Et c'est ainsi que nous vivrons : Le livre de Douglas Kennedy

J’ai cru que ce livre proposait une vision dystopique des Etats-Unis tels qu’ils pourraient être en 2045, à la suite d’une guerre civile ayant opposé les Conservateurs-républicains et les Progressistes-démocrates. Il est d’ailleurs intéressant de noter que la dystopie est de plus en plus souvent abordée dans les films et la littérature américaine contemporains, preuve que cette société doute de plus en plus d’elle-même, et aborde le futur avec anxiété alors qu’hier elle le construisait avec assurance. Et c’est ainsi que nous vivrons aborde trop de thèmes et inévitablement d’une façon trop superficielle pour m’avoir séduit. L’existence de deux camps qui se font face et s’affrontent à travers une lutte secrète, rappelant la guerre froide, et la création par l’auteur d’une Zone Neutre, rappelant Berlin, sont alléchants pour le lecteur, qui se lance dans les premières pages. Ensuite, on découvre peu à peu l’histoire de l’héroïne, qui devra mener sa mission contre un membre de sa famille dont elle ignorait l’existence. Placer la genèse de ce roman dans les années Trump, Biden éclairent l’intrigue d’un jour qui en nourrit le réalisme. Aborder les thèmes des choix de sociétés imposés entre le progressisme qui s’appuie sur la technologie pour surveiller les citoyens et le libertarisme qui fonde sa stabilité sur un intégrisme religieux est intéressant. Hélas, trop de thèmes sont survolés, et j’ai été perdu par trop de détours empruntés par l’auteur. Par exemples les descriptions de films, de décors, n’apportent rien, ce qui est d’autant plus dommage que le cœur du roman repose lui-même sur des sujets que le lecteur aurait voulu être davantage développés. Le suspense, car il s’agit d’un roman, n’est pas insoutenable, dévitalisé par des facilités auxquels l’auteur s’adonne (des avancées technologiques dont un camp dispose sur l’autre, ce qui est peu crédible), ou ce que je juge comme étant des fautes (‘132 balles en 3,2 secondes tirées par un tireur d’élite pour abattre sa cible, or aucune arme légère ne peut ni ne pourra tirer à une telle cadence et le propre d’un tireur d’élite est de n’en tirer qu’une seule, tant la précision est amoindrie par le recul). Je m’arrête là, les exemples où je n’ai pas été emporté mais plutôt quitté par l’intrigue sont nombreux. Je mesure ainsi mieux le travail gigantesque qu’un auteur doit consacrer à une œuvre qui se veut crédible mais futuriste, immisçant une intrigue romanesque dans un cadre dystopique qui se doit d’être oppressant. Dans « Et c’est ainsi que nous vivrons », l’ambition de l’auteur a été trop grande, ce qu’atteste la conclusion du livre totalement en décalage avec l’idée de départ.

Un roman qui se lit assez rapidement. Douglas KENNEDY reste dans son style très factuel comme nombre d'auteurs américains, une lecture facile en somme. En revanche, le scénario est comme toujours très bien ficelé et haletant. Quant à l'histoire, elle peut déranger. Est-ce le futur qui nous attend ?

Pas forcément un grand roman, du type de ceux auxquels Douglas Kennedy habitue ses lecteurs, avec une intrigue savamment échafaudée et subtilement menée, des rebondissements imprévisibles, un dénouement inattendu, des personnages à la psychologie fouillée. Non, ici rien de tout cela, les personnages sont relativement primaires, l’intrigue est basique, le dénouement parfaitement attendu, pas de surprise dans les développements. Et pourtant, quel roman ! Tout son intérêt réside dans le fait qu’il colle à une actualité tous les jours plus anxiogène et qu’il dresse un tableau terrifiant d’un monde qui pourrait bien devenir le nôtre. Un monde où les Etats-Unis d’Amérique après l’élection d’un despote d’un autre âge pétri de convictions inébranlables reculent dans l’obscurantisme et l’intolérance, au point que certains Etats à l’opposé de cette évolution dangereuse font sécession et créent leur propre république, dressée pour lutter contre l’empire adverse ex-frère, et qui pour cela sombre dans une autre forme d’extrémisme, celle de la surveillance permanente de tout individu et du soupçon généralisé. Certes on lit ce roman à l’aune des soubresauts d’outre-Atlantique, chaque journée qui passe nous apportant une nouvelle outrance de la part de celui qui gouverne les Américains. Et comme les alertes infos et la lecture de la presse quotidienne ne sont pas si éloignées de l’univers dystopique décrit dans le roman, l’inquiétude monte sur les lendemains qui nous attendent. Notons bien toutefois que l’auteur ne fait de cadeau à aucun des deux pays résultant de ce qu’étaient les Etats-Unis. Qui aimerait vivre dans l’un ou dans l’autre ? Si, néanmoins, une petite préférence pour l’un des deux, qui a peut-être plus de chances d’échapper au désastre. Bel exercice d’anticipation, prédiction du pire… je ne mets que trois étoiles toutefois compte tenu des remarques faites ci-dessus, personnages peu attachants, manque de surprises, fin trop prévisible.

J’avais vraiment hâte de découvrir ce roman d’une part car il m’a été vivement conseillé et d’autre part car je lis rarement des dystopies préférant que l’histoire soit ancrée dans le réel. Il se trouve que c’est justement un aperçu de ce qui pourrait devenir notre réalité dans quelques années que Douglas Kennedy présente au sein de ce roman. Au départ je pensais avoir un avis bien tranché et me ranger du côté de Stengel. Cependant, la liberté de disposer de son corps dans cette zone des États-Unis est accompagnée d’un contrôle rigoureux, intensif et permanent. Dès lors que choisir ? La question est épineuse. Le sujet est extrêmement bien développé puisqu’il amène le lecteur à essayer de se positionner et se demander comment ils auraient pu éviter d’en arriver à ce stade. Néanmoins, j’aurai aimé que l’auteur pose un peu plus clairement le contexte : il est un peu difficile de suivre au départ sans savoir qui est qui et qui fait quoi. Peut-être est-ce dû au thème particulier (je n’ai pas lu d’autres romans de cet auteur) mais je trouve l’écriture un peu laborieuse. Cependant, le course poursuite entre Stengel et sa cible ont su me tenir en haleine et cela m’a permis de surmonter ces difficultés.