Islamophobie - Comment les élites françaises fabriquent le "problème musulman" : Le livre de Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed

Poche

La Découverte

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Alors que l'hostilité à l'encontre des musulmans se traduit quotidiennement par des discours stigmatisants, des pratiques discriminatoires et des agressions physiques, Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed font ici œuvre salutaire : ils expliquent comment l'islam a peu à peu été construit comme un " problème " et comment l'islamophobie est devenue l'arme favorite d'un racisme qui ne dit pas son nom.
Faisant le point sur les débats autour du concept d'islamophobie, ce livre offre une description rigoureuse des discours et actes islamophobes, en les inscrivant dans l'histoire longue du racisme colonial et dans leur articulation avec l'antisémitisme. En insistant sur l'importance des stratégies des acteurs, les auteurs décortiquent le processus d'altérisation des " musulmans " qui, expliquant la réalité sociale par le facteur religieux, se diffuse dans les médias et ailleurs. Ils analysent enfin la réception du discours islamophobe par les musulmans et les formes de contestation de l'islamophobie par l'action collective et la mobilisation du droit antidiscrimination.

De (auteur) : Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed

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Les libraires et les médias en parlent

Les sociologues Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed ne s'en cachent pas : leur ouvrage Islamophobie, comment les élites françaises fabriquent le " problème musulman ", est un livre à thèse. La notion d'islamophobie et les actes qui l'accompagnent, sont, selon eux, la conséquence d'un " consensus national " autour de l'idée que l'islam et la présence des musulmans en France " posent problème ". Mais, au-delà de cette démonstration, les auteurs livrent un travail fouillé sur l'état des recherches en France et dans le monde anglo-saxon sur ce phénomène. Ils reviennent sur " l'imperfection " du terme, sa possible " instrumentalisation " et la progressive reconnaissance du phénomène par les élites.|Stéphanie Le Bars
Le Monde week-end
Deux sociologues éclairent la mécanique de l'islamophobie en France.
Les Inrockuptibles
Contrairement à ce qu'affirme par exemple Caroline Fourest, le mot " islamophobie " n'a pas été inventé par les mollah iraniens ! Il est apparu en France au début du 20e siècle, alors qu'en pleine période coloniale, de violents discours antimusulmans s'exprimaient déjà... Pourtant, aujourd'hui encore, beaucoup refusent d'appeler cette forme de racisme par son nom. Ce livre accomplit donc une oeuvre salutaire en analysant, pour la première fois, la fabrication du " problème musulman ".
Axelle
Ce livre propose d'articuler la notion d'islamophobie, la construction du " problème musulman " et la question de la légitimité de la présence de l'immigration postcoloniale sur le territoire national. Avec cette construction originale, appuyée sur des hypothèses fortes et des analyses rigoureuses, il remplit bien son objectif : proposer une définition opératoire pour l'identification et l'analyse de l'islamophobie.|Damien Simonin
Liens socio
Contrairement au monde académique anglophone où les travaux pluridisciplinaires se sont multipliés sur le concept d'islamophobie, en France cette question n'a pas fait l'objet d'études et de recherches de la part des sociologues et des historiens. Le livre d'A. Hajjat et M. Mohammed vient combler cette lacune des sciences sociales françaises, plus centrées sur les pratiques religieuses et l'intégration des descendants de migrants dans la société française.|Mohamed Madoui
Revue française de sociologie

Avis Babelio

seb_ply

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Les médias et les politiques participent pleinement à la stigmatisation des musulmans et cet essai de sociologie de Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat le montre très bien. Les deux auteurs reprennent l'historique de l'apparition du terme "islamophobie" et des enjeux autour de son apparition. Mais surtout, les deux auteurs illustrent comment les élites s'emparent de ce terme, pour décrédibiliser une partie de la population que l'on dit musulmane et surtout en renforçant un stigmate qui les marginalise. Comme lorsqu'il explicite les enjeux derrière un exemple, celui d'une jeune élève et de son voile dans un établissement scolaire. Cela tend l'ensemble de l'équipe, mais chacun ne souhaite pas laisser passer l'évènement et la jeune finira par changer d'établissement. Les auteurs expliquent comment le racisme s'articule avec une forme d'islamophobie et comment les autorités désignent un "problème musulman" à travers leurs discours et leurs pratiques. Ils proposent des pistes de réflexion pour sortir de ces regards et de ces actions stigmatisantes. Le livre est éclairant d'ailleurs sur les enjeux en France et permet de faire un état des lieux des recherches sur ces questions. Un livre important qui éclaire et donne à réfléchir sur ces questions qui tendent régulièrement les politiques et plus largement des espaces médiatiques qui ne permettent plus des débats de fond. Pour poursuivre les réflexions de Marwan Mohammed n’hésitez pas à découvrir son dernier livre plus récent, "Y a embrouille", passionnant sur les enjeux des violences chez jeunes.

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Apoapo

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Islamophobie : concept dénié alors que les discours stigmatisants, les pratiques discriminatoires, une législation d'exception, et même les agressions physiques et les profanations de lieux de culte et de sépulture se multiplient contre les musulmans de France, évoquant le spectre historique de l'antisémitisme. Cui prodest ? À qui profite le crime ? La thèse de cet essai sociologique de grande qualité et de remarquable envergure, c'est que la fabrication d'un « problème musulman » est le fait des élites françaises, politiques et médiatiques, à des fins électoralistes de diversion par rapport aux sujets économiques esquivés. Le matériau auquel fait appel cette forme légitimée de racisme est comme toujours d'origine coloniale, ensuite constitue une diversion des problématiques sociales. L'efficacité de l'occultation de l'islamophobie repose à la fois sur la nature transpartisane de l'appel des islamophobes aux valeurs de la laïcité, d'un certain anticléricalisme historique français, d'une partie du féminisme, voire de la peur légitime de l'islamisme politique venant de contextes étrangers, d'une part, et sur sa méthode de développement « par capillarité » d'un espace social à l'autre : de l'école publique aux banlieues, des rayons halal des supermarchés aux services publics – pour la célébration d'un mariage ou la réception d'un titre de séjour ou d'un décret de naturalisation pour les étrangers... Une telle occultation qui s'étend jusqu'à le recherche universitaire provoque une certaine difficulté à définir le phénomène, alors que son étendue est vaste sur le plan empirique, et une mauvaise volonté à le chiffrer, alors même que son traitement judiciaire est très insatisfaisant, devant les assauts convergents et de plus en plus inquiétants du législatif et de l'exécutif. Il semblerait que la tendance du « vivre-ensemble » passe par l'impératif d'invisibilisation des signes identitaires ou religieux musulmans, contrairement aux autres cultes. Pour y faire face, le savant se doit d'abord de se pencher sur les racines historiques du concept d'islamophobie, et particulièrement sur ses analogies avec les autres formes de racisme ainsi qu'avec l'antisémitisme. Mais lorsque la production du savoir scientifique est mise en regard avec les sources journalistiques et politiciennes des méconnaissances de l'islam, en particulier compte tenu de la rareté des enquêtes sur les modalités réelles et concrètes des pratiques religieuses des musulmans de France corrélées avec l'ensemble des variables sociologiques (génération, classe sociale, genre, etc.), il apparaît la rareté des savants devant l'abondance des experts ès néo-orientalisme. Par conséquent, l'islamophobie se constitue en véritable « cause », la discrimination devient un régime juridique d'exception, et se forme, par le récit mythique d'un « complot islamiste », toute une « archive antimusulmane » à l'échelle nationale et européenne. La tension entre le déni de l'islamophobie et la lutte pour sa reconnaissance se décline en une série d'institutions, de comités et commissions, de mouvements, d'associations et de collectifs, dont les positions de certains évoluent au fil des années, notamment autour de la grande question de l'interdiction du hijab. Si la reconnaissance nationale de l'islamophobie ne montre pas une direction univoque, surtout sur le plan juridictionnel, elle s'avère plus concluante au sein des organisations internationales engagées dans la défense des droits humains telles l'ONU, l'OSCE, l'Union européenne à travers l'Agence des droits fondamentaux. La conclusion de l'ouvrage est un plaidoyer « Contre l'unanimisme islamophobe », passant surtout par une exhortation à « sortir de l'essentialisme » (cf. cit. 9).

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peanutskill

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 11 mois

c’est vraiment une excellente enquête sociologique!! abdellali hajjat et marwan mohammed explorent tout un tas d’aspects de l’islamophobie, en traversant l’histoire de ce phénomène, le travail est colossal, fin et particulièrement bien mené! je peux que vous le recommander, vous allez forcément apprendre quelque chose!!!

frandj

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 ans

Je ne suis pas du tout féru de sociologie. Pourtant j'ai été motivé pour découvrir ce travail de Abdellali Hajjat et de Marwan Mohammed. Il aborde un sujet très délicat, voire polémique, qui a un effet de division au sein de la nation. Si l'on excepte les affirmations outrancières, on constate qu'on ne sait presque rien de sérieux sur ce sujet. Un certain nombre de faits nous échappent par manque d'informations ou par un "effet d'angle mort" subi passivement. Entre autres entorses au sacro-sainte principe de la laïcité, le statut spécial de la région Alsace-Lorraine est un "blind spot" ignoré par la plupart des Français. J'ai d'abord envisagé de faire une synthèse sur ce livre. Mais – une fois n'est pas coutume – j'ai d'abord lu un autre commentaire, celui qui est signé « de », qui résume tout d'une manière fidèle et exhaustive. Je ne vais donc pas revenir là-dessus. Je vais donner un point de vue personnel qui n'engage que moi - un citoyen français comme les autres. D'abord, le terme d'islamophobie est manifestement mal choisi. le rejet des « Musulmans » est multifactoriel. Il se trouve que ces personnes habitant en France se distinguent des "Français de souche" (comme on dit) non seulement par leur religion, mais aussi par leur "faciès", leur condition économique, leur culture et éventuellement leur langue. Il est difficile de séparer ces éléments; c'est l'ensemble qui les distingue et peut susciter l'opposition. Je tiens à souligner ici que les auteurs ont, par avance, voulu répondre à cette critique. Mais je n'ai pas été complètement convaincu par leur argumentation. A mes yeux, c'est l'altérité (en général) de ces personnes qui provoque les réactions racistes et xénophobes. le réflexe primaire est « Nous sommes chez nous, donc nous avons le droit d'imposer la norme »: un réflexe de rapport de forces. de ce point de vue, les wahhabites qui ont pris le contrôle de l'Arabie Saoudite ne font pas autre chose: dans ce pays il n'y a de liberté de culte et de comportement ni pour le sujets du roi, ni pour les étrangers. (Ceci, naturellement, ne constitue pas une justification des comportements dénoncés par les auteurs du livre) Si maintenant on se focalise uniquement sur la religion, l'islam lui-même ne me semble pas la cause principale du rejet qui est observé ici. A mon avis, c'est essentiellement la VISIBILITE de la religion musulmane qui pose problème à certains. Si elle se cantonnait à l'intérieur de la sphère privée, elle paraitrait sans doute moins irritante et moins dangereuse aux yeux des « islamophobes ». Or, l'Islam n'a pas vraiment séparé la part privée et la part publique de l'engagement religieux. Il se trouve que, au contraire, le christianisme fait (actuellement) cette distinction; mais elle ne la faisait pas au Moyen-Age, il faut le noter. Ainsi, je souscris à un point de vue souvent mis en avant par d'autres que moi: l'Islam aurait intérêt à faire le plus tôt possible son aggiornamento – sans se renier pour autant. Est-ce trop demander ?

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Sciences Humaines & Savoirs , Sciences Humaines & Sociales
  • EAN
    9782348075766
  • Collection ou Série
    La Découverte Poche / Essais
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    392
  • Dimensions
    192 x 127 mm

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14,50 € Poche 392 pages