La meute : Le livre de Olivier Bal

Olivier Bal s'essaye au thriller politique. Le début n'annonçait rien de bien novateur (Un vieux flic désabusé, une jeune policière trop investie...), des caricatures vues/lues tant de fois qui sentent le roussi. Mais au fil de ces 470 pages, le récit s'étoffe autour d'une galerie de personnages différents. De hauts dignitaires tués, des immigrés disparus, les histoires se chevauchent , le passé s'éclaire pour mieux analyser la psychologie de nos protagonistes. L'action est maîtresse, le sens du suspense efficace. La tension, permanente, dévoile l'infiltration de la jeune flic dans un groupuscule sd'extrême-droite pour découvrir leurs objectifs. Le fil conducteur s'avère malin, Olivier Bal joue de l'actualité politique pour écrire un récit glaçant, sans temps mort et aux portées morales/sociales élevées. Les différentes temporalités se mêlent, s'expliquent les unes avec les autres. Les chapitres montrant des combats à l'épée souffrent d'un grand désintérêt même s'ils expliquent la volonté de violence de certains protagonistes. Avec son écriture visuelle, Olivier Bal offre un thriller sauvage, anti-extrême-droite, culotté addictif.

Mon Avis : Je n'étais pas à l'aise en commençant ce roman car de même auteur L'affaire Clara Miller avait été un flop. Je l'ai donc commencé avec beaucoup d'appréhension, mais globalement ça a été une agréable surprise. J'ai beaucoup aimé. Cela m'a fait penser (sur certains points) à Du Feu de l'Enfer de Cédric Sire, qui a ma préférence, même si celui-ci m'a beaucoup plu. Et note positive, cela se passe dans mon département : Lille, ville où je suis née et Vieux-Berquin, village à côté duquel j'ai vécu. C'est une histoire très brute, pleine de violence car oui la violence est extrême. J'ai beaucoup aimé, vraiment. Une fois commencé, difficile de le lâcher. Je vous le recommande, si l'hémoglobine ne vous effraie pas.

J’avais envie d’aimer La Meute, vraiment. L’idée de départ avait de quoi intriguer, et connaissant Olivier Bal, je m’attendais à retrouver ce style vif et tranchant qui m’avait tant plu dans L’Affaire Clara Miller. Mais cette fois, la magie n’a pas opéré. Le roman traîne en longueur. J’ai eu le sentiment que l’histoire mettait un temps fou à se mettre en place, et quand enfin quelque chose décolle, c’est pour retomber assez vite. Il y a bien quelques fulgurances, des passages où on entrevoit le potentiel de l’auteur, mais globalement, j’ai trouvé le tout bien trop étiré pour ce que ça raconte. Le style aussi m’a dérouté. Plus lent, plus descriptif, moins percutant… Peut-être une volonté de changer de ton, de prendre un virage plus contemplatif, mais pour moi, ça ne fonctionne pas. J’ai tourné les pages sans réel enthousiasme, espérant retrouver ce mordant que j’aimais chez lui. En vain. Une lecture qui ne m’a pas convaincu, malgré une idée de base prometteuse. Je reste attaché au souvenir de ses précédents romans, mais celui-ci ne me laissera pas un grand souvenir.

Plonger dans La Meute d’Olivier Bal, c’est comme entrer dans un labyrinthe oppressant où chaque couloir semble plus sombre que le précédent. Dès les premières pages, j’ai senti une tension palpable, un souffle glacial qui ne m’a pas quittée. L’auteur nous entraîne aux côtés de Sofia Giordano, de la sous-direction antiterroriste, et de Gabriel Geller, un lieutenant brisé par le deuil. Deux âmes cabossées qui se débattent avec leurs propres démons tout en cherchant la vérité derrière une série de meurtres glaçants. Au cœur de cette intrigue, il y a La Meute, une société secrète d’extrême droite, repliée dans les murs inquiétants du château de Noirval, et dirigée par la famille Mirval. Une famille où chaque membre incarne une part d’ombre, un fragment d’un puzzle terrifiant. Leurs secrets suintent des pages, et j’ai ressenti ce frisson d’effroi propre aux meilleures histoires où le mal n’est jamais loin. Mais ce qui m’a réellement marquée dans ce roman, ce sont les personnages. Sofia et Gabriel ne sont pas de simples enquêteurs ; ils sont profondément humains, blessés, tiraillés. À travers eux, Olivier Bal interroge nos choix, nos renoncements, nos silences coupables. C’est ce qui donne à ce thriller une profondeur inattendue. Au-delà de l’intrigue haletante, c’est une plongée dans les failles humaines, un miroir tendu qui m’a parfois renvoyé mes propres doutes. La force de l’écriture de Bal m’a happée. Des phrases courtes, une narration au rythme effréné, chaque chapitre est une décharge d’adrénaline. Pourtant, sous cette urgence, il y a une réflexion plus vaste. En abordant des thèmes comme l’immigration, les dérives identitaires et la manipulation idéologique, l’auteur nous force à regarder en face les déchirures de notre société. La Meute n’est pas juste un thriller. C’est une immersion dans les ténèbres de l’âme humaine, une question lancinante qui m’a accompagnée bien après la dernière page : Quel loup choisit-on de nourrir en nous ? Une lecture qui secoue, qui dérange, et qui, surtout, ne laisse pas indifférent.