Bahari-Bora : Le livre de Steve Aganze

En République Démocratique du Congo, en 2018, Bahari-Bora a treize ans lorsqu’elle est enlevée avec quarante-sept autres enfants par un groupe armé. Les garçons sont enrôlés de force, les filles réduites au silence et à la peur. Cinq ans plus tard, elles ne sont plus que seize. Bahari parvient à s’échapper. À l’hôpital, elle découvre qu’elle est enceinte. Cette grossesse fragile met sa vie en danger : doit-elle l’interrompre ou la poursuivre ? Pour la première fois, c’est à elle seule de décider. Avec une plume sensible et poétique, Steve Aganze raconte à la fois la douleur et la force, l’ombre et la lumière. Bahari-Bora, dont le nom signifie « bel océan tranquille », incarne toutes ces femmes qui, malgré les épreuves, trouvent le courage d’avancer et d’espérer. Un livre marquant de cette rentrée littéraire, à ne pas manquer, porté par une écriture à la fois poétique et dense. Si ce style m’a parfois fait décrocher de l’histoire, il n’enlève rien à la force du récit ni à l’importance de l’engagement de l’auteur. On ne peut s’empêcher de penser au travail remarquable du médecin Denis Mukwege, « l’homme qui répare les femmes ».

J’ai longtemps hésité à ouvrir le premier roman Bahari-Bora de Steve Aganze. J’avais peur que sa lecture soit difficile même si elle me semblait, bien évidemment, nécessaire. Seulement dès les premières pages, j’ai été happée par le récit de cette jeune fille, à peine une femme. Elle se demande si elle doit garder l’enfant ou se faire avorter. Au fil des pages, Steve Aganze raconte son enlèvement par un groupe de mouvements armés, son évasion avec seize autres filles, sa prise en charge par les aides humanitaires internationales, puis la conquête difficile de sa liberté. Son histoire est celle d’une personne dont le corps ne lui a jamais appartenu. Alors, lorsqu’elle doit choisir pour l’enfant qu’elle porte, elle est confrontée à cet élan de liberté complètement neuf pour elle. Une découverte Le roman de Steve Aganze éclaire sur le destin des filles de la République du Congo, aux prises avec les hommes. Véritables proies pour la mentalité masculine, qu’elles soient enlevées ou non, elles demeurent esclaves puis rejetées par leur famille, car frapper d’indignité. Au fil de ma lecture, je me suis demandée à qui ce jeune homme de vingt-cinq ans, Franco-Congolais, diplômé en relations internationales et en psychologie, avait pensé en créant ce personnage féminin, si intense. J’ai une pensée affectueuse pour les modèles qui lui ont permis d’incarner si justement ce récit. Car, il est évident, que sa fiction est le témoignage de réalités, certes romancées et construites pour être lisibles, mais proche de la vie des femmes. Il devient de plus en plus important de s’ouvrir et de penser la condition féminine à l’échelle du monde. Car, même si les cultures sont différentes et le passé particulier à chaque communauté, le corps des femmes reste un enjeu fondamental de l’oppression et de l’asservissement. Et, ça devient de plus en plus difficile de détourner les yeux ! Ce roman a ravivé ma colère ! Je n’en sors pas du tout indemne ! Mais, que faire de cette rage ? Déjà, la partager !

Premier roman de Steve Aganze et quel roman ! Dans Bahari-Bora, ce jeune auteur de la RDC nous entraine dans l'histoire de Bahari-Bora, enlevé à l'âge de 13 ans par des milices pour services d'esclaves sexuels, épouses ou enfant soldats dans le conflit qui marque l'est de la RDV aujourd'hui. Le corps des femmes comme arme de guerre, comme objet de désir pour ces hommes ; au travers de ce portrait de femmes, c'est une page de l'histoire de ce pays meurtri que nous porte Steve Aganze, un hommage à toutes les victimes de la guerre.

République démocratique du Congo Bahari-Bora a 13 ans quand elle est arrachée à son orphelinat avec 46 autres filles par un groupe de rebelles armés. Elle s’enfuira après cinq ans de captivité, cinq ans d’horreur, en laissant derrière elle et les 15 autres filles qui ont survécu, des cadavres de rebelles. Portant en elle le fruit d’un viol, elle arrive dans un hôpital où d’autres enfants, meurtris dans leur chair comme dans leur âme, séjournent également. Le Dr Farid est formel : si elle mène la grossesse à son terme, elle n’y survivra pas. Après une vision traumatisante, elle décide de garder son bébé et de tout faire pour le protéger. Elle fuit l’hôpital et sa route va croiser celle de différents compagnons de fortune. Sa quête : retrouver Maman Mathilde, la femme qui gérait l’orphelinat et nourrissait à son encontre une affection réciproque. J’ignorais tout de ce qui se passait en République démocratique du Congo avant de lire ce roman. Au cours de ma lecture, je suis donc allée consulter les nombreuses références citées par l’auteur. Bahari-Bora a le malheur d’être une enfant et une femme dans un pays où ces deux catégories connaissent les pires horreurs : 1 fille sur 2 a déjà été victime de violence sexuelle ou émotionnelle, 13 % des violences physiques ont lieu pendant la grossesse… Cela fait froid dans le dos. Bahari-Bora est une de ces victimes, mais même si on nourrit pour elle de la compassion, on est surtout subjugué par sa force, sa résilience. Avec le temps, sa peur se transforme en colère. C’est particulièrement flagrant lorsque sa route croise un fantôme du passé… L’épilogue m’a bouleversée… Je remercie Steve Aganze, qui signe là son premier roman, d’éveiller ici les consciences, de dénoncer, et d’honorer ses femmes courageuses, mais bafouées, d’être leur voix. Sa plume, qui sait raconter avec brio la réalité brute, la violence, est aussi empreinte d’une certaine poésie qui permet de mettre du beau dans ce récit souvent très dur. Un livre à découvrir !