pas seulement me dira-t-on), on peut se retrouver dans une certaine forme d’impasse intellectuelle, car, d’une certaine manière, quand on ne veut pas comprendre, on ne peut pas comprendre. PS : Pour ceux qui partagent mon aversion pour le médiocre Philippe Val, ils liront avec délectation une mise au pilori de son dernier ouvrage en annexe du livre de Bernard Lahire.La sociologie pour les nuls « La sociologie, c’est de la connerie », non, ce ne sont pas les paroles d’un simple béotien squattant jours et nuits la table 6 de l’angle obscur près du flipper du PMU du coin, mais bien l’opinion d’un étudiant en master passé par des études de science politique. Surprenant non ? Vous me direz, pourquoi une telle accroche pour ma brève bafouille ? Parce qu’en substance, l’objectif du sociologue Bernard Lahire, dans son opuscule, est justement de revenir sur l’intérêt de la sociologie, son rôle bénéfique pour notre société, une meilleure compréhension du monde social (comprendre pour changer et non comprendre pour excuser), mais aussi pour déboulonner des opinions, caricatures, erreurs communes commises constamment à l’encontre de cette dernière (selon lui). En clair, qu’est-ce que la sociologie ? En effet, chacun peut le constater autour de soi, la méconnaissance de ses apports est tout bonnement consternante et d’abord surprenante. Des moues dubitatives s’inscrivent régulièrement sur le visage des récepteurs de l’information sociologique. J’ai par exemple pu le vivre récemment lorsqu’un professeur de sociologie dispensant un enseignement sur les « opinions publiques » s’arrêta brièvement sur les « opinions communes » propres à tel ou tel groupe....
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