La croissance verte contre la nature - Critique de l'écologie marchande : Le livre de Hélène Tordjman

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La Découverte

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Fabriquer des micro-organismes n'ayant jamais existé pour leur faire produire du plastique ou absorber des marées noires ; donner un prix à la pollinisation, à la beauté d'un paysage ou à la séquestration du carbone par les forêts ; transformer l'information génétique des êtres vivants en ressources productives et marchandes... Telles sont quelques-unes des " solutions " envisagées aujourd'hui pour répondre à la crise climatique, au déclin de la biodiversité et à la dégradation de la biosphère. Sont-elles vraiment en mesure de préserver la planète ?
En disséquant les ressorts idéologiques, techniques et économiques de la " croissance verte ", Hélène Tordjman montre que ses promoteurs s'attachent plutôt à sauvegarder le modèle industriel qui est la cause de la catastrophe en cours. Alors que de nouvelles générations de carburants " biosourcés " intensifient une logique extractiviste et que l'élargissement de la propriété intellectuelle à toutes les sphères du vivant permet à quelques firmes de s'approprier l'ensemble de la chaîne alimentaire, l'attribution de prix aux " services écosystémiques ", le développement de dispositifs de compensation écologique ou les illusions d'une finance prétendument verte stimulent un processus aveugle de marchandisation de la nature.
Refuser cette fuite en avant est le premier pas à engager pour tracer enfin une autre voie.
Prix Jacques Ellul 2022.

De (auteur) : Hélène Tordjman

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Expérience de lecture

Avis des libraires

L'économiste Hélène Tordjman montre comment, sous couvert de " transition écologique ", le capitalisme financiarisé poursuit sa destruction de la planète. [...] Avec beaucoup de didactisme malgré la complexité du sujet, [elle] montre comment, sous couvert de " transition écologique et numérique ", de " progrès " ou encore de " croissance verte ", les grandes institutions internationales, les États et les multinationales ne font in fine qu'aggraver la crise écologique qu'ils et elles, main sur le coeur, assurent vouloir stopper... après en avoir été à l'origine. [...] Il est ainsi question de la fabrication de nouveaux organismes destinés à produire de l'essence ou du plastique, de " big data ", de nanotechnologies ou encore de la privatisation d'informations génétiques, transformées en ressources destinées à un échange marchand. En bref, d'une monétisation et d'une " financiarisation de la nature " [...]. Elle consacre ainsi des pages passionnantes et sans manichéisme à l'autoaccroissement et à l'autonomie de la technique moderne. " Les nouvelles techniques vont à leur tour créer de nouveaux problèmes, qui nécessiteront l'invention de nouveaux moyens, et cela dans un processus sans fin. "|Amélie Quentel
Reporterre
Dans la tradition des penseurs techno-critiques, Hélène Tordjman se livre à une critique serrée des discours solutionnistes et technicistes face au réchauffement climatique. |Rémi Noyon
L'Obs
Les grands dirigeants seraient-ils devenus écolos ? Évidemment, non. Mais encore faut-il l'étayer, et c'est la réussite de ce livre méticuleux. Hélène Tordjman démolit les soi-disant " solutions " pour répondre à l'urgence écologique. [...] Ce " capitalisme vert " fonctionne sur le fantasme, au cœur du pacte vert européen, d'un découplage entre croissance économique et utilisation des ressources.|Youness Bousenna
Socialter
Dans "La Croissance verte contre la nature", l'économiste Hélène Tordjman montre clairement comment l'écologie marchande sert le marché mais pas l'écologie.|Jean-Luc Porquet
Le Canard enchaîné

Avis Babelio

Enroute

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Multiplication d'informations glanées ici et là et rapportées en désordre au prétexte d'informer (mais qui ?) et de prôner une action (laquelle ?) pour retrouver le sens (mais lequel ?). Est-ce le rôle de l'université que d'"informer", de "sensibiliser" ? de prôner une action publique ? S'agit-il de brouiller le sens ou de l'établir ? À quel titre écrit-on et pour quoi faire ? On peut reprocher la mise à plat de tout ; il est sans doute aisé de faire des livres épais jusqu'à la lune en listant toutes les aberrations et les absurdités humaines. On peut aussi se demander comment il se fait qu'une professeure en économie (pardon d'une MDCHDR) n'ait pas seulement la spontanéité de rapporter le fonctionnement d'un système économique à des capacités décisionnelles (institutions), lorsqu'il est question de se plaindre d'une absence de régulation. C'est pourtant ce qui se passe : un livre écrit pour l'univers. Ce maelström d'informations anxiogènes en main, le lecteur se retrouve face au monde, à l'humanité, au vivant. Il faut agir, vite. Allez, faites. On peut se demander si ce genre de réalisations n'a pas pour visée première d'habituer à l'absurde, à l'impuissance, à évacuer la pression qui se présente à la perspective de ces horreurs, à faire accepter que "de toute façon, on n'y peut rien". Si tel était le cas, on comprendrait l'écart magistral entre la précision et l'exhaustivité des programmes rapportés d'une part et l'absence totale de leur mise en relation avec des instances décisionnelles (ville, région, État, Ue, ONU...). Dans une autre hypothèse, on se dirait qu'il s'agit d'un travail préparatoire à la formation d'un parti politique qui prendrait forme dans un second livre, lequel catégoriserait toutes ces horreurs selon l'échelle décisionnelle à laquelle ils sont à prendre en charge. Dans une troisième hypothèse, on pourrait voir dans ce livre le désarroi d'une population qui est en effet soumise à ce type d'actions privées incontrôlables, les dernières marques de conscience de personnes qui ont vu les choses venir mais n'ont pu les empêcher de survenir. Ces mêmes populations seraient même déjà sous emprise : elles ne se rendent pas compte qu'elles raisonnent seules. Plus de tickets et de factures : on ne sait plus ce qu'on achète. Ami, like et commentaires en ligne : on ne sait plus qui on connaît. Télétravail indépendant : on ne sait plus pourquoi on travaille. Paiements en ligne et spéculations numériques : on ne sait plus qui nous paie. Gavés de livres, d'aliments et de soins, c'est la fin de la douleur, de la famine et de l'ennui. De quoi se plaindre ? Arrivés en fin de vie, avant d'être abattu, le bétail se plaint-il ? Le revenu universel serait-il autre chose qu'une ration quotidienne ? Après tout, c'est quoi la vie - à quoi ça sert et comment s'en servir ? La sélection se ferait sur la capacité à s'offusquer et à savoir s'organiser. Qui s'endort a perdu. Qui s'isole a perdu ? Mais qui va décider, et quoi ? Entre connaissances universitaires, communication stratégique et action publique, les distinctions s'effacent. Restent des références, une liste d'information, un bréviaire.

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Dextreit91

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Hélène Tordjman est une économiste engagée pour la décroissance et une agriculture au service du vivant, elle a publié en 2021 cet ouvrage qui dénonce l'impasse de l'industrialisation de l'agriculture et plus globalement fait la critique de l'écologie marchande. Elle met en exergue le poids exorbitant des big four de l'agrochimie, monsanto-Bayer, DuPont-Dow, BASF et Syngenta-ChemChina et leur nocivité sur le vivant. Elle fustige les politiques environnementales européennes et mondiales avec le mirage de l'atteinte de la neutralité carbone via des nouvelles technologies qui diminueraient les niveaux actuels et futurs d'émission de gaz à effet de serre. L'ouvrage, sur 350 pages, dénoncent en reprenant le contenu des rapports publiés par les diverses instances gouvernementales du monde, les solutions mises en oeuvre depuis une vingtaine d'année : les NBIC (transhumanisme), les agrocarburants, les BECCS (bioénergie et captage de carbone), la privatisation des semences (catalogage, brevets) , la modification des génomes des végétaux, les collusions des Etats et des grands industriels pour les Conventions sur la Diversité Biologiques (CDB) via le projet TEEB les marchés de carbone et les mécanismes de compensation carbone (REDD+), la croissance verte, le green new deal, la finance verte... Sur tous ces sujets elle porte un regard lucide et effaré. "L'agriculture paysanne produit 70 à 75% de la nourriture consommée mondialement sur un quart des terres cultivées, alors que l'agriculture industrielle en produit de 25 à 30% sur trois quarts des terres cultivées. . de plus , parmi ces 25-30% de production industrielle, 44% vont à la nourriture animale, 23% sont perdus (dans le transport, le stockage, ou finissant dans les poubelles des consommateurs), 9% sont dédiés aux agrocarburants; seulement 24% vont directement dans les assiettes des gens, c'est-à-dire 6-7% de la nourriture mondialement produits(source ETC group, Who Will feed us?, 2017). Elle finit avec une conclusion pour prôner qu'une autre politique est possible avec la promotion de l'agroécologie à l'échelle mésoéconomique avec un modèle plutôt autogestionnaire. La postface de 2024 ne fait que confirmer ce qu'elle énonçait en 2021, les politiques mises en oeuvre au niveau mondial ne font qu'empirer la situation. Deux citations pour illustrer les propos de cet ouvrage : "C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas ". Victor Hugo Carnets 1870 "L'espérance est (...) une détermination héroïque de l'âme. La plus haute forme de l'espérance, c'est le désespoir surmonté". Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire? 1953

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Fiche technique du livre

L'auteur

Hélène Tordjman

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14,50 € Grand format 416 pages