Les Vertueux : Le livre de Yasmina Khadra, Slimane Yefsah

Les caïds algériens étaient prêts à tout pour ne pas envoyer leurs fils se faire tuer dans les tranchées françaises. Ils menaçaient et/ou promettaient la fortune à des garçons qui voulaient aider leurs familles à s'en sortir. L'auteur nous montre que les caïds étaient sans scrupule envers des bergers naifs et pieux, comme Yacine. C'est une bonne découverte pour moi, j'avais déjà entendu parler de Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, sans jamais tenter, mais je ne suis pas déçue. Je recommande ce roman historique, le sujet change, et on veut savoir comment l'histoire de Yacine va se terminer.

Quelle fresque étincelante ! Nous suivons l'existence de Yacine, jeune berger algérien, à partir de 1914 jusqu'en 1938 ; une multitude de choses incroyables vont lui arriver. Le pardon, au cœur de cet ouvrage, est la seule solution pour trouver la paix intérieure. La plume admirable et lumineuse de Yasmina Khadra nous enchante.

Une fresque littéraire où la morale s’érige en cathédrale et où les personnages semblent porter le poids du monde… ou du moins de leurs propres contradictions. Les Vertueux, c’est un peu comme ce pot-au-feu parfait : tous les ingrédients y sont, soigneusement choisis, mais parfois, ça manque d’épices pour relever l'ensemble. Yasmina Khadra déploie un talent d’orfèvre dans ses descriptions, au point où l’on pourrait croire qu’il décrit non pas des personnages, mais des statues exposées dans un musée imaginaire de la vertu. Résultat ? Ces personnages, souvent magnifiques dans leurs principes, paraissent parfois aussi immobiles que des bustes de marbre. Et parlons-en de cette obsession pour la vertu ! Chez Khadra, la morale prend des allures de tyran invisible, gouvernant les vies comme un metteur en scène capricieux. Le lecteur pourrait se demander si la noblesse de l'âme est le seul passeport pour exister dans l'univers khadrien. Mais rassurez-vous, même dans les moments où la vertu frôle l'excès, le talent littéraire de l'auteur est là pour sauver la mise. Enfin, les intrigues, si bien construites, laissent parfois un arrière-goût de prévisible. Un peu comme dans une pièce de théâtre classique où l’on sait dès le premier acte que la tragédie pointe son nez. Alors oui, Les Vertueux est une œuvre belle et puissante, mais peut-être trop sérieuse, trop "parfaite" pour être véritablement humaine. Yasmina Khadra nous rappelle que la perfection, même littéraire, est parfois un brin oppressante. Et si les héros de Les Vertueux mettaient un peu de sel dans leurs vertus ? Cela ne ferait de mal à personne, n’est-ce pas ? Mais ne vous méprenez pas : derrière cette satire, il y a beaucoup d’admiration pour le génie de l’auteur.

Un livre noir et triste qui raconte les déboires d’un algérien durant la première moitié du XXe siècle. Un héros humble, droit et honnête mais particulièrement malchanceux, malmené par l’existence et plongé dans un monde obscur et cruel, dominé par des brutes, des tyrans et des escrocs. Mais aussi une histoire d’espérance et de foi en la vie, malgré la perversité des hommes. Un livre très bien écrit, qui alterne les dialogues dans un langage parlé voire trivial et des récits dans un style élégant, poétique, très imagé et riche en comparaisons évocatrices autant qu’inattendues.