La Conjuration primitive : Le livre de Maxime Chattam

Imaginez un Monde où chacun peut laisser libre court à ses envies et ses pulsions, un Monde où la violence n'est pas punie et n'a pas de limites. Des crimes épouvantables ont lieu dans divers endroits, rapprochés par un symbole commun : *e. Alexis, Ludivine et leur équipe d'enquêteurs vont être confrontés à une rare violence, jusqu'à découvrir l'impensable. J'ai débuté cette lecture en audio avec la voix de Sylvain Agaësse (vraiment génial) puis je l'ai terminé sur liseuse. À écouter comme à lire, ce roman a été très prenant. C'était ma première lecture de Maxime Chattam et il est certain que ce n'est pas la dernière.

C'est trash. Probablement, un peu trop pour moi. Ce qui justifie ma note. Le rythme, cependant, est intense. Trois parties qui s'enchaînent, à une allure folle. L'enquête sort de ce que j'ai pu lire jusqu'à maintenant. Certains cheminements font réfléchir sur l'évolution de la société et rendent le sujet dérangeant. Je connais et visualise plusieurs des lieux cités... Cravovie, l'Écosse, l'Oise... cela a rendu ma lecture d'autant plus déstabilisante. Je testerais un autre livre de Chattam. En espérant que ces œuvres ne soient pas toutes si trash.

Difficile de ne pas saluer la créativité de l'auteur. Comment a-t-il pu avoir autant d'imagination pour décrire autant de scènes macabres et continuer à nous surprendre par tant d'horreurs ? J'en reste bouche bée! C'est peut être un vice mais lire des œuvres sur la psyché détraquée de tueurs est vraiment quelque chose que j'apprécie. Et Chattam le fait avec éclat! Il rentre dans leur tête, dans leur monde déséquilibré et nous le décrit ; c'est écœurant et en même temps fascinant. Qu'est ce qui a mal tourné ? Comment des gens peuvent-ils être aussi fous ? Et la fin! Mener l'enquête et aboutir à cette conclusion, c'est du génie. (et le fait que ça ait vraiment existé rend la fin encore plus phénoménale à mes yeux)

Avec La Conjuration Primitive, Chattam ne fait plus dans le frisson, il vise la moelle. Le mal, ici, n’est pas un homme. Ce n’est même plus une idée. C’est un réseau, un virus, une pulsation noire qui s’insinue partout. Un cri primal qu’on pensait oublié — mais qui, apparemment, ne dort jamais vraiment. Pas de pauses, pas de chapitres-pansements. C’est tendu du début à la fin, sec comme un riff de Rage Against the Machine : brutal, percussif, et pourtant diaboliquement bien écrit. Le style est clinique, chirurgical. Pas un mot en trop. On est dans l’autopsie froide du pire. Et Chattam ne détourne pas le regard. Nous non plus. Le trio d’enquêteurs fonctionne à merveille, surtout Ludivine, qu’on retrouve plus tard ailleurs, mais qui ici prend feu. On sent l’usure, le doute, l’intensité d’un monde qui se fracture à l’intérieur. Pas des héros. Juste des gens acculés par quelque chose qui les dépasse — et c’est ça qui les rend puissants. Ce qui fait la force du roman, c’est que, pour une fois, Chattam ne cherche pas à tout expliquer. Il montre. Il expose. Il balance. Il suggère que le mal n’est pas le fruit d’un traumatisme unique, mais peut-être quelque chose de beaucoup plus... primitif. Comme un cri qu’on aurait étouffé trop longtemps. Et là, le titre prend tout son sens. 5 étoiles, parce qu’il n’y a rien à jeter. Parce que chaque page transpire la tension, parce que ça tape au bon endroit, sans jamais chercher à rassurer. Pas une lecture confortable. Une lecture nécessaire. Un cri, un uppercut, un miroir sale tendu au lecteur. Et au fond, c’est ça La Conjuration Primitive : pas un roman à lire sous la couette. Un roman à encaisser. Comme un album furieux qu’on réécoute en boucle parce qu’on sait qu’il dit quelque chose de vrai — et qu’il n’y a pas d’échappatoire.