Coeur-d'amande : Le livre de Yasmina Khadra, Cédric Dumond

Nestor, qu’on surnomme Cœur d’Amande, est atteint de nanisme et vit au pied de la Butte Montmartre chez sa grand-mère qui l’a élevée et lui a transmis la passion de la littérature. Abandonné par sa mère en raison de son handicap, renvoyé par son patron qui ne peut plus le payer, on ne peut pas dire que le jeune homme soit promis à un destin lisse et rose. Aidé par ses amis du quartier à la gouaille populaire, il n’aura de cesse de retarder l’entrée en institution de celle qu’il adore et qu’il voit progressivement sombrer dans la maladie d’Alzheimer. Sa vie s’effondre lorsqu’il échoue et se fait expulser de son logement. Trouvera t’il en lui, dans ses rencontres et dans l’écriture la force de franchir les obstacles et de retrouver foi en l’avenir ? J'ai beaucoup apprécié ce roman, véritable ode à l'optimisme, à l'amitié, à la force de la littérature et à la beauté de la vie tout simplement. Le personnage de Nestor, malmené par l'existence, et son indéfectible amour pour sa grand-mère et les livres, est extrêmement attachant et m'a beaucoup touchée. Il est l’image de l’optimisme et de la volonté. Son nouvel ami, Léon, est lui aussi bouleversant. La plume de Yasmina KHADRA est toujours aussi belle, son style et ses formules pleines de tendresse et d'humour apportent la touche de légèreté qui convient dans un récit abordant de nombreux thèmes graves, tels que le handicap et la différence, la vieillesse et la maladie, l'abandon et la solitude. Comme la gourmandise algérienne sucrée dénommée "Coeur d'amande" à l'origine du titre, ce beau roman sur la résilience est une douceur à découvrir absolument dans une époque troublée et morose. Un livre d’espoir qui fait du bien et que l’auteur dédicace à sa propre grand-mère et à toutes les autres.

Fidèle lectrice de cet auteur dont j’apprécie la sensibilité et la finesse d’écriture, j’ai ouvert ce nouveau roman avec un enthousiasme certain. Pourtant, la magie n’a pas tout à fait opéré. Si l’écriture demeure élégante et maîtrisée, les personnages souffrent cette fois d’un excès de traits, comme si leur humanité avait été trop soulignée pour être crédible. L’intrigue, bien que portée par un réel souffle narratif, bascule rapidement vers une forme de naïveté, mièvrerie o L’émotion, abondante, en devient presque débordante, et les bons sentiments finissent par affadir un propos pourtant riche de promesses. Un roman décevant, donc, malgré des qualités d’écriture indéniables. On referme le livre avec une pointe de regret, mais sans renier l’attachement durable que l’on porte à cet auteur, dont le talent reste, à n’en pas douter, intact.

Dans ce roman nous allons faire la connaissance de Nestor à un moment difficile de sa vie où il va malheureusement perdre son emploi. Cela le laisse dans une situation assez précaire d’autant plus qu’il vit avec sa grand-mère dans le quartier de Montmartre. Il entretient une relation très proche avec celle-ci qui l’a élevé en l’absence de sa propre mère. Malheureusement étant donné qu’elle a un certain âge, des événements vont chambouler leur quotidien. Ce roman met également en scène un jeune écrivain qui tente de coucher sur papier certaines blessures et d’un coup il sait qu’il écrira un livre. Une belle approche de ce thème notamment faite par un écrivain aussi aguerri que Yasmina Khadra J’ai apprécié retrouver la plume de l’auteur que je trouve à la fois belle tout en étant simple. Une fin qui m’a touché et ému même s’il m’a manqué un attachement plus profond aux personnages pour en faire un très bonne lecture.

Cœur d’amande est un roman plein de douceur et de mélancolie, comme une respiration entre deux tempêtes. Yasmina Khadra y déploie tout ce qui fait la beauté de son écriture : des phrases ciselées, une humanité palpable et une tendresse pour les âmes abîmées. C’est une lecture que j’ai trouvée apaisante, tout en laissant cette pointe de nostalgie propre à ses récits. L’auteur nous plonge dans un univers à la fois simple et profondément humain, où les émotions dominent les actions. Ici, tout repose sur la sensibilité des personnages, sur leurs blessures, leurs regrets, mais aussi leur dignité. Khadra écrit avec pudeur, et c’est précisément cette retenue qui donne au livre sa force : il ne cherche pas à émouvoir à tout prix, il touche par sa sincérité. Ce que j’aime chez lui, c’est cette manière unique de raconter la fragilité du monde sans jamais renoncer à la beauté. Dans Cœur d’amande, il nous parle d’amour, de perte, de solitude, mais aussi de résilience. Ce n’est peut-être pas son roman le plus marquant, mais c’est une belle parenthèse de douceur, un texte qui rappelle que la bienveillance peut aussi être une forme de courage. Même si Ce que le jour doit à la nuit reste pour moi son plus grand chef-d’œuvre, Cœur d’amande confirme une fois de plus le talent de Khadra à saisir la vérité des émotions humaines. Une lecture sensible, sincère et lumineuse, que je recommande sans réserve.