La saison des feux : Le livre de Celeste Ng
La saison des feux - Trailer
À Shaker Heights, banlieue riche et tranquille de Cleveland, tout est soigneusement planifié pour le bonheur des résidents. Rien ne dépasse, rien ne déborde, à l'image de l'existence parfaitement réglée d'Elena Richardson, femme au foyer exemplaire.
Lorsque Mia Warren, une mère célibataire et bohème, vient s'installer dans cette bulle idyllique avec sa fille Pearl, les relations avec la famille Richardson sont d'abord chaleureuses. Mais peu à peu, leur présence commence à mettre en péril l'entente qui règne entre les voisins. Et la tension monte dangereusement à Shaker Heights.
Après
Tout ce qu'on ne s'est jamais dit (Sonatine Éditions, 2016), Celeste Ng confirme avec ce deuxième roman son talent exceptionnel. Rarement le feu qui couve sous la surface policée des riches banlieues américaines aura été montré avec tant d'acuité. Cette comédie de mœurs, qui n'est pas sans rappeler l'univers de Laura Kasischke, se lit comme un thriller. Avec cette galerie de portraits de femmes plus poignants les uns que les autres, c'est aussi l'occasion pour l'auteur d'un constat d'une justesse étonnante sur les rapports sociaux et familiaux aujourd'hui.
De (auteur) : Celeste Ng
Traduit par : Fabrice Pointeau
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
CLJB
• Il y a 3 semaines
Voici un bon petit roman agréable à lire avec des personnages attachants, et pour un européen, un très bon témoignage sur la vie dans les banlieues aisées américaines. Le temps d'une année, une famille modèle américaine classe moyenne supérieure, assez conformiste, avec 4 enfants adolescents, les Richardson, se rapproche d'un contre-modèle de famille, une mère célibataire artiste, nomade, avec sa fille adolescente. Le face à face de ces deux modèles va perturber l'existence de tous ces personnages, les confronter à des choix difficiles, les amener à révéler des secrets, à se découvrir eux mêmes, jusqu'au dénouement dramatique qui est annoncé dès les 1ères pages. C'est bien mené, certains passages sont plus patauds, mais les personnages sont attachants. En particulier le monde des jeunes et leurs interactions sont très bien décrits. C'est un roman de femme et un monde quasiment non mixte, et j'avoue avoir du mal avec cela. Il y a des personnages masculins dans les ados, mais 1 seul est une peu approfondi, les autres restent des caricatures de jeunes garçons superficiels. Aucun autre personnage masculin adulte ne fait autre chose qu'une vague figuration. C'est une vision assez actuelle et très particulière de la société, un féminisme qui en vient à exclure totalement es hommes, j'avoue avoir du mal à comprendre. Mais quelque part, c'est peut être aussi représentatif du fonctionnement de la société américaine, où, de mon expérience, les rapports entre homme et femme sont plus proches de l'Europe des années 60 que de notre époque. Reste que cette vision biaisée est clairement une limite de ce livre. C'et aussi un livre sur l'adolescence, la découverte d'une autre forme de modèle familial chez les autres, la recherche de ses propres valeurs, la découverte de l'attachement, de la douleur et des déconvenues, le conformisme..le tout dans des dialogues très naturels. Il y a aussi un sujet sur la maternité, ou plutôt le fait d'être mère et de porter un enfant, qui occupe une place assez conséquente dans le livre, mais que je n'ai pas trouvé très bien développé. ON sent une tentative, mais mal aboutie. J'ai lu ce livre en anglais, et je conseillerais vivement de faire de même à des jeunes motivés par l'anglais et la découverte de la culture anglo-saxonne. Ce n'est pas très difficile à lire, il y a par contre tout un vocabulaire typique du lycée et de la vie quotidienne, des expressions courantes. Un bon moyen d'améliorer son anglais (américain). Voilà un bon petit roman sans prétentions, et à prendre comme tel. Bien sûr, ce n'est pas un chef d'oeuvre mémorable, mais c'est bien mené, vivant, attachant, et dans le genre, c'est un bon roman distrayant de bonne qualité par rapport à tant de bouses sans aucun intérêt poussés par les éditeurs.
latina
• Il y a 3 semaines
Celeste Ng est une Américaine d’origine chinoise maniant avec subtilité la psychologie, fouillant les âmes, et révélant les failles de l’Amérique, de ses citoyens trop policés, ici. En effet, elle relate l’histoire d’une mère et de sa fille habituées à vivre de bourg en bourg, restant 6 mois ici, 4 mois là, ainsi que d’une famille ultra bien éduquée, vivant dans une ville sécurisée, riche, où tous les élèves réussissent leurs études, où les filles ne tombent pas enceintes lorsqu’elles sont à l’école. Le rêve, quoi. Quoique… Lorsque ces 2 types de mères, ces 2 types d’ados se rencontrent, il va se passer bien des choses qui vont bouleverser leur vie, surtout quand elles croisent la destinée d’une jeune mère célibataire séparée de son enfant. Vous l’aurez compris, la relation mère-fille est un thème décortiqué en long et en large, et très bien exploité. J’ai adoré cette histoire au point que Celeste Ng m’a fait penser à une de mes auteures favorites, Joyce Carol Oates. Sûrement en plus édulcoré, oui, mais tout aussi passionnant !
perucasevecchje
• Il y a 1 mois
Le ventre des femmes. Surprenant roman qui met l’accent sur la parentalité et plus précisément les liens mères/filles, souvent considérés comme intangibles et qui, pourtant, peuvent réveiller des questionnements douloureusement intimes et rarement évoqués. Nous sommes à Shakers Heights, dans la banlieue chic de Cleveland, où tout est conçu et codifié pour assurer le bien, le beau et le juste à ses habitants. La norme sociale est clairement posée. Il suffit de la respecter et les familles « modèles » et « heureuses » prospéreront. Le roman s’ouvre avec l’une de ces familles idéales, les Richardson, des nantis, libéraux, bien-pensants, non racistes élevant avec sagesse et modernisme leur 4 enfants adolescents. Dès les premières pages, ils contemplent l’incendie de leur belle maison allumé par… la cadette qui, en outre, s’est fait la malle. Flash- back pour comprendre pourquoi ce geste extrême. La rétrospective nous offre de beaux portraits de femmes dans leur relation à la maternité et à l’éducation. L’auteure ausculte en profondeur ces liens : famille nombreuse, famille monoparentale, famille adoptive, mère porteuse, abandon d’enfant, avortement… De façon quasi chirurgicale elle décrit le poids du déterminisme social qui fait de vous un être solide transmettant assurance et confiance à ses enfants, ou quelqu’un d’anticonformiste, révolté contre les injustices ou encore quelqu’un de fragile, écrasé et soumis aux aléas… L’ensemble est fascinant. L’auteur joue parfaitement de son œil photographe réglant son appareil en fonction des situations et des questions complexes soulevées et à jamais sans réponse définitive. Elle nous offre généreusement panoramiques, arrière-plans, zooms, flous, sur ou sous exposition, saturation de couleurs, flash… Difficile de lire ce roman sans être remuée tant les sujets difficiles sont bien cadrés, éclairés pour que l’on en sente la complexité. Par ex. adopter un enfant d’origine asiatique nous oblige-t-il à le baigner dans sa culture d’origine ? Ou doit-on jouer la carte de l’assimilation ? A-t-on le droit de rêver d’une autre mère plus conforme à nos attentes ? Celle qui abandonne son enfant est-elle forcément une mauvaise mère ? Les 100 premières pages sont un peu lentes mais la suite, addictive, met en lumière toutes ces questions intimes liées à la vie des femmes depuis leur naissance jusqu’à leurs rapports avec la maternité.
Lady_Blue
• Il y a 3 mois
Via La saison des feux (Little Fires Everywhere), dont le titre original résonne bien mieux que sa traduction française, Celeste Ng brosse un portrait implacable de l’Amérique des années 90. Dans la ville très codifiée de Shaker Heights – où l'ordre, la réussite et la blancheur sont des normes aussi bien sociales qu’esthétiques – deux familles que tout oppose vont se croiser. D’un côté, il y a les Richardson, famille américaine traditionnelle blanche et bourgeoise, la famille parfaite à bien des égards. De l’autre, les Warren, duo atypique formé par Mia, artiste solitaire au passé nébuleux, et sa fille Pearl. Noires, nomades, mystérieuses, elles viennent troubler l’ordre établi de cette banlieue huppée de Cleveland. Si le récit commence in medias res par une scène d’incendie : la maison des Richardson a brûlé ; très vite on soupçonne Izzy, la benjamine, artiste incomprise et rebelle. Celeste Ng remonte d’une main de maître le fil des évènements pour déconstruire les apparences. Chaque geste, chaque silence, chaque choix – surtout ceux d’Elena Richardson, la mère – participent à l’engrenage. Izzy a-t-elle vraiment initié cet incendie ? ou y a-t-il un(e) autre responsable ? Le roman dissèque subtilement les tensions raciales, les biais de classe, les injonctions au conformisme, la maternité, l’hypocrisie du mérite, et surtout : la complexité des liens entre femmes, qu’elles soient mères, filles ou amies. Et d’ailleurs parlons-en un peu plus, car si les thèmes sociétaux sont omniprésents, le fil rouge du roman reste bel et bien celui de la maternité. Entre Elena, la mère riche qui veut tout contrôler et dont tout fini par lui échapper ; Mia la mère plus libre mais dont la fille rêve d’une vie « rangée » comme celle des Richardson, ou encore Bebe (mère plus en retrait, mais qui prend un peu plus de place au fil du roman) une jeune femme chinoise qui après avoir abandonné son bébé faute de moyen, tente tant bien que mal de le récupérer après son adoption par un couple riche et blanc, Celeste Ng interroge sur le rôle maternel. Parce que qu’est-ce qu’une bonne mère finalement ? Dans ce roman les mamans aiment trop, mal ou parfois à côté ; et si aimer est important ce n’est malheureusement pas suffisant. Finalement, ce que l’on retient c’est que l’image de perfection qu’une famille renvoie n’est souvent que la façade d’un chaos dissimulé. À mesure que les secrets se dévoilent, Little Fires Everywhere devient un véritable brasier psychologique, où chaque étincelle révèle les failles d’un monde trop bien rangé pour être honnête. Le titre original est une très belle métaphore aux tensions sous-jacentes et aux émotions contenues qui résultent d’un final explosif. Ce qui m’a le plus marquée, c’est ce moment dans la série où Elena dit : « J’ai allumé ce feu. » Derrière cette phrase, tout prend sens. Le poids de ses maladresses envers ses enfants et envers Mia, le poids de ses choix dictés par le regard des autres et surtout sa totale incompréhension face à sa fille Izzy. Izzy est intelligente, lucide et fine, mais trop libre pour rentrer dans les cases. Elle devient finalement la plus ignorée des quatre enfants. Ce roman m’a profondément interrogée sur les effets dévastateurs des apparences, sur cette idée que des parents, même bien intentionnés, peuvent abîmer ceux qu’ils veulent protéger, à force de vouloir tout contrôler. Il n’y a pas d’éducation parfaite. Ni Elena, ni Mia ne détiennent la vérité. Et dans ce monde obsédé par le succès et le paraître, c’est souvent celles qu’on entend le moins – comme Pearl ou Izzy – qui portent les valeurs les plus fortes. La série, avec sa fin plus poétique, prolonge magnifiquement cette tension. Mais que ce soit à l’écran ou sur la page, Little Fires Everywhere est un récit brûlant d’intelligence et d’émotion. Un roman qui éclaire les zones d’ombre de la maternité, et révèle qu’il suffit parfois d’un seul geste – ou d’une étincelle – pour tout embraser.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782355846502
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 384
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- Dimensions
- 221 x 142 mm
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21,00 € Grand format 384 pages