Et c'est ainsi que nous vivrons : Le livre de Douglas Kennedy

Aragon se posait la question : "est-ce ainsi que les hommes vivent ?" Douglas Kennedy, lui, est péremptoire : "et c'est ainsi que nous vivrons" ... en 2045 Et franchement, là, il n'y a pas de quoi se réjouir. Car les Etats-Unis sont désormais totalement désunis. Séparés en deux entités presque aussi alléchantes l'une que l'autre : d'un côté la République Unifiée, où l'on vit en totale liberté, parfaitement, .... sauf que chacun est équipé d'une puce permettant à l'oeil bienveillant de l'autorité de veiller sur le citoyen, et prévenir tout acte délictueux ou contraire à la loi du pays. Liberté, vraiment ? De l'autre côté de la frontière, la Confédération Unie où les Douze Apôtres contrôlent la population d'une main de fer. Ici on ne badine pas avec les choses de la foi, puisque l'on n'hésite pas à condamner au bûcher pour avoir osé "un épouvantable blasphème" contre le Christ ! Joyeux retour aux coutumes médiévales, merci Torquemada ! ... et l'amour du prochain alors ? Douglas Kennedy utilise les fractures qui meurtrissent actuellement son pays pour nous livrer une dystopie, d'autant plus éprouvante que l'on en entrevoit les prémices dans la société actuelle ! Bienvenue dans ce monde nouveau où Sam Stengel, l'héroïne, travaillant pour les services secrets de la république, va être amenée à accomplir une mission franchement déstabilisante pour elle. Car bien entendu, d'une zone à l'autre, on s'épie, on s'espionne, on se livre à des jeux dangereux.... et bien que Samantha soit une vraie dure à cuire, dressée à ne jamais céder à ses émotions, elle sera sévèrement éprouvée, et retrouvera (peut-être) un peu d'humanité ! Pour autant, Douglas Kennedy, qui comme d'habitude s'avère un excellent conteur, ne verse pas dans l'optimisme, que nenni, et nous livre un ouvrage bien amer à digérer .... si c'est ainsi que les hommes vivront !

Je suis un peu déçue par cette lecture. Les chapitres sont parfois imbuvables, ils auraient plus leur place dans un livre d'histoire plutôt que dans un roman. Je ne me suis pas attachée aux personnages et certains points de l'intrigue sont étonnants (je pense notamment au bond technologique, ça m'étonnerait que dans 20 ans on en soit à ce niveau)

Un seul mot : bouleversant. Dès le début, je me suis sentie mal à l'aise par la véracité des propos mais j'avais juste envie de savoir la fin. On s'attache très vite aux personnages et même les "méchants" c'est pour vous dire! Je ne suis pas fan des livres que nous pouvons qualifier de dystopie et pourtant j'ai vraiment dévoré l'histoire.

J’ai entamé ce dernier Douglas Kennedy a l’approche des élections américaines. Le choix s’est imposé naturellement tant le contexte politique actuel semblait faire écho au thème du roman. Il imagine ici un avenir dystopique où les États-Unis, divisés par une nouvelle guerre de Sécession, se scindent en deux entités opposées. En résulte une Amérique divisée opposant d’un côté une Confédération conservatrice quasi-théocratique, de l’autre une République hyper-technologique valorisant l’éducation et la culture mais imposant un système de contrôle absolu sur ses citoyens, allant jusqu’à annihiler toute intimité. Cette vision futuriste s’enracine dans les fractures contemporaines dont les prémices se situeraient au premier mandat présidentiel de Trump… Voilà un pitch ultra prometteur tant il résonne dans le monde actuel en prise aux crises successives exacerbant les dérives politiques. Hélas, cette richesse thématique s’effrite rapidement pour laisser place à un pseudo thriller d’espionnage qui manque d’un peu de souffle mais surtout de profondeur. Autant Kennedy a toujours su rendre ses personnages attachants même quand ils sont détestables, autant il échoue ici à leur insuffler une véritable humanité. Il manque ces petites vérités universelles où se mêlent espoir et imperfection, si caractéristiques de ses œuvres passées. Cependant, malgré quelques longueurs, j’ai apprécié l’exploration à outrance des 2 grandes dualités américaines pour en créer des dérives toxiques: le puritanisme exacerbé de la Confédération qui nous ramène à un recul des droits humains sous couvert d’Humanité, tandis que la République, au nom de la sécurité et de l’autonomie technologique, sacrifie les libertés fondamentales qu’elle semble pourtant vouloir tant protéger. Au final, j’aurais aimé une analyse plus mordante et un argumentaire plus acéré pour dénoncer ces dérives contemporaines et alimenter notre réflexion sur l’évolution, souvent inquiétante, de notre monde. Mais le traitement de ces deux sociétés opposées reste superficiel. En somme, Et c’est ainsi que nous vivrons est un roman aux ambitions immenses, mais qui manque de finesse dans son exécution. Si Kennedy brosse un tableau pertinent des fractures idéologiques qui minent notre monde, son récit ne parvient pas à se transformer en une œuvre marquante.