La Maison noire : Le livre de Yûsuke Kishi

J avais adoré La Leçon du mal et celui-ci est tout aussi passionnant. C'est une nouvelle plongée dans la société nippone et le monde des assurances. On y apprend les agissements de certains clients pour bénéficier des primes d assurances c est hallucinant. En parallèle le monde des insectes et des araignées est parfois décrit en parallèle à celui des humains.

Contrats d’assurances- mort Avec une quatrième de couverture plus explicite, jamais je ne me serais engouffrée dans cette maison noire. La première partie donne bien le change : elle s’attache à détailler le système des assurances-vie nippones (vive la sécu !) … Univers bureaucratique très particulier avec des clients ayant appris à profiter du système. Le métier du héros, Wakatsuki, consiste à analyser le bien-fondé des demandes d’indemnisation liées à des décès… Décès ou meurtres ? Et pourquoi pas meurtres déguisés en suicides (pris en charge pas les assurances au Japon). Ainsi Yûsuke KISHI commence à tisser sa toile d’araignée et à introduire des personnages frustres, déconcertants puis de plus en plus inquiétants. Petit intermède intello/psy sur l’origine du mal, le fonctionnement des psychopathes. Sont-ils vraiment responsables du mal qu’ils produisent ? Quid du formatage de leur environnement dans l’enfance ? Eternel débat. Et quelques frayeurs plus loin, nous voici à l’entrée de la maison noire. Et me voici bloquée! Impossible de suivre Wakatsuki dans ses découvertes horrifiques… La trouille, j’ai eu la trouille ! J’ai fini par survoler les cinquante dernières pages qui m’ont donné la chair de poule. Voilà, c’est fini. Je n’aime pas les histoires rendues encore plus horribles par le regard inquisiteur et pointilleux de l’auteur…. Donc je n’apprécie pas « La Maison noire », mon cœur tendre a failli flancher. Mais Le talent de l’auteur est-il à mettre en cause pour autant ? Yûsuke KISHI est maître dans l’art de l’épouvante. Allez, 3 étoiles. Et l’on ne m’y reprendra plus!

Shinji Wakatsuki travaille dans une agence d’assurances. C’est un employé zélé qui ne laisse passer aucune erreur et traque sans relâche les arnaques aux assurances. Il reçoit un jour un étrange appel d’une personne qui cherche à savoir si on peut toucher les assurances en cas de suicide. Un peu plus tard, un homme lui demande de se déplacer pour faire un constat à son domicile. Wakatsuki n’est pas vraiment préparé à ce qu’il va voir : dans le salon de cette maison noire, le jeune fils de l’appelant se balance au bout d’une corde. Un suicide, comme le père le prétend ? Wakatsuki en doute d’emblée. Pour lui, c’est le début d’une enquête longue et minutieuse, à la hauteur de son zèle, ainsi que d’un véritable cauchemar qui va hanter ses journées et ses nuits. Après avoir publié « La Leçon du mal » de Yûsuke Kishi, les éditions Belfond publient un deuxième roman « La Maison noire », sachant que du point de vue de l’auteur nippon l’écriture de « La Leçon du mal » est postérieure à celle de « La Maison noire ». On y retrouve la troublante plongée dans les abymes de la psychè humaine, noire et compacte comme la vase au fond d’un étang, tout aussi délétère et putride. Le thème ici est celui de l’escroquerie aux assurances qui, apparemment au Japon, se contractent en de multiples exemplaires pour des gains faramineux. Quoi qu’il en soit des particularités culturelles, l’appât du gain reste une constante humaine. Et que n’inventeraient pas les citoyens pour toucher le pactole et se mettre à l’abri ? En toile de fond sont pointés les travers d’une société dans les années 1990 qui, vendant à tour de bras ces contrats, génère cupidité et stratégies adaptatives. Les propos de l’auteur sont étayés, et pour cause : lui-même a travaillé pendant plusieurs années dans une compagnie d’assurances. Parfois, d’ailleurs, quelques longueurs se font jour quand les procédures administratives sont décrites par le menu. Cela peut donner l’impression d’une sécheresse, une écriture clinique et à distance. Pourtant, avec ce thème vient aussi celui de l’âme humaine, sondée dans ses tréfonds et sa propension à l’avidité. Une tension, palpable d’emblée, s’accroît à mesure de l’intrigue, jusqu’à basculer vers une horreur à glacer les sangs. En bref un roman sombre, dérangeant, parfois technique dans les subtilités procédurales décrites, un peu long dans la mise en place de l’intrigue. La lecture devient toutefois passionnante quand éclate la vérité et que la menace prend forme. Au final, « La Maison noire » contient les prémices de ce qui fera le succès de « La Leçon du mal » : autrement dit, il m’a semblé moins abouti ou moins maîtrisé que celui que l’auteur écrira ensuite.

"La Maison noire" de Yusuke Kishie est un thriller efficace et bien rythmé, sans longueurs inutiles. L’enquête reste assez classique, mais le cadre original du monde des assurances lui donne une vraie personnalité. Les personnages sont bien construits et intrigants. La tension monte progressivement, jusqu’à une fin percutante, bien que trop rapide à mon goût. Une bonne lecture, sombre et maîtrisée