Quitter le monde : Le livre de Douglas Kennedy

Douglas Kennedy reprend ici un thème qui lui est cher : celui du changement de vie plus ou moins volontaire. Suite à une série de drames, Jane subit une longue descente aux enfers qui l'amène à vouloir "quitter le monde" au sens propre d'abord, puis au sens figuré. Dans le nouvel univers dans lequel elle évolue désormais, elle arrive petit-à-petit à surmonter sa douleur et ses peurs et à reprendre goût à la vie. Ce long roman souffre de longueurs, d'un manque de souffle et d'un sentiment de déjà-vu qui retient dans un premier temps de s'attacher au personnage principal. Si la deuxième partie est plus poignante, on regrette cependant une fin par trop irréaliste et convenue.

Ce roman est un voyage intérieur autant qu'extérieur. Nous suivons la vie de la narratrice, depuis son enfance, et son histoire nous entraîne dans divers milieux et endroits très différents. Nous traversons avec elle les épreuves de sa vie et suivons avec intérêt les événements qui jalonnent son existence et les choix qu'elle opère, ses questionnements et ses émotions. Nous compatissons et entrons en totale empathie avec elle. Le récit prend des tournures très surprenantes, comme dans tous les romans de Douglas Kennedy, et nous arrivons à la fin des 700 pages sans qu'on s'en rende compte. La maîtrise de cet auteur est fascinante. L'histoire commence doucement et s'emballe peu à peu, jusqu'à devenir addictive. Ici, l'auteur a voulu nous parler de la détresse et de la capacité à aller de l'avant. Il se sert de son héroïne pour raconter comment certaines circonstances occasionnent des ruptures dans nos vies et les conséquences psychologiques de ses ruptures. Les rebondissements et les changements de style en font une œuvre absorbante et remarquable. La fin est palpitante, en mode polar, et nous tient en haleine jusqu'au bout.

Tant de livres nouveaux parus ces derniers mois ! Et me voilà replongée dans ce pavé de 694 pages paru en 2009 ! Est-ce bien raisonnable ? Eh bien oui ! Histoire de comparer le ressenti, 14 ans après sa 1ère lecture. Cet auteur a le talent nécessaire pour sortir sa loupe grossissante sur le peuple américain, jeune et actif. A coups de stylo aiguisé, il nous transporte dans des histoires bien humaines ! Comme son personnage qui a toute sa place sur le Site Babelio ! Jane et sa passion littéraire, que nous allons suivre à Harvard, Cambridge, préparant une Thèse, un Doctorat et qui nous réjouira en devenant : Docteur ès Lettres. Maître Assistante en Littérature Universitaire. Ecrivain et Bibliothécaire. Découverte ou redécouverte d'auteurs américains en passant, tels, Philip Marlowe, M. Arnold, T.S Elliot, J. Dreiser (rappel de son fulgurant ouvrage toujours d'actualité : "La Jungle"), ou encore W. Stevens (Thirteen ways of looking at a blackbird). Etc. Jane, 29 ans, est-elle pour autant heureuse, épanouie ? Eh bien non et elle nous ne pouvons que partager ses chagrins, ses désillusions et ses rebellions légitimes. Quel parcours de vie l'auteur nous offre ici ! Un roman qui ne semble pas avoir pris une ride ! La preuve : - La dureté de la loi dans la Haute finance (Ce livre a été rédigé après la crise des subprimes de 2007), - - Jalousies mesquines dans les milieux Universitaires - Tensions entre une mère et sa fille - Infidélités intéressées du compagnon. - Recherche de vie minimaliste, besoin de se tenir loin du grand désordre du monde avec des décès brutaux de proches. L'amour des livres , sources d'équilibres. Et l'ombre de la pédophilie qui jettera son ombre, rendant la fin de ce roman encore plus palpitant. Et j'en oublie... Sans doute apprécierez vous, en découvrant ce roman rédigé comme un Journal, ces phrases-clés susceptibles de vous interpeller : * -Y a-t-il une seule personne au monde digne de confiance ? * Pourquoi n'arrivons-nous jamais à nous libérer réellement du fardeau que nous transportons ? * Réduisez votre quotidien à l'essentiel et vous verrez que vous pouvez vivre très agréablement. Bon, ce ne sont que des pensées et notre Jane possédait quand même un petit pécule. Mais ses évasions loin du Monde, son arrivée dans le Maine, puis au Canada, en repartant à zéro m'ont plu. Ne pourrions-nous pas toutes devenir un jour Jane en se disant comme elle que "la destinée n'obéit à aucun dessein, à aucune logique" -? -

J’aime le style de Douglas Kennedy, il plonge le lecteur dans la vie de son personnage clé. Ici, c’est d’une tristesse incroyable… Bien sûr l’écriture et le récit sont captivants. On ne s’ennuie pas mais on souffre avec Jane à chaque moment de sa vie. Ce n’est pas mon roman préféré de Douglas Kennedy mais le charme opère quand même.