Le jour où mon père a disparu : Le livre de Benoît Séverac

Il me semble que c'est la première fois que je lis un roman de Benoît Séverac, auteur pourtant connu et reconnu. J'ai trouvé ce roman dans ma petite bibliothèque communale dans la "valise secrets de famille". J'aime bien les histoire sur ce sujet, alors je me suis laissée tenter. Etienne est le narrateur. Il a quinze ans, c'est le début des grandes vacances avant l'entrée au lycée. Il rêve de s'échapper loin de son village, loin des regards des habitants sur sa famille. Sans qu'il ne sache pourquoi, tout le monde les rejette, ses parents et lui. Une sombre histoire presque dix ans plus tôt, sur fonds de militantisme au FLO - front de libération occitan - mais Etienne n'en sait pas plus. Pourtant, tout va se précipiter quand son père disparaît. Il comprend rapidement que cela à un rapport avec ce qui s'est passé au sein du FLO, quand ses parents y étaient militants. S'ensuit une recherche de vérité pour Etienne : interroger tout ceux qui pourraient savoir quelque chose. Insister, désobéir, afin de connaître la vérité. Savoir ce qui s'est passé, quel est ce secret que tout le monde lui cache, et finalement, se trouver. Car comment se construire quand on est un adolescent et qu'on sait qu'un secret plane sur sa famille ? J'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai lu d'une traite. L'ambiance est vraiment bien décrite, on se croirait avec Etienne dans les montagnes d'Occitanie. Le village de viticulteurs est typique, et n'importe qui qui vient d'un village de viticulteurs (comme moi) peut s'y reconnaître. Il y a une part belle faite à l'amitié, avec Yannis le meilleur ami d'Etienne qui vit à Bayonne, mais également à l'amour, en fin de roman. La famille est au cœur du récit avec les parents d'Etienne, mais également sa famille plus éloignée, grands-parents, oncle, cousins, qui sont au centre de l'histoire. Les liens du sang sont questionnés. Qu'est-ce qui fait une famille ? est finalement la question centrale. Un roman plein de suspens, d'action et de réflexion qui j'ai pris plaisir à lire !

Depuis longtemps, Etienne et ses parents sont mis à l'écart. Etienne n'a aucun ami au village, il ne peut pas participer aux fêtes, faire partie d'une bande de jeunes de son âge… Il ne connaît pas vraiment les raisons de cette mise à l'écart, même s'il devine que ça a un rapport avec l'implication de ses parents dans le Front de Libération Occitan. le jour où son père disparaît, Etienne n'a pas le choix : il doit connaître les véritables raisons de la mise à l'écart de sa famille… Avec ce roman, Séverac questionne la notion d'identité : qu'est-ce qu'être étranger à un territoire ? Peut-on se considérer de quelque part sans y être né ? A travers la famille d'Etienne, l'auteur évoque les mouvements indépendantistes. Un roman prenant, de l’action, de l’émotion, et une réflexion sur le point de bascule entre militantisme et radicalité. .

Comme toujours l'auteur nous propose des sujets sérieux et complexes. Notre héros se trouve à gérer beaucoup de secrets, de passif, de révélation qui ne sont pas faciles à digérer ! Il y a du suspense et l'écriture est toujours rythmé, le récit haletant. J'ai un peu moins accroché à la dernière partie sur Bayonne, même si ça a permis au personnage de grandir et accepter.

Ce roman se déroule dans la région Occitanie, dans laquelle je vis depuis douze ans maintenant, et j’ai beaucoup aimé apprendre quelques pans de son histoire, en lien avec les Cathares et le Front de libération de l’Occitanie. L’histoire fictive de la famille Tonon, impactée par les actes de rébellion des siens m’a captivée. « J'avais fini par me faire une raison, et par renoncer à l'idée de demander des explications à mes parents : que s'était- il réellement passé au sein de ma famille ? Pourquoi mes parents et moi étions- nous des parias dans le village ? » Etienne, quinze ans, et sa famille sont rejetés par les habitants de Saint- Couat, dans l’Aude. Pourquoi ? L’adolescent n’a que des suppositions pour répondre à ses doutes, mais sa solitude le pèse… « Dans l'Aude, on est très fiers de ce passé, de nos origines. Moi- même, je me sens dépositaire de cet héritage, mais il est parfois lourd à porter ; parce qu'être occitaniste ne reflète pas une réalité uniforme. Ce n'est pas quelque chose de bien défini. Les occitanistes appartiennent à des milieux, des courants différents, ils ne sont pas d'accord sur tout. » Le père et l’oncle d’Etienne ont appartenu au Front de Libération de l’Occitanie, mais l’attentat que le groupe a perpétré quelques années a semé la division dans la famille : si l’oncle a été emprisonné, le père a été accusé de délation. Qui dit vrai ? « J'aurais préféré que rien n'arrive, quitte à rester dans l'ignorance. Cela aurait été plus confortable. » Il suffit qu’un membre du F.L.O s’évade de prison pour que les deux frères Tonon reprennent contact. Mais cela va être l’occasion pour Etienne de découvrir des secrets bien dissimulés. Et difficile à accepter. Au final, j’ai été captivée par ce roman jeunesse qui lit si bien la fiction et l’Histoire. Le régionalisme permet de s’ancrer dans une terre mais provoque aussi un manque d’empathie envers les « nouveaux ». L’histoire d’Etienne et de sa famille montre que ce n’est pas une généralité ; que la rancœur a la dent dure et qu’il est toujours difficile d’être accepté ailleurs. Et j’en sais quelque chose…