L'oeil de la perdrix : Le livre de Christian Astolfi
Orpheline, Rose est devenue mère à 16 ans et a quitté sa Corse natale pour rejoindre Toulon, une décision de son mari persuadé qu'ils y trouveront une vie meilleure.
Un matin de 1957, elle rencontre Farida qui vit depuis peu au bidonville de Toulon. Une amitié va naître entre elles qui va changer le cours de leur existence et leur permettre de prendre la mesure du monde qui les entoure. Si les traces de la deuxième guerre mondiale sont tenaces, c'est désormais en Algérie que les combats font rage.
Ensemble, elles vont trouver les ressources nécessaires pour déjouer les règles que leur imposent leur classe sociale et leur condition de femmes. Mais si elles sont toutes les deux françaises, l'une l'est un peu moins que l'autre aux yeux de la société.
En racontant la bouleversante histoire d'une émancipation, Christian Astolfi donne voix à des vies minuscules qui auraient dû rester silencieuses et résonnent pourtant longtemps après la lecture.
De (auteur) : Christian Astolfi
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Milllie
• Il y a 6 mois
Rose n'a jamais eu la vie facile et ne s'est jamais plaint. Quand son mari a décidé de quitter leur Corse natale pour Toulon afin d'y trouver du travail, Rose l'a suivi, acceptant son sort son mot dire. Alors quand ce matin de 1957, elle se tord la cheville en rentrant chez elle, c'est du bout des lèvres qu'elle accepte l'aide de Farida, une jeune algérienne qui vit dans le bidonville voisin, elle ne voudrait surtout pas déranger. Petit à petit l'amitié entre les 2 femmes va grandir, elles apprendront à se connaître et à s'apprécier... mais les événements grondent et la vie n'est pas facile pour les immigrés. L'oeil de la perdrix est un petit roman, petit par le nombre de pages et la modestie des histoires racontées, mais un petit roman qui dit tant de choses qu'il a tout d'un grand ! J'ai beaucoup apprécié le talent de Christian Astolfi pour poser une histoire et des personnages à partit de tous petits riens, quelques détails, des bribes de vie qui en disent pourtant si long. Comment ne pas s'attacher à Rose, cette héroïne taiseuse et courageuse qui semble accepter son destin si difficile ? On comprend petit à petit son histoire au fil de courts chapitres et de quelques flash back, une histoire banale de pauvreté et de misère, une histoire que l'on subit plutôt que l'on construit : orpheline de mère, mariée et mère à 16 ans, habituée à se contenter de peu et menant maintenant une vie morne et routinière auprès d'un mari à qui elle n'a plus grand chose à dire. La rencontre avec Farida, elle aussi pris dans les méandres d'une existence difficile, va être un déclencheur pour les 2 femmes : apprenant petit à petit à se connaître, ces deux timides vont s'apprivoiser au fil des discussions et des rencontres et vont enfin faire se croiser deux univers qui jusqu'ici s'ignoraient totalement. Car en 1957 et avec le début de ce que l'on n'appelle pas encore Guerre d'Algérie, le bidonville qui abrite la communauté algérienne de Toulon est un monde à part. Nul autochtone ne s'y risque, au mieux on les tolère sans les voir, au pire on fait preuve (déjà !) de ce qu'on appellerait aujourd'hui un racisme décomplexé. Mais loin de ces préjugés, Rose va reconnaître en Farida une sœur et c'est là que le roman va prendre toute sa force. Ces deux femmes, chacune enfermée dans une vie qu'elle n'a pas choisie et sur laquelle elle n'a pas de prise, vont se soutenir, s'épauler et ensemble s'apporter beaucoup et se libérer. L'auteur fait preuve de beaucoup de tact et de pudeur pour raconter cette belle amitié et surtout tout ce que va signifier pour Rose le fait d'apprivoiser enfin les mots, début de son engagement militant et de sa volonté d'offrir aux autres l'aide qu'elle n'a pas reçue. En filigrane, l'auteur évoque aussi les événements tragiques de ces années là, le racisme qui monte, la guerre d'Algérie, la manifestation sanglante de 1961 et nous fait ressentir comment le fossé n'a eu de cesse de se creuser entre immigrés et français, comment on a fait venir des être humains pour ensuite ne pas les accepter et ne leur laisser aucune chance de s'intégrer. Au fil des chapitres c'est aussi l'histoire de la colonisation et de l'immigration de masse des années 50-60 qui se raconte et c'est à la fois passionnant et bouleversant. L'oeil de la perdrix fut au final pour moi une jolie découverte. Un récit commencé un peu par hasard (ce titre qui m'intriguait et cette jolie couverture), des premiers chapitres qui se lisent bien mais que je trouvais un peu lents et puis une histoire qui se construit au fil des pages, monte en puissance jusqu'à nous émouvoir et a fait que je n'avais pas envie de refermer ce roman. Un beau roman qui mérite d'être plus connu et partagé !
maliroland
• Il y a 7 mois
Trois livres en un plus un. Livre un. L'histoire de Rose non pas de a à z mais de a à w. Livre deux. L'amitié Rose-Farida. Livre trois. Un chouia historique et un investissement militant. Plus un. Plus que un en fait, tous les livres qui n'ont pas été écrits. 1- Rose naît en 1903 en haute Corse. Abandonnée sur un pas de porte elle est adoptée par la famille choisie qui ne l'avait pas choisie. A 16 ans elle se marie avec un berger du cru contre quelques vaches en dot. Je ne me rappelle plus de qui s'est fait avoir dans la transaction. Paul-Dominique l'heureux élu après quelques années décide d'émigrer à Toulon, ce qu'il y a de plus loin dans son esprit et devient ouvrier d'usine. On ne sait pas s'il gagne au change. Entre temps deux garçons et une fille du moins vivants. Puis Rose rencontre Farida qui habite le bidonville du coin. Puis Rose se rend compte que la vie ne se limite pas au pré carré des us réducteurs de l'époque. Puis Rose s'investit pour des causes humanitaires et pro-paix plus ou moins risquées. Puis Rose vieillit au fur à mesure du temps qui passe. Puis Rose en arrive au w. 2- Rose rencontre Farida et une amitié naît sans abandon. Plus qu'une amitié genre soeur siamoise. On subodore un lien amoureux. Rien de tout cela semble t il. Restons sur notre fin d'en savoir plus. 3- Histoire . Essentiellement concernant la guerre d'Algérie et des causes à défendre. Les réfractaires au combat pacifistes ou autres, les paponades et assimilées, puis ainsi de suite selon l'air du temps mais toujours du bon côté, il va de soit. 4- Plus un. Plus que un comme déjà écrit. Des impasses sur l'enfance adoptée. sur le mari sauf quelques mots sur son fauteuil-lit de mort. sur les enfants. sur première et deuxième guerre mondiales et l'entre deux. sur le pourquoi des choses, l'amitié Farida, les choix politiques etc. sur Farida qui ne garde pas le contact. sur les années Pompidou, Giscard et Mitterand. sur ce que j'oublie. Le mot impasse est un peu fort, il y a tout de même quelques lignes ou pages sur chacun de ces sujets. Survol serait peut être mieux. L'oeil de la perdrix. le récit d'une vie et d'une amitié. Un fond de guerre d'Algérie. Un auteur qui probablement a fait le choix intime de ne pas en dire plus sur ce que l'on aurait aimé savoir davantage. La phrase de la fin ainsi que j'aime à les citer. Deux en fait. Celle du dernier chapitre qui, n'écrivons pas qui arrive comme un cheveu sur la soupe, car ce serait désobligeant. Donc : elle a vingt ans. Celle de l'avant dernier chapitre une fois soupé : je les ai acceptées. Comprenez les ombres qui peuplent la vie. Commentaire. Que dire de plus ?
Maisouimadame
• Il y a 7 mois
Coup de #10084;#65039; Personne dans ce roman n’a vraiment choisi sa vie, mais tous et toutes ont fait des choix pour l’améliorer. C’est un livre qui met la lumière sur le destin de deux femmes immigrées, dans la société elles ne sont personnes mais elles représentent tellement de femmes: les vies abîmées voir carbonisées, les petites joies qui évitent de sombrer et surtout l’amitié, les rires, les confidences faites autour d’un thé ou au gré d’une balade. Il y a Rose qui avec son mari Paul Dominique, éleveur de brebis, et leurs trois enfants quittent la Corse pour Toulon et un travail à l’Arsenal maritime, et une vie faite de silence ! Et il y a Farida qui a rejoint son mari arrivé en France il y a quelques année, il est terrassier. On leur avait promis un avenir plus simple et radieux qu’en Algérie. Finalement ils logent tous les 5 dans le bidonville de « La Roche ». Les conditions y sont dures mais la bonne humeur et la convivialité règnent ! « Là-bas, les Français veulent garder notre terre pour eux, et ici, ils ne veulent pas de nous. Que veux-tu que l’on fasse de ça ? » p144 Pas grand chose ne prédestinait Rose et Farida à devenir amies sauf l’aide de l’une quand l’autre tombe. C’est un livre délicat avec une écriture respectueuse pour ces portraits de femmes. Et puis il y a aussi le pouvoir des mots quand on peut les lire et les écrire et que personne ne pourra leur prendre. C’est aussi un livre qui parle de la guerre d’Algerie et des réflexions sur cette période. Il y a beaucoup de chaleur, de confidences, de rires et beaucoup d’émotions. A lire, à offrir, à faire lire !!!
massugue
• Il y a 7 mois
Enfin un bon livre. Simple histoire d'une amitié entre deux femmes traversant la guerre de 14/18,celle de 39/40 pour finir avec la guerre d'Algérie. Evolution de la condition féminine pendant ce siècle racontée avec émotion sans prêchi-prêchât mais plein de vérité quotidienne. A lire absolument. ça change des traductions américaines! P.S: La majorité des critiques de ce bouquin ,ne font de résumer le livre , ça n'a aucun intérêt. Vaut mieux le lire.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782386010149
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 240
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- Dimensions
- 207 x 144 mm
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21,00 € Grand format 240 pages