La Maison noire : Le livre de Yûsuke Kishi

C’est le deuxième roman que je lis de cet auteur, et une chose est sûre : il maîtrise parfaitement l’art de tenir son lecteur en haleine. J’ai remarqué plusieurs similitudes entre les deux ouvrages, notamment dans le développement des personnages. Les tueurs, dans les deux cas, semblent totalement dépourvus d’empathie. Contrairement à La Leçon du mal, ce récit ne nous place pas dans la tête du tueur, mais du point de vue d’un personnage qu’il prend pour cible — ce qui offre une dynamique différente, tout aussi prenante. J’ai été captivée du début à la fin, avec quelques rebondissements qui m’ont réellement surprise. J’ai trouvé l’introduction un peu longue, notamment les passages explicatifs sur les assurances, mais elle m’a semblé nécessaire pour bien saisir les enjeux de l’histoire. En tant qu’étudiante en psychologie, j’ai particulièrement apprécié les longs dialogues autour de la psychologie criminelle, des théories, et des débats qu’ils soulèvent. Ce sont des passages riches qui apportent une vraie profondeur au récit. Certes, les romans de cet auteur peuvent parfois manquer de réalisme, mais cela ne nuit pas à mon plaisir de lecture. Cela reste une expérience immersive et agréable. Et puis, le fait que l’intrigue se déroule à Kyoto m’a d’autant plus plongée dans l’histoire — j’ai un vrai attachement à ce cadre japonais.

[masquer]après avoir lu et kiffé la leçon du mal, j’étais super contente quand j’ai vu la maison noire en vente forcément, on parle de littérature japonaise donc c’est plutôt lent au début, mais cette lenteur nous permet finalement de mieux nous identifier au personnage et de mieux ressentir sa peur et sa paranoïa. croyez moi qu’au moment du spam au téléphone j’avais PEUR dans mon lit premier degrés. c’est un très bon thriller/horror et je vous le recommande vivement!! + plutôt rapide à lire et si vous l’avez déjà lu, foncez lire la leçon du mal qui est plus long et encore mieux :)[/masquer]

(Spoilers possibles) Wakatsuki est un jeune cadre d’une compagnie d’assurances et vit depuis un peu plus d’un an à Kyoto. Il sort avec la jeune Megumi, chercheuse en psychologie dans la même ville, qu’il a rencontrée étudiant. Un jour un client, M. Komoda, lui demande de venir à son domicile, une maison noire à l’odeur pestilentielle, et c’est Wakatsuki qui découvre le corps sans vie de son enfant, pendu. La coïncidence est trop grande, et la compagnie attend que l’enquête de police confirme le suicider avant de verser l’assurance-vie pour laquelle les parents cotisaient depuis peu. Mais Komoda revient tous les jours au guichet réclamer le versement de la somme. La police ne semblant pas faire d’efforts, Wakatsuki va faire son enquête, se mettant à dos le couple… Le premier tiers du roman est franchement assez ennuyeux, l’auteur utilisant à dessein tous les termes propres au monde de l’assurance, et les journées du personnage principal semblent toutes se ressembler. Seul son passé, endeuillé, et sa vie de couple en pointillés ont un peu de relief. Et puis c’est la rencontre avec les Komoda et tout bascule avec beaucoup de réalisme. Un très bon roman noir en conclusion.

Suite au succès de La Leçon du Mal, les éditions Belfond (pour la version broché) et 10/18 (pour celle de poche) éditent un autre roman de Yusuke Kishi qui lui est antérieur, La Maison Noire. Kishi n’est déjà plus salarié de Asashi Life Insurance lorsqu’il écrit ce deuxième roman. Puisant dans son parcours personnel la matière de sa fiction, il fait de son personnage principal, Shinji Wakatsuki, un jeune agent d’assurance dont la tâche consiste à traquer les irrégularités dans les déclarations des contractants. Un jour, il est appelé au domicile des Komoda afin de régulariser leur situation. Là-bas, dans cette maison miteuse, il découvre avec effroi le corps inanimé de leur fils, pendu au bout d’une corde. Alors que les circonstances de ce décès indique un suicide, Wakatsuki suspecte une macabre mise en scène du beau père pour percevoir l’argent de l’assurance vie du petit garçon. Un soupçon qui se transforme en obsession chez l’agent d’assurance alors confronté aux multiples ajournements du dossier et aux relances quotidiennes du beau père. La narration de Yusuke Kishi se montre quant à elle à l’avenant de cette lenteur administrative, ménageant ses effets dont il retarde leur arrivée en tirant parfois trop à la ligne lorsque ses personnages se répandent en didactiques tirades sur la psychologie criminelle. Si La Maison Noire porte donc les marques d’une œuvre de jeunesse (la tournure des fins de chapitre, encore très scolaire), le plaisir de lecture est présent et la patience du lecteur récompensé par un double final extrêmement tendu et violent.