La Harpiste des Terres rouges : Le livre de Aurélie Wellenstein

Si vous êtes sensible aux violences, viols, tortures, et tout ce qui concerne les démembrements humains en tout genre, passez votre chemin. Ce livre est malaisant. Rien que le prologue est dérangeant et vous mettra dans le thème. Abraham est un pauvre bleu qui tombe sur un gang, et quel gang ! On se surprend à les trouver attachants malgré leurs difformités. Peut-être même que celles-ci, témoins de leur histoire les rendent plus attachants. La fin de l'intrigue ressemble à un trip psychédélique et je trouve la fin pure un peu bâclée. Je ne regrette cependant pas ma lecture.

Comme toujours avec Aurélie Wellenstein, ce roman explore les relations entre humanité et animalité et cherche à bousculer nos certitudes! L'ambiance western et la critique de cette époque m'a également totalement convaincue, et je me suis laissée embarquée avec plaisir sans cette folle épopée menée par des personnages aux histoires torturées. Je regrette juste quelques longueurs par moments, qui n'ont cependant pas entachées mon plaisir à découvrir ce récit.

Symphonie est un état de magie terrible où il se dit que l'on peut faire fortune. Mais pour un survivre il y a des conditions ; il faut être greffé. Il faut aussi pouvoir échapper à l'attraction terrible de la Harpiste car si elle vous "attrape" dans sa mélodie... mourir sera votre seule option enviable. C'est ici qu'est retenu Jarod. C'est ici que doit se rendre Abraham pour libérer son frère. Le hic ? il est non greffé mais malgré tout il se rend à la frontière en espérant rencontrer des personnes qui pourraient l'aider à aller en Symphonie. Qui pourra le conseiller ? Des mercenaires. Quel en sera le prix ? Suivez Abraham dans cette course terrible, traversez ces terres rouges où toute forme de musique est à fuir, un bruit d'eau, un chant d'oiseau, le son du vent. La Harpiste les regarde et va jouer. Pour moi quatrième livre de Aurélie Wellenstein. Toujours surprenante, un récit détaillé, une fin qui surprend. Bref une chouette lecture.

Je suis assez surprise de ce que je viens de lire. Très agréablement, je dois dire. Le roman d’Aurélie Wellenstein est un western, dans un monde fantasy, mais un western quand même, et moi je n’en lis pas souvent… Voir jamais, parce que je ne supporte pas la violence des colons. Pour être franche, si ça n’avait pas été de la fantasy, je ne l’aurais pas lu. Donc, ce roman, c’est la conquête de l’Ouest. Pour l’instant encore sauvage, pas encore complètement colonisé, mais les pistoleros y font des raids pour tuer des monstres, parce qu’ils se sont rendu compte que si l’on se greffe un organe d’une créature des terres rouges, on obtient un pouvoir -assez hasardeux, parfois mortel pour son porteur. Et aux confins de ces terres, vit la plus redoutable de toutes les créatures : la Harpiste, qui règne sur Symphonie grâce à sa musique envoutante. De nombreux explorateurs finissent dans son Opéra, complètement ensorcelés, jusqu’à ce que mort s’en suive. C’est ce qui est arrivé au frère d’Abraham. Ce dernier décide de partir à sa recherche, même si cela signifie s’enfoncer dans les terres rouges… On retrouve des incontournables du western : des as de la gâchette, des prostituées, des mustangs, des étendues arides, des saloons, des criminels, de l’esclavage… Bref, jusque-là, on n’est pas tant perdus. L’aspect fantasy du roman sert aussi certainement à dénoncer la violence des colons. Mais Aurélie Wellenstein ajoute à ce petit monde plutôt classique des monstres, des greffes un peu crados, et une méchante à tête de harpe. Et du coup, j’ai été complètement happée par l’histoire. J’en ai oublié que je ne supportais plus de lire la misogynie et le racisme -pour ce roman-là en tout cas ! L’autrice crée une galerie surprenante de personnages, avec des greffes extraordinaires, et surtout d’incroyables histoires liées à leur obtention. Les héros sont laids, à cause de leur greffe ou parce que la vie ne leur a pas fait de cadeau (la vie pour ne pas dire les autres humains). Il apparaît finalement assez vite que les antagonistes ne sont pas forcément ceux auxquels on pense, ou en tout cas que rien n’est si simple… Et qu’Aurélie Wellenstein est diablement douée pour imaginer puis conter la légende de chacun. Quelle authenticité et quelle sensibilité ! Aucun personnage n’est laissé de côté, tous sont fascinants. Et si la première moitié du roman suit un chemin assez courant, la suite a commencé à devenir de plus en plus inattendue… Jusqu’au dénouement, lui aussi imprévisible. J’ai donc été bien promenée par ce livre, et le sentiment d’horreur que j’ai pu avoir dans certains chapitres a été clairement contre-balancé par mon envie de savoir où l’autrice voulait nous emmener. C’est un roman que je conseille fortement, pour les lecteurs de fantasy mais aussi les lecteurs de western, par contre il faut vous accrocher si vous êtes sensibles aux descriptions de violences et aux injustices…