Bel-Ami : Le livre de Guy de Maupassant

Numérique

12-21

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Le monde est une mascarade où le succès va de préférence aux crapules. La réussite, les honneurs, les femmes et le pouvoir : le monde n'a guère changé. On rencontre toujours ? moins les moustaches ? dans les salles de rédaction ou ailleurs, de ces jeunes aventuriers de l'arrivisme et du sexe.

Comme Flaubert, mais en riant, Maupassant disait de son personnage, l'odieux Duroy : " Bel-Ami, c'est moi." Et pour le cynisme, la fureur sensuelle, l'athéisme, la peur de la mort, ils se ressemblaient assez. Mais Bel-Ami ne savait pas écrire, et devenait l'amant et le négrier d'une femme talentueuse et brillante. Maupassant, lui, était un immense écrivain. Universel, déjà, mais par son réalisme, ses obsessions et ses névroses, encore vivant aujourd'hui.

De (auteur) : Guy de Maupassant
Préface de : Murielle Szac

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Taum_bienf

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Ok le livre est bien écrit et est une magnifique critique du monde parisien de l’époque, forger par le piston et le séparatisme social, mais sinon le livre c’est enchaînement de scénarios de film pour adulte. Bel-ami est là kim k des anciens temps.

msoubeyrand43

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Qui suis-je donc pour critiquer Maupassant ? kapacontrol a parfaitement résumé mon point de vue sur ce très grand roman (merci à lui). Mais tout de même... Maupassant commence tout doux. On suit avec sympathie le début de l'ascension sociale d'un jeune homme pas excessivement doué (il n'arrive pas à écrire la moindre ligne de son premier article) mais assez fûté pour se le faire faire, pas très courageux pour un ancien militaire (il ne ferme pas l'oeil de la nuit précédant son premier et dernier duel) et ses premiers pas hésitants dans la bonne société (car qui ne s'est pas demandé avec quels couverts on se doit de commencer un repas chic ?). Et progressivement, l'envie (1), la jalousie font de cet homme un cynique (2) dont les conquêtes n'ont pour but que de l'aider à rivaliser avec les corrompus de la société qui l'entoure. En prennent pour leur grade les politiques (3) et les financiers (4) capables de lancer une opération militaire sur le Maroc pour servir leurs intérêts. Maupassant, qui y a voyagé pour un reportage, revient dans ce roman sur la colonisation de l'Algérie, au profit des grands propriétaires, au détriment des petits colons pauvres (5) et pour le malheur des populations locales (6). Ce n'est pas le moindre intérêt du roman de découvrir que personne n'était dupe des bienfaits de la colonisation au XIXème siècle. Les portraits de femmes alternent entre la sensibilité et la cruauté, mais on pardonnera cette dernière à Maupassant qui a payé cher son trop grand attrait pour les femmes. (1) "Et l'envie, l'envie amère, lui tombait dans l'âme goutte à goutte, comme un fiel qui corrompait toutes ses joies, rendait odieuse son existence." (2) "Il se répétait : "Le monde est aux forts. Il faut être fort. Il faut être au-dessus de tout. (...) Chacun pour soi. La victoire est aux audacieux. Tout n'est que de l'égoïsme. L'égoïsme pour l'ambition et la fortune vaut mieux que l'égoïsme pour la femme et pour l'amour."" (3) "C'était un de ces hommes politiques à plusieurs faces, sans conviction, sans grands moyens, sans audace et sans connaissances sérieuses, avocat de province, joli homme de chef-lieu, gardant un équilibre de finaud entre tous les partis extrêmes, sorte de jésuite républicain et de champignon libéral de nature douteuse, comme il en pousse par centaines sur le fumier populaire du suffrage universel. (4) "Il était devenu, en quelques jours, un des maîtres du monde, un de ces financiers omnipotents, plus forts que des rois, qui font courber les têtes, balbutier les bouches et sortir tout ce qu'il y a de bassesse, de lâcheté et d'envie au fond du coeur humain." (5) " Ce qui manque le plus là-bas, c'est la bonne terre. Les propriétés vraiment fertiles coûtent aussi cher qu'en France, et sont achetées, comme placements de fonds par des Parisiens très reiches. Les vrais colons, les pauvres, ceux qui s'exilent faute de pain, sont rejetés dans le désert, où il ne pousse rien, par manque d'eau." (6) "Et il se rappelait ses deux années d'Afrique, la façon dont il rançonnait les Arabes dans les petits postes du Sud. Et un sourire cruel et gai passa sur ses lèvres au souvenir d'une escapade qui avait coûté la vie à trois hommes de la tribu des Ouled-Alane et qui leur avait valu, à ses camarades et à lui, vingt poules, deux moutons et de l'or, et de quoi rire pendant six mois. On n'avait jamais trouvé les coupables, qu'on n'avait guère cherché d'ailleurs, l'Arabe étant un peu considéré comme la proie naturelle du soldat."

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kapacontrol

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Bel-Ami de Guy de Maupassant est un roman d’une modernité saisissante, porté par une écriture limpide, nerveuse, acérée. Tout semble simple, mais rien n’est banal. Sous l’ascension fulgurante de Georges Duroy, jeune homme sans fortune ni scrupules, se joue un théâtre social d’une finesse redoutable. On y voit à l’œuvre le pouvoir du langage, de l’apparence, du charme, et surtout cette ambition nue, cynique, presque tranquille, qui dévore tout sur son passage. Le roman frappe par sa lucidité. Maupassant ne moralise jamais. Il observe. Il montre comment un homme, armé seulement de son physique et de son instinct, parvient à gravir les échelons d’un monde fondé sur l’hypocrisie, les alliances de convenance, les rapports de force voilés. Duroy ne conquiert pas, il s’infiltre. Il ne pense pas grand-chose, il ressent les failles des autres. Il devient ce qu’on attend de lui. Et c’est cette souplesse-là qui fascine autant qu’elle inquiète. Le style est d’une précision implacable. Chaque phrase sonne juste. Chaque scène est tendue, fluide, découpée avec l’élégance d’un scalpel. Maupassant construit un Paris littéraire et politique, à la fois fastueux et décadent, où les salons remplacent les champs de bataille, où les mots tuent plus sûrement que les armes. Les personnages féminins, loin d’être secondaires, sont essentiels à cette mécanique. Madeleine Forestier, Clotilde, Mme Walter#8239;: chacune éclaire un aspect du pouvoir et de la fragilité. Elles ne sont pas dupes, mais elles jouent, elles aussi, leur survie. Bel-Ami n’est pas seulement le portrait d’un arriviste. C’est une fresque sociale, un miroir tendu à une époque, un roman qui interroge, déjà, la fabrication de la réussite, la place de l’image, la porosité entre l’intime et le politique. C’est un texte qui parle d’aujourd’hui sous les habits du XIX#7497;. Et si l’on revient au livre, ce n’est pas seulement pour son intrigue. C’est pour sa justesse, sa force tranquille, sa façon de capter la vanité humaine avec une intelligence lumineuse. Un roman indispensable, vif, cruel, et pourtant étrangement jubilatoire.

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cossonlionel

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Aujourd'hui, mon pote, ressors ton haut-de-forme et ajuste ta redingote, parce que je vais t'embarquer dans Bel-Ami, l'histoire d'un margoulin machiavélique qui a compris avant tout le monde que la morale, c'est pour les poètes et les perdreaux de l'année. Un gars qui a transformé l'échelle sociale en ascenseur, propulsé par le piston des bourgeoises en mal de sensations fortes et des éditos bien sentis. Son blaze ? Georges Duroy. Un beau gosse au regard de braise qui te perd les âmes comme d'autres roulent des mécaniques. Dans ce roman, Maupassant s'amuse à dézinguer la presse, la politique et la finance avec une plume aussi acérée qu'une vie sur le fil du rasoir. La satire est à balles réelles, mon bon, et ça fait pas semblant. Duroy, c'est le mec sans foi ni loi, un bandit de grand chemin mais en gants blancs, qui taille sa route en enjambant les principes et en enjôlant les demi-mondaines et les totalement pétées de thunes pour pouvoir s'asseoir tout au sommet de la haute société parisienne, là où l'air embaume le bifton et la putréfaction des idéaux. Le Duroy, faut le voir à l'oeuvre avec les frangines à perlouzes et à rentes. Ces dames de la haute aux bas instincts, ces belles en corset corsetées par les convenances et le qu'en dira-t-on, cézigue, il ne les séduit pas. Non, non, non ! il les considère comme des actions qu'il faut faire fructifier. C'est un boursicoteur de l'éros, un baron voleur du frisson charnel. Et quelles bergères il rencontre sur son chemin d'arriviste, le prince Duroy ? Y a d'abord Madeleine Forestier, la fine mouche, la stratège, l'écrivaine de l'ombre qui lui souffle ses articles dans le sens du vent et de l'avancement. Ensuite y a Clotilde de Marelle, la maîtresse attitrée, avec son rire de bourgeoise qui s'ennuie et sa cuisse légère comme notre âme. Et puis y a la petite Walter, douce comme une rente viagère, blindée de thunes comme un coffre-fort suisse et dévergondée comme une porte après un assaut du GIGN. Cette gamine, il la cueille, il la hold-up, il la ravit à ses darons et elle aime ça. Le romantisme, c'est pour les rêveurs. Il promet l'amour mais cherche et obtient le retour sur investissement. Et faut lui rendre ce qui lui appartient, à ce sans scrupules de concours : l'arrivisme, chez lui, c'est pas un vice, c'est une vocation. le gars te vendrait de la neige à un pingouin et lui ferait croire que c'est la huitième merveille du monde et la quadrature du cercle arctique. Il sent le vent tourner avant les girouettes. L'opportunisme ? Il le pratique comme un des beaux-arts, brut, sans chichi, sans états d'âme. Il renifle les places vacantes comme un cochon truffier, et il fonce dans le tas, pas avec un bélier, non, mais avec un sourire Colgate et un haut-de-forme. Duroy, c'est le mec qui a compris que la société, c'est pas un bal costumé où faut mériter son invitation : c'est une foire d'empoigne où faut savoir mettre des coups sans tacher son col amidonné. C'est un enfoiré, certes. Mais un enfoiré avec du talent. Et dans le monde de l'élite qui se délite, c'est presque une qualité morale. Avec ce bouquin, notre Maupassant, ce maître-plumitif avec ses charmeuses de compète, ben il rafle la mise. Parce que son Bel-Ami, il l'a écrit au dix-neuvième, mais tu changes les fiacres pour des mercos et les duels pour des tweets assassins, et t'as un portrait craché de la vie publique version 2025. Le pouvoir de l'argent ? Il te montre son cul et ses génitoires en or en HD. La corruption des élites ? Plus d'actualité qu'un débat sur les retraites. Les journaux transformés en machines à manipuler l'opinion pour le compte des puissants ? Ça te rappelle rien ? Duroy, c'est le prototype du mec qui réussit parce qu'il triche mieux que les autres, pas parce qu'il a du coeur ou du cran. Et pendant qu'on s'indigne sur les réseaux, lui, il grimpe les échelons comme un chat de gouttière qui aurait trouvé une cage d'escalier en or. Alors ouais, Bel-Ami, c'est pas juste un classique. C'est un manuel de survie pour cynique niveau expert, une bible pour les ambitieux à cravate fine et à morale extensible. Et Duroy, ce salaud magnifique, ce véreux virevoltant, il nous tend un miroir sur notre humanité de l'ère industrielle. Pas toujours flatteur, mais foutrement juste. Alors, ouvre bien tes châsses, laisse-toi bercer par le phrasé De Maupassant, ce magicien du mot, mi-joailler mi-journaleux, et imagine-toi flânant sur un boulevard haussmannien, canne à la pogne, prêt à en foutre un coup aux importuns et aux morveux qui n'ont toujours pas compris que le monde appartient à ceux qui savent l'entuber avec style.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782266225205
  • Collection ou Série
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Filigrame numérique

L'auteur

Guy de Maupassant

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2,99 € Numérique 302 pages