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Les structures fondamentales des sociétés humaines
Collection : SH / Sciences sociales du vivant
Date de parution : 24/08/2023
Éditeurs :
La Découverte

Les structures fondamentales des sociétés humaines

Collection : SH / Sciences sociales du vivant
Date de parution : 24/08/2023
Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l’espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en... Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l’espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en les réinscrivant dans une longue histoire évolutive ?
En comparant les sociétés humaines à d’autres sociétés animales et en dégageant les...
Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l’espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en les réinscrivant dans une longue histoire évolutive ?
En comparant les sociétés humaines à d’autres sociétés animales et en dégageant les propriétés centrales de l’espèce, parmi lesquelles figurent en bonne place la longue et totale dépendance de l’enfant humain à l’égard des adultes et la partition sexuée, ce sont quelques grandes énigmes anthropologiques qui se résolvent. Pourquoi les sociétés humaines, à la différence des sociétés animales non humaines, ont-elles une histoire et une capacité d’accumulation culturelle ? Pourquoi la division du travail, les faits de domination, et notamment ceux de domination masculine, ou les phénomènes magico-religieux se manifestent-ils dans toutes les sociétés humaines connues ? Pourquoi l’ethnocentrisme est-il si universel et pourquoi des conflits opposent-ils régulièrement des groupes qui s’excluent mutuellement ? C’est à ces questions cruciales que cherche à répondre Bernard Lahire en formulant, pour les sciences sociales, un paradigme unificateur fondé sur une synthèse des connaissances essentielles relatives à la vie sociale humaine et non humaine accumulées dans des domaines du savoir aussi différents que la biologie évolutive, l’éthologie et l’écologie comportementale, la paléoanthropologie, la préhistoire, l’anthropologie, l’histoire et la sociologie.
Le pari de ce livre est que seul cet effort d’intégration permet de comprendre la trajectoire des sociétés humaines par-delà leur diversité et d’augmenter la maîtrise qu’elles peuvent avoir de leur destin incertain.
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EAN : 9782348077616
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 972
Format : 170 x 240 mm
EAN : 9782348077616
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 972
Format : 170 x 240 mm

Ils en parlent

Le livre en impose par ses références dans de nombreux champs du savoir. Certains seront intimidés et n’oseront pas pousser la porte. Ils auraient tort. Car, passé les premières pages de l’introduction, le grand voyage commence. Bernard Lahire nous sert de guide efficace dans ce périple intellectuel pas comme les autres, à la fois synthèse magistrale et manifeste pour une « science sociale du vivant ».
Laurent Lemire / Livres Hebdo Le Mag

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Goudal 21/03/2024
    Bernard Lahire est un vieux dinausore rescapé du désert aride de la sociologie et des sciences dites humaines. Il a écrit une somme incommensurable, à rebours des idées préconçues des sociologues enfermant leurs études sur les variations culturelles des sociétés humaines. Il prend le contrepied de la profession en choisissant d’étudier les invariants des humains en intégrant les caractéres biologiques, anthropologiques, ethnologiques. Son but : établir les lois générales régissant les comportements humains, rien que ça ! Et il y parvient ! Il en sort une étude qui fera date dans l’histoire même s’il sera peu lu vu son épaisseur. Il sera commenté, synthétisé et augmenter. Il révolutionne déjà nos connaissances en effectuant la synthèse de tout un tas de sciences qui s’ignorent superbement. A l’heure de la spécialisation à tout crin, il donne une vision totalisante et ordonnée du monde vivant Il est étonnant que cette avancée scientifique intervienne aujourd’hui dans les sciences humaines alors que les sciences « dures » restent coincées depuis plus d’un siècle entre théorie des quantas et relativité générale. Toutes les sciences sont enfermées dans un académisme et une spécialisation à outrance qui aveuglent plutôt que de nous ouvrir au monde. Merci Bernard Lahire pour ce pas de côté.Bernard Lahire est un vieux dinausore rescapé du désert aride de la sociologie et des sciences dites humaines. Il a écrit une somme incommensurable, à rebours des idées préconçues des sociologues enfermant leurs études sur les variations culturelles des sociétés humaines. Il prend le contrepied de la profession en choisissant d’étudier les invariants des humains en intégrant les caractéres biologiques, anthropologiques, ethnologiques. Son but : établir les lois générales régissant les comportements humains, rien que ça ! Et il y parvient ! Il en sort une étude qui fera date dans l’histoire même s’il sera peu lu vu son épaisseur. Il sera commenté, synthétisé et augmenter. Il révolutionne déjà nos connaissances en effectuant la synthèse de tout un tas de sciences qui s’ignorent superbement. A l’heure de la spécialisation à tout crin, il donne une vision totalisante et ordonnée du monde vivant Il est étonnant que cette avancée scientifique intervienne aujourd’hui dans les sciences humaines alors que les sciences « dures » restent coincées depuis plus d’un siècle entre théorie des quantas et relativité générale. Toutes les sciences sont enfermées dans un académisme et une spécialisation à outrance qui aveuglent plutôt que de nous ouvrir au monde. Merci Bernard Lahire pour ce pas de...
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  • psalt 08/03/2024
    Le livre peut paraitre ardu au premier abord avec ses 960 pages. Pourtant je me suis surpris à le lire de la première à la dernière page. Il est bien écrit et j'ai été rapidement convaincu par son approche scientifique des sciences sociales, son honnêteté intellectuelle, le respect de la continuité du vivant (Darwin) qui l'amène à mettre en parallèle animaux humains et non humains, sa rigueur à déterminer l'origine biologique de l'origine sociale ou culturelle, etc Je ne connais le milieu des sociologues et consorts mais j'imagine, que la vie de Bernard Lahire ne doit pas être facile avec eux. Le livre est formidablement documenté (peut être trop), ce qui reflète la culture encyclopédie de son auteur Qui d'ailleurs révèle au début du livre s'être interrogé sur le format à adopter, court ou long. Personnellement je l'encouragerai à faire aussi une version courte (type TRACT) parce qu'en réalité les fondamentaux du livre peuvent se résumer assez facilement. Egalement je trouve que les sociologues ont souvent le défaut de dire des choses simples d'une façon compliquée. Je comprends le plaisir d'utiliser un lexique savant mais le summum de la communication reste de dire des choses simples avec des mots simples.
  • H-mb 10/02/2024
    Ce livre de Lahire est un gros pavé de 960 pages pour établir les fondements des sociétés humaines. Il est passionnant et révolutionnaire et j'en ai complètement abandonné mon polar ! L'ouvrage est divisé en trois parties : 1) Critique des sciences sociales (sociologie, ethnologie) qui, aujourd'hui, en sont venues à renoncer au réalisme et prônent un relativisme culturel absolu et donc un statut particulier dans le monde scientifique. A l'inverse, Lahire va poser des principes et des invariants à partir desquels il organise les connaissances acquises. Surtout, il s'appuie sur d'autres disciplines que les sciences sociales, la biologie évolutive, l'éthologie, la paléoanthropologie pour faire un pas de côté et permettre des comparaison inter-espèces qui sont très révélatrices. 2) La deuxième partie "Ce que les sociétés doivent à la longue histoire du vivant" est la plus intéressante à mon avis et montre les grands faits anthropologiques, les lignes de forces et les lois sur lesquels on peut s'appuyer pour comprendre les sociétés. J'y reviendrai. 3) Il étudie enfin un certain nombre de faits sociaux concrets qui illustrent ces lois dans le foisonnement des expressions sociales. Lahire pose cinq grands faits anthropologiques avec leurs conséquences : - l'altricialité secondaire i.e. le fait que le nouveau-né humain naisse dans un état d'absolue dépendance vis-à-vis de ses parents et que cela se prolonge pendant plusieurs années. Cet état de fait a d'énormes conséquences : la nécessité d'un groupe parental resserré avec une stabilité relative du groupe familial, la nécessité de prendre soin des enfants et des mères, avec donc le développement de l'altruisme, la nécessité d'une socialisation de l'enfant, l'omniprésence des rapports de domination (parents-enfants d'abord, hommes-femmes ensuite car c'est sur les femmes que repose malgré tout l'essentiel du soin des enfants) - le fait de la séparation des deux sexes, avec la division du travail reproductif, différenciation sexuée des rôles, différences comportementales et statutaires - La socialité de l'espèce, due pour une bonne part à l'altricialité - L'historicité de l'espèce, avec une culture cumulative et la transmission culturelle intergénérationnelle - La longévité, avec la possibilité d'accumuler des expériences et la possibilité de transmettre ses expériences à deux générations A partir de ces faits anthropologiques, Lahire relève dix lignes de force qui structurent les sociétés : - Des moyens de production profondément collectifs - Des rapports de parenté sous le signe de la dépendance et de la domination, avec un rôle important de socialisation par les parents - Des rapports hommes-femmes marqués par la division sexuelle du travail et la domination des hommes sur les femmes - de la socialisation et transmission culturelle - de la production d'artefacts. La faiblesse physique de l'homme entraîne une compensation culturelle et surtout artefactuelle - de l'expressivité symbolique, avec le développement relativement autonome du religieux, politique, juridique, esthétique. - Des rites et des institutions : il existe des rites chez les animaux (parades nuptiales, rituels de réconciliation, de soumission…). Leur fonction est de fixer certains comportements avec les obligations et les sentiments qu'ils impliquent. L'institution est une association de pratiques (rites) et de discours (mythes) et est un puissant moyen de stabilisation des rapports sociaux - Des rapports de domination : plus la société se différencie, plus les rapports de domination se différencient (notamment la nature de cette domination) - du magico-religieux qui renvoie aux capacités symboliques de l'être humain. Il a partie liée avec l'immaîtrisable et la conscience de l'impuissance de l'homme - de la différenciation sociale des fonctions/division sociale du travail : cela entraîne une altricialité tertiaire car les hommes sont dépendants de choses qu'ils n'ont pas fabriquées et ne savent pas fabriquer Il dégage ensuite presque une vingtaine de lois sociales, qui permettent de voir comment et dans quelle mesure les sociétés humaines varient autour de ces invariants. Pour reprendre un peu les discussions entamées avec les critiques de 4bis et michel69004, je dirai que "malheureusement", Lahire est très convainquant dans ses argumentations. Je suis très attachée à la nécessité d'avoir recours à la biologie évolutive et à l'éthologie pour savoir d'où l'on part éventuellement, y compris pour des faits qui semblent spécifiques à l'espèce homo - et qui ne le sont pas. Il faut donc faire avec les rapports de domination omniprésents, en particulier hommes-femmes, avec la préférence du nous contre le eux, et autres éléments gênants. Cependant, je pense qu'on peut s'appuyer sur le développement de l'altruisme, autre conséquence de l'altricialité et sur le fait qu'il y a une boucle rétro-active du social/culturel et du biologique. On le voit bien avec les inventions (biberon, lait maternisé, crèches, etc.) qui ont pu permettre un desserrement des rapports de domination hommes-femmes, du moins dans certaines sociétés. Il ne faut donc pas abandonner ! Ce livre de Lahire est un gros pavé de 960 pages pour établir les fondements des sociétés humaines. Il est passionnant et révolutionnaire et j'en ai complètement abandonné mon polar ! L'ouvrage est divisé en trois parties : 1) Critique des sciences sociales (sociologie, ethnologie) qui, aujourd'hui, en sont venues à renoncer au réalisme et prônent un relativisme culturel absolu et donc un statut particulier dans le monde scientifique. A l'inverse, Lahire va poser des principes et des invariants à partir desquels il organise les connaissances acquises. Surtout, il s'appuie sur d'autres disciplines que les sciences sociales, la biologie évolutive, l'éthologie, la paléoanthropologie pour faire un pas de côté et permettre des comparaison inter-espèces qui sont très révélatrices. 2) La deuxième partie "Ce que les sociétés doivent à la longue histoire du vivant" est la plus intéressante à mon avis et montre les grands faits anthropologiques, les lignes de forces et les lois sur lesquels on peut s'appuyer pour comprendre les sociétés. J'y reviendrai. 3) Il étudie enfin un certain nombre de faits sociaux concrets qui illustrent ces lois dans le foisonnement des expressions sociales. Lahire pose cinq grands faits anthropologiques avec leurs conséquences : - l'altricialité secondaire i.e....
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  • Michel69004 31/01/2024
    Et donc voilà. Il n'y a plus qu'à attendre la sixième extinction de masse. Ou l'avénement d'une astrophysique nous permettant de passer par des trous de vers astraux pour aller s'hybrider avec d'autres espèces, dans les multivers. Ou attendre une sorte de catharsis générale qui passerait par une psychanalyse obligatoire, la création d'artefacts libérateurs de la procréation, de l'accouchement et de tout ce qui s'en suit. Ou refondre les structures de la division du travail et mettre toutes les familles sous tutelle. Pratiquer une lutte politique sans pitié contre l'ethno-centrisme et faire de la poésie une priorité mondiale. Et éradiquer l'altricialité secondaire. Les structures fondamentales des sociétés humaines est un ouvrage majeur. On parlera du « Lahire » pendant des décennies universitaires, on le rangera au coté de Darwin, Durkheim, Marx, Freud, Levi-Strauss, Testart, Elias, Bourdieu. On le sortira de temps en temps pour lui faire prendre l'air. À moins, à moins, chers lecteurs que vous ne le lisiez en nombre, qu'il soit l'occasion de débats féconds et multiples, qu'il devienne l'ouvrage anthropologique, ethnologique, éthologique, social et politique de référence et qu'il contribue, car c'est la seule issue, à faire bouger massivement les lignes de forces structurelles qu'il explicite. Il deviendrait alors l'équivalent de l'Ethique sur le plan philosophique : comprendre comment les choses fonctionnent est la seule solution pour recouvrer un chouia de liberté ! Je l'ai lu en plusieurs fois : une centaine de pages avant fin 2023. Je l'ai repris par la fin (Conclusion générale et Post-scriptum) il y a trois semaines. Puis j'ai lu le billet génial d' Hélène @4bis. Je l'ai repris dimanche matin et puis voilà. 950 pages fluides et passionnantes, ça peut se lire assez vite ( compter entre 20 et 30 heures de lecture quand-même). Il est hors de question que je plagie ou que je résume le résumé d'Hélène. Je vais donc prendre l'ouvrage latéralement et succinctement. Il y a donc une introduction générale, 22 chapitres, une conclusion etc. « La réalité, c'est ce qui refuse de disparaître quand on cesse d'y croire. » Nous dit en exergue Philip K. Dick et il faudra toujours garder cette phrase à l'esprit. Bernard Lahire se refuse à écrire une tautologie …Mais c'est pourtant ce qu'il fait. Je pense que l'on peut lire très rapidement, voir sauter à pied joint la première partie qui fait s'entrecroiser méthodologie, définition , légitimation , mises en perspectives, méta-lois, lois, principes et invariants. Elle est surtout destinée aux universitaires et aux chercheurs. Lahire explique longuement comment il a procédé, ce que sont les faits sociaux, son champs d'étude, l'irréductibilité de la pluralité théorique ( ce qui ne l'empêche pas de dezinguer Deleuze et Guattari, entre autres), sa lutte contre le relativisme etc. Il désigne aussi dans quel lignage sociologique il se situe : Radcliffe-Brown, Lévi-Stauss, Héritier, Godelier et surtout Alain Testart. Les choses sérieuses commencent à la page 247 qui ouvre la deuxième partie : « Ce que les sociétés humaines doivent à la longue histoire du vivant » Il met en évidence le « Fait de l'altrialité secondaire » qui désigne un fait biologique qui conditionne nombre de contraintes sociales de l'espèce humaine : le petit humain est très longuement dépendant de sa mère/ de son père puis de son entourage. C'est ce qu'il appelle un « Fait anthropologique ». Puis il va distinguer dix « lignes de force » ( exemple 8: Ligne de force des rapports de domination) avec leurs variations historiques et des lois générales (Loi de la conservation-reproduction-extension par exemple). La loi de l'attraction des semblables est assez rigolotes: « En France, ce sont les travaux du démographe Alain Girard qui ont, les premiers, commencé, à la fin des années 1950, à dégager la loi de l'attraction semblables concernant le mariage : Dans le cadre de l'Institut national des études démographiques, Alain Girard, à la fin des années 1950 - époque où le travail empirique était mal reconnu dans le champ sociologique -, a voulu connaître les principes de la sélection matrimoniale. Aussi, grâce à une enquête portant sur les premiers mariages, estime-t-il les différences et les ressemblances entre les partenaires. « Cherchant des éléments de réponse à la question "qui épouse qui?"», il observe que les « contraintes sociales, l'influence du milieu jouent partout pour limiter très fortement la liberté de choix d'un conjoint par les individus » de telle sorte qu'entre « deux lois opposées, l'attraction des semblables ou l'affinité des contraires, c'est la première qui l'emporte très nettement dans la France contemporaine du point de vue des caractères sociaux des conjoints » [...] Pour Alain Girard, l'homo-gamie reflète le poids des contraintes spatiales et sociales : « La liberté de l'individu... reste enserrée de toute part, aujourd'hui comme hier, dans un réseau étroit de probabilités et de déterminismes qui poussent moins encore à choisir qu'à trouver un conjoint qui lui soit aussi proche que possible » C'est cette loi fondamentale de l'attraction sociale des proches que théorisait Pierre Bourdieu avec ses concepts d'habitus et d'espace social » A l'attraction des semblables s'ajoute l'implacable Loi de la domination masculine !!! Comme je ne veux pas vous perdre, je vais aller à l'essentiel: « Ne vous intéressez pas sexuellement à ceux que vous avez intimement connus dans vos premières années de vie » etc. Dans la deuxième partie de cette deuxième partie, Lahire va démonter que l'espèce humaine ne diffère pas structurellement des autres espèces (par exemple de l'hippopotame page556) mais, mais, mais…il y a des différences notables: Langage verbale, capacité d'abstraction, accumulation culturelle, création d'artefacts ( fusil à pompe, iPhone, raquette de squash etc.) et création d'institutions. Je cite: « Ce n'est sans doute pas un hasard si les espèces animales jugées particulièrement intelligente (d'un point de vue anthropocentrique) par les éthologues, parce que capables de résoudre des problèmes divers et variés, de garder en mémoire de très nombreuses informations, de manipuler et parfois même de fabriquer des outils ou autres artefacts, etc., sont des espèces qui conjuguent altricialité (longue période de développement, dépendance à l'égard des adultes, soins parentaux et même allo-parentaux), vie relativement longue et cerveaux relativement gros comparativement à des espèces proches. C'est le cas des corvidés (corbeau, geai, corneille, etc.) par exemple ou de nombreux mammifères tels que les éléphants, les dauphins ou les primates non humains?. Mais ces propriétés, portées à un plus haut degré, sont caractéristiques aussi de l'espèce humaine : altricialité secondaire avec ralentissement du développement, très longue période de dépendance, et donc de subordination, à l'égard des parents et très gros cerveau. Tant qu'on ne saisit pas le lien intime entre ces différentes propriétés de l'espèce humaine, on ne peut véritablement comprendre que l'altruisme, l'empathie et la forte capacité d'apprentissage, autant de traits qu'à peu près tout le monde s' accorde à trouver « positifs », et la dépendance ou la domination, qu'on perçoit souvent comme des traits négatifs, ne sont que les deux faces d'une seule et même pièce. Aucun mammifère altriciel, et les humains pas plus que les autres, n'échappe à cette équation, même si l'espèce humaine est la seule à pouvoir la juger et la critiquer » La troisième partie de l'ouvrage enfonce définitivement le clou de la Domination: Lahire nous parle des animaux et je retrouve avec plaisir les travaux de Stépanoff et Morizot. Pour faire très court : chez les bestioles, la domination est partout: « Qui mange qui? » mais pas seulement. Par exemple les poules (travaux célèbres de la hiérarchisation par coups de bec, Schjelderup-Ebbe page 673) Chez les humains c'est évidemment bien pire: Haut/bas, Dessus/dessous, Sec/humide, Actif/passif, Mobile/immobile etc. Et puis surtout: Parent/enfant, Homme/femme : «  Ces faits que j'ai rapportés, à propos des écrevisses, des chimpanzés et des loups, et qui sont à peu près totalement ignorés par les chercheurs en sciences sociales, montrent que la domination des mâles sur les femelles n'est pas qu'une affaire culturelle et historique, bien que la culture et l'histoire ajoutent leur propre force et leur propre inertie au rapport social de domination. Ces faits de domination sont - comment le dire autrement? - indissociablement biologiques et sociaux, mais pas strictement culturels ou historiques. Pierre Bourdieu se trompait donc en faisant de la domination masculine un produit purement arbitraire, culturel et historique. L'observation des rapports de domination entre mâles et femelles dans de nombreuses espèces prouve que de tels rapports précèdent de loin l'avènement des capacités de symbolisation, de la culture et donc de l'histoire. »(Page 811) Vieux/jeunes (domination par l'antériorité), Détenteurs des pouvoirs magico-religieux, politiques, ethnocentrisme , division du travail etc La domination est partout, de toutes époques et dans tous les lieux. Depuis le Paléolithique et même avant. Alors, très chers lecteurs, que fait-on à présent qu'on a compris le truc ? Je sollicite votre imagination (comme le suggère Bernard Lahire) pour trouver des contre-poids, des contre-feux… Mais c'est un peu foutu non? Et donc voilà. Il n'y a plus qu'à attendre la sixième extinction de masse. Ou l'avénement d'une astrophysique nous permettant de passer par des trous de vers astraux pour aller s'hybrider avec d'autres espèces, dans les multivers. Ou attendre une sorte de catharsis générale qui passerait par une psychanalyse obligatoire, la création d'artefacts libérateurs de la procréation, de l'accouchement et de tout ce qui s'en suit. Ou refondre les structures de la division du travail et mettre toutes les familles sous tutelle. Pratiquer une lutte politique sans pitié contre l'ethno-centrisme et faire de la poésie une priorité mondiale. Et éradiquer l'altricialité secondaire. Les structures fondamentales des sociétés humaines est un ouvrage majeur. On parlera du « Lahire » pendant des décennies universitaires, on le rangera au coté de Darwin, Durkheim, Marx, Freud, Levi-Strauss, Testart, Elias, Bourdieu. On le sortira de temps en temps pour lui faire prendre l'air. À moins, à moins, chers lecteurs que vous ne le lisiez en nombre, qu'il soit l'occasion de débats féconds et multiples, qu'il devienne l'ouvrage anthropologique, ethnologique, éthologique, social et politique de référence et qu'il contribue, car c'est la seule issue, à faire bouger massivement les lignes de forces structurelles qu'il explicite. Il deviendrait alors l'équivalent de l'Ethique...
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  • 4bis 26/01/2024
    Ce livre est un coup de massue. Un énorme et très long coup de massue. Très long parce qu’il fait 970 pages et que cela fait près de quatre semaines que je suis dessus. Arff ! La conclusion générale précise qu’il s’agit d’une « synthèse créatrice » « c’est-à-dire à visée scientifique et non « pédagogique » qui « récapitul[e], coordonn[e], clarifi[e], reformul[e] et orient[e] la recherche afin de féconder de nouveaux travaux ». Effectivement, on peut penser qu’elle soit utile aux chercheurs qui iront y piocher, la table des matières est très bien faite, le chapitre ou la section qui correspond à leur angle de réflexion. En goulue habituée à lire in extenso, j’ai tout avalé, ligne après ligne, répétitions et arguments martelés cinquante fois avec cinquante preuves différentes compris. Burp ! Alors oui, j’aurais préféré zapper la version scientifique et qu’on me livre direct le format pédagogique et efficace en collection « que sais-je », 128 pages ! J’espère pour vous que le résumé digeste est prévu par l’éditeur pour dans pas longtemps, parce que, ceci mis à part, c’est vraiment un livre essentiel et particulièrement dérangeant. Les Structures fondamentales des sociétés humaines représentent un travail magistral. Plus de 1000 références à des travaux de chercheurs dans des domaines scientifiques aussi variés que la biologie, l’éthologie, la paléoanthropologie, la préhistoire, la sociologie, l’histoire, la linguistique, la psychologie, la psychanalyse, les neurosciences, l’épistémologie. Une accumulation fourmiliesque de données scientifiques visant à asseoir une thèse originale, inédite, révolutionnaire et… désespérante. Je vous résume succinctement le problème. Depuis le début du 19e siècle, des chercheurs en anthropologie, ethnologie, psychologie, histoire et j’en passe explorent, étudient, observent différentes sociétés humaines plus ou moins éloignées de notre Occident. Leurs travaux s’accumulent, se contredisent et semblent, dans le bric-à-brac qu’ils finissent par constituer, rendre impossible le dégagement de principes universaux. Telle peuplade d’Amérique du Sud fait comme ceci, telle société esquimaute comme cela mais le dire, c’est encore faire fi des méthodes d’observation, des postulats idéologiques présidant à l’étude et de tant d’autres considérations. Bref, il semblerait que la seule ligne de force qui se soit dégagée avec le temps est que les sociétés humaines évoluent au gré d’un arbitraire entièrement imbibé des cultures particulières de leurs sous-groupes respectifs. Que tout chez l’homme soit culture et que rien ne permette de prédire selon quel principe il évoluera. L’Histoire n’aurait comme seule caractéristique de ne jamais se répéter et les hommes de s’être émancipé de tout diktat d’origine biologique ou « naturelle ». Ce qui rend un peu vain l’étude de quoi que ce soit puisque tout semble aléatoire. Ce qui condamne de fait les sciences sociales à n’avoir de « science » que le nom puisque, dans ces conditions, aucun réel ne peut être objectivé et aucune loi générale tirée. Tout n’est jamais que point de vue, effet de regard, perspective. On comprend mieux les moqueries des copains qui suivaient un cursus scientifique et regardaient nos ambitions humanistes avec un mépris goguenard. Des adorateurs de sciences molles, voilà à quoi on était réduits. On aurait pu en rester là sans le confinement qui aura laissé du temps à Bernard Lahire pour, dans la continuité d’une brillante carrière de chercheur, décider de dépasser cette vision et de doter les sciences sociales d’une assise plus solide. Il s’agit donc pour lui de trouver les invariants qui régissent le fonctionnement de toutes nos sociétés. On voit l’ambition du projet. Sa méthode pour avancer ? Deux axes : Comparer l’humain avec d’autres organismes vivants d’une part et différentes sociétés humaines entre elle d’autre part. L’idée, aussi révolutionnaire qu’évidente, est que, en tant qu’êtres vivants, nous avons des caractéristiques communes avec d’autres êtres vivants et que nos points communs comme nos différences avec telle ou telle espèce animale, végétale ou même bactérienne peuvent informer nos comportements. De cette observation, un premier méta-fait : tous les organismes vivants sans exception vivent dans une interdépendance. Que ce soit pour subvenir à ses besoins vitaux ou se reproduire, aucun organisme n’est seul. Même Lucky-Luke a Jolly jumper (oups). D’autres éléments découlent de ces observations. Par exemple, ce qui nous distingue de la mésange, c’est que, contrairement à elle, nous n’avons pas d’aile (désolée pour le spoil). Mais des bras. Et que, contrairement au lion, nous ne sommes pas à quatre pattes. Ce qui nous permet de nous servir de nos mains. Ceci combiné à une sociabilité importante, à une reproduction sexuée nécessitant un mâle et une femelle, une cohabitation de plusieurs générations en même temps, à une capacité à garder la mémoire d’un passé et surtout à porter des bébés (un à la fois en général) pendant 9 mois de gestation avant des les allaiter trèèès longtemps (on sent le vécu) et de s’en occuper jusqu’à leur autonomie relative c’est-à-dire pendant près de deux dizaines d’années (Arghhh !), tout ceci fait que notre espèce a des caractéristiques particulières qui ne sont propres qu’à elle, très différentes de celles de la baleine à bosse ou des abeilles. Certes. Ca a l’air d’enfoncer des portes ouvertes mais ces considérations remettent en fait au centre de la réflexion la réalité corporelle effective de nos constitutions, le déterminisme relatif avec lequel nous évoluons au cours des millénaires. On est d’accord, si les humains avaient déposé des œufs de leur futures progénitures dans le sable avant de retourner se baigner et de les laisser se débrouiller tout seuls comme le font les tortues de mer, notre réalité quotidienne n’aurait pas exactement la même dimension, n’est-ce pas ? Evidemment, il faut prendre dans ce qui précède l’esprit de la démonstration et faire confiance à Bernard Lahire pour la mener de manière bien plus minutieuse et sérieuse que ce que je fais ici. Mais c’est l’idée. On aboutit alors à une forme de cartographie des humains : en prenant en partage l’ensemble de cinq faits anthropologiques universels, le poids pondéré de telle ou telle loi (Lahire en pose 17) selon l’histoire et les circonstances de chaque groupe, on obtient un ensemble de coordonnées définissant son identité du moment. On aura donc remplacé le grand arbitraire par un vaste ensemble de possibles fruit de l’entrechoquement de lignes de force et de lois au nombre restreint et clos. Malgré la diversité des sociétés humaines, on aura dégagé des invariants. Alors pourquoi est-ce fascinant et dérangeant ? Déjà parce que, de sa recension comparée des mœurs animales et humaines, Lahire pose une distinction essentielle entre social et culture. Il reprend des travaux démontrant que les animaux et nous avons une identité biologique et un comportement social. Que bien des observations que l’on peut faire chez l’homme se retrouvent également chez les animaux. Ainsi par exemple le soin apporté aux petits jusqu’à ce qu’ils sachent se débrouiller, les rivalités entre groupes, la manière très codifiée de résoudre un conflit sans flinguer son adversaire, ces éléments existent dans les sociétés humaines comme dans les sociétés animales et elles ne sont pas la seule conséquence d’une réalité biologique. Elles émanent d’une sociologie propre à chacun des groupes observés. On a constaté par exemple, des variations régionales dans le chant de telle ou telle espèce d’oiseau, un comportement différent chez des fourmis qui n’auraient pas eu les mêmes circonstances pour grandir que le reste de leurs comparses. Le biologique et le social se combinent pour créer des comportements qu’hommes et animaux ont en partage. La spécificité humaine ne naît pas de sa supériorité sur le reste du règne des vivants qui l’extrairait du biologique et lui donnerait à elle seule une condition sociale mais de sa longévité et de sa capacité à la symbolisation. Ces deux faits lui ont permis de se représenter le passé et d’imaginer le futur, de thésauriser le fruit de découvertes antérieures, de transmettre la connaissance acquise et ainsi, petit à petit de développer une conscience de son histoire, une culture donc. L’expressivité symbolique, la production de magico-religieux, d’artefacts sont quelques-unes des lignes de force propres à l’espère humaine. Lahire utilise dans sa conclusion une image que je trouve parlante pour éclairer cette imbrication du biologique, du social et du culturel : « Pour faire comprendre l’essentiel de mon propos, je dirais que les sociétés humaines ont été d’emblée placées sur des rails du fait des propriétés de départ fortement dépendantes des propriétés biologiques de l’espèce, mais que les accumulations-transformations culturelles successives n’ont cessé de créer leur propre inertie (ce qui peut laisser penser, à tort, que tout vient de la culture et de l’histoire), avec cependant des rails qui sont toujours là et qui continuent à limiter l’action de la culture, même si celle-ci parvient parfois à déplacer quelques limites biologiques. » Ce changement de perspective qui remet l’homme à sa place est déjà déstabilisant. Mais les conséquences qu’en tire Lahire sont encore plus perturbantes. Car, au final, les invariants définissant nos sociétés sont fondamentalement résumés à un enjeu de domination. Domination des parents, des ancêtres, des dieux, des structures étatiques sur les enfants, les jeunes, les humains, les assujettis. Domination des hommes sur les femmes. Des forts sur les faibles. Dominant, dominé. Tout peut se réduire à cela. La raison de cet universel est longuement, largement démontrée. Je n’y reviens pas sinon pour dire qu’elle est fortement dépendante de l’altricialité secondaire, soit le caractère longuement immature des petits d’homme qui nécessitent des soins supposant une organisation sociale particulière autour d’eux. En découlent le périmètre des mères autour des besoins des enfants (gestation, allaitement, première éducation), l’assimilation des femmes à cette sphère de vulnérabilité et d’immaturité. En découle aussi une relation de l’homme à ses parents faite de respect et de crainte, ces deux éléments se déportant analogiquement ensuite dans tous les systèmes sociaux et symboliques organisant la vie en groupe. Boum ! Sidération devant pareilles conclusions. Le coup de massue donc. En construisant patiemment une démonstration scientifique étayée par des comparaisons rigoureuses, on arrive à une conclusion que ne renierait pas le plus réactionnaire des populistes. Lahire parle de son travail comme du « plus risqué scientifiquement qu’il [lui a] été donné de faire ». Effectivement. Il va donc falloir prendre le risque de voir ces pensées captées par des « auteurs aux inclinations politiques plus conservatrices, et dans certains cas, clairement réactionnaires. » Car « s’il et important d’établir des lois, ce n’est pas pour glorifier leur caractère éternel ou baisser les bras devant le spectacles des multiples inégalités devenues historiquement insupportables, mais pour pouvoir imaginer comment s’en dégager, comment les maitriser et ne pas en être les victimes inconscientes. » Eviter donc de croire notre attelage emmené par des chimères, discerner les structures invariantes, faire avec cet existant, y compris pour inventer autre chose. Le rôle des artefacts, tout ce que nous avons construit du premier arc à l’ordinateur sur lequel j’écris ou la maison où je me trouve, est essentiel pour cela. L’homme n’a pas d’aile mais a inventé les avions. Pas de poil, il a inventé les doudounes et les sacs de couchage en duvet. On pourrait donc imaginer dépasser les entraves biologiques d’une gestation et de soins contraignants afin d’aller vers une humanité émancipant les femmes de leur assignation reproductrice. Ce progressisme technologique me fait frémir encore davantage et Lahire ne le recommande pas exactement. Il en parle et souligne les conséquences qu’il aurait dans la transmission sociale et culturelle de nos pratiques. A tout le moins ! Encore sous le coup, je vois les conséquences de cette réflexion innerver petit à petit tout le champ du réel. Dans la discussion qui a vu naître ce projet de lecture après mon retour sur Par-delà Nature et culture de Philippe Descola, avait émergé la question de savoir si la psychanalyse résisterait à la structuration de grands axes universels à partir desquels procèderaient toutes les sociétés humaines. Oh que nous étions drôles, innocents agneaux, baguenaudant dans la plus naïve des félicités illusoires ! Paradoxalement, la psychanalyse résiste assez bien. Ses fondements, tant quand elle travaille la psyché individuelle que quand elle s’intéresse aux foules, aux sociétés, intègrent la dualité respect / crainte autour de la figure d’autorité, la corporéité essentielle, animale d’un être qui n’est pas que psychisme. Non, la psychanalyse résiste. Bien mieux en tout cas qu’un féminisme définissant la femme telle un homme comme les autres. Mieux qu’un humanisme prônant un amour universel et désincarné pour tout être vivant. Ce n’est pas que ce soit impossible, c’est juste qu’on n’est pas structurellement constitués pour que ça coule de source. Misère ! Ce livre est un coup de massue. Un énorme et très long coup de massue. Très long parce qu’il fait 970 pages et que cela fait près de quatre semaines que je suis dessus. Arff ! La conclusion générale précise qu’il s’agit d’une « synthèse créatrice » « c’est-à-dire à visée scientifique et non « pédagogique » qui « récapitul[e], coordonn[e], clarifi[e], reformul[e] et orient[e] la recherche afin de féconder de nouveaux travaux ». Effectivement, on peut penser qu’elle soit utile aux chercheurs qui iront y piocher, la table des matières est très bien faite, le chapitre ou la section qui correspond à leur angle de réflexion. En goulue habituée à lire in extenso, j’ai tout avalé, ligne après ligne, répétitions et arguments martelés cinquante fois avec cinquante preuves différentes compris. Burp ! Alors oui, j’aurais préféré zapper la version scientifique et qu’on me livre direct le format pédagogique et efficace en collection « que sais-je », 128 pages ! J’espère pour vous que le résumé digeste est prévu par l’éditeur pour dans pas longtemps, parce que, ceci mis à part, c’est vraiment un livre essentiel et particulièrement dérangeant. Les Structures fondamentales des sociétés humaines représentent un travail magistral. Plus...
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