L'Appel du néant : Le livre de Maxime Chattam

J’ai beaucoup aimé la première partie du roman qui mêle tueur en série et terroriste, pour le coup c'est original. Mais dès que la partie tueur en série est bouclé, ça devient plus lambda avec une course aux terroristes vu et revu jusque dans son énième rebondissement très téléphoné. Alors c'est jamais chiant et Chattam a un vrai sens du rythme et il sait rendre ses personnages attachants.

Avec L’Appel du néant, Chattam revient à la Section de Recherches Criminelles comme un vieux groupe qui ressort ses amplis pour une tournée sale mais puissante. Et ce roman, c’est un riff bien grave : tendu, actuel, dérangeant. À mi-chemin entre le polar pur jus et le roman de société, sans jamais sombrer dans le prêche. Ludivine Vancker est là, toujours droite dans ses bottes, mais ce n’est pas elle qui fascine le plus : c’est l’ombre en face. Un tueur tapi dans les marges, un monstre qui n’a rien d’exotique. Pas de folklore ici : juste la réalité froide, celle des attentats, de la radicalisation, de la peur sourde qu’on évite de trop nommer. Et Chattam y va. Il ose. Sans provocation, sans effets de manche. Juste avec cette urgence dans l’écriture, ce truc qui grésille comme une ligne de basse en tension permanente. Le rythme est sec, nerveux. Pas de chapitres-pommade ici. Chaque scène sert, chaque dialogue creuse. On n’est pas là pour admirer la prose, on est là pour avancer, vite, et éviter de tomber dans le gouffre. Et pourtant, entre deux séquences de filature ou d’autopsie, Chattam glisse ses obsessions : l’inhumanité tranquille, le mal ordinaire, celui qu’on ne voit pas venir parce qu’il ne crie pas. Ce n’est pas parfait. Certains personnages secondaires auraient mérité plus d’épaisseur. Et la fin, bien qu’efficace, frôle la démonstration. Mais on s’en fout. Parce que le livre tape où ça fait mal, et qu’il le fait sans filtre, sans poser pour la photo. Il est tendu comme un concert de rock joué au bord d’une falaise. 4.5 étoiles, parce qu’il va au bout de sa logique, parce qu’il parle du monde réel sans faux-semblants, et parce qu’il le fait avec une honnêteté sèche. Pas un roman pour s’évader. Un roman pour regarder droit dans la faille. Et ne pas cligner des yeux.

L’équipe de Ludivine Vancker est appelée sur une scène de crime particulière : les rails du RER D près d’Evry. Cette enquête la mènera vers un serial killer très particulier mais pas que. Il s’agit du troisième tome avec le personnage de Ludivine Vancker. J’avais bien apprécié les deux précédents tomes et j’ai donc ouvert celui-ci avec envie. Mais dès les premières pages, j’ai senti que cette lecture n’aurait pas le même goût. En effet, j’ai eu du mal à entrer dans le récit à cause de l’alternative entre le passé et le présent. Savoir ce qu’il va arriver à l’un des personnages n’est pas fait pour mettre de l’intensité. Ensuite, le fait que l’auteur nous décrive tous les acronymes des différents services policiers ne m’a pas semblé utile et à plomber ma lecture. Puis, l’intensité venant tout doucement, j’étais embarqué jusqu’à ce que le récit dévie vers une autre thématique. J’ai l’impression d’avoir lu deux romans en un. Alors là, bienvenue dans Qu’est-ce que le terrorisme en dix leçons ? J’ai trouvé que les dialogues entre les protagonistes étaient trop longs pour expliquer cette thématique. Et le pompon c’est de faire croire aux lecteurs le décès de certains personnages. La première fois ça marche les autres fois, il ne faut pas me prendre pour une cruche. Quant au final, je l’ai compris. Donc au niveau tension, on repassera. J’espère que le dernier tome relèvera le niveau. Dans l’ensemble une lecture en demi-teinte car, malgré tout, les personnages principaux sont attachants.

Dans ce roman, l'auteur nous confronte à la cruelle réalité du terrorisme, phénomène mondial traité avec une intensité particulière dans le contexte français. La lecture s'avère psychologiquement éprouvante, compte tenu de la gravité du sujet abordé. Cependant, la plume fluide et captivante de Maxime Chattam atténue la rudesse émotionnelle du récit et en facilite grandement l'accès. Troisième volet d'une série, ce livre peut certes être lu indépendamment des précédents. Toutefois, la lecture préalable des deux premiers tomes enrichit considérablement l'expérience, en permettant d'apprécier pleinement l'évolution subtile et approfondie des personnages, et d'en saisir toutes les nuances psychologiques. Instagram @Chroniques_d_une_lectrice