Le Portrait de mariage : Le livre de Maggie O'Farrell

Détour par la Renaissance Italienne. Lucrèce de Médicis n'a que quinze ans lorsqu'elle doit épouser le Duc de Ferrare en lieu et place de sa soeur aînée, décédée. Lucrèce est une jeune fille sensible mais qui, dès l'enfance, a montré son goût pour l'indépendance la liberté. Malheureusement, son époux n'attend d'elle qu'une chose : qu'elle lui donne un héritier afin de prouver à tous ceux qui en doutent qu'il est bien un homme. En effet, malgré ses conquêtes, aucun bâtard ne peut lui être attribué. Lucrèce est soumise à une surveillance de tous les instants. Elle découvre petit à petit la cruauté de son époux et prend conscience de ce qui l'attend si elle n'exauce pas les voeux de son époux. Celui-ci pourrait bien alors avoir le comportement de Barbe Bleue... Très bon moment de lecture.

Je découvre Maggie O'Farrell avec ce roman, Le Portrait de mariage. J'ai été totalement emportée par l'histoire de Lucrèce, jeune fille offerte en mariage par ses parents à un duc dont l'humeur semble osciller entre deux extrêmes, évoquant presque une personnalité bipolaire. Tout le récit se concentre sur Lucrèce, laissant volontairement peu d'épaisseur aux personnages secondaires. On suit la jeune duchesse au plus près, dans un voyage intérieur intime, ressentant profondément ses émotions et ses tourments. À travers elle, Maggie O'Farrell dévoile habilement la condition tragique des femmes de cette époque : simples marchandises d'alliances familiales et ventres destinés à garantir la naissance d'un héritier.

Il ne se passe rien ou presque dans ce roman, comme dans la vie de Lucrèce, cette toute jeune Florentine devenue duchesse beaucoup trop tôt, elle est encore une enfant. Pourtant, dans chacune des longues descriptions qui jalonnent ce roman, l'autrice nous fait voyager dans l'esprit pétillant et inventif de cette enfant qui n'a d'autre choix que de donner vie à chaque détail qui l'entoure, de donner du sens à ce qui n'en a pas, d'ajouter des couleurs à la grisaille, de la musique au silence, de la beauté à sa vie enfermée. Elle nous oblige à nous synchroniser sur le temps long de ses journées, à nous perdre avec elle dans ses rêveries, à accepter de traverser ses peurs. Ce roman est une explosion poétique (j'ai mis dans les citations quelques passages sublimes) mais ce n'est pas un roman historique.

Malgré une écriture magnifique, je n'ai pas été emportée par cette histoire. Le talent de l'autrice réside je pense dans sa capacité à dépeindre (son style d'écriture faisant penser à un pinceau appliquant des touches de peinture) les sentiments de l'héroïne. Malheureusement, cela crée des longueurs qui ont rendu ma lecture fastidieuse. Pour moi, le message le plus intéressant de ce roman est à quel point des talents ont été empêchés à cause du peu de place que l'on donnait à ceux des femmes (l'héroïne est une peintre douée mais ne peut pas exprimer son art).