L'Affranchie : Le livre de Claudia Cravens

L’Affranchie raconte le destin de Bridget, jeune femme débrouillarde, orpheline et sans ressources, qui traverse seule les plaines de l’Ouest après la mort de son père. Repérée pour sa chevelure rousse, elle est engagée au Buffalo Queen, un bordel dirigé par des femmes. Dans cet univers à la fois rude et solidaire, Bridget découvre un foyer, une famille de substitution, et surtout, s’éveille à ses propres désirs et à son identité, dans un Far West réinventé, féministe et queer. L’intrigue s’attarde sur la vie quotidienne au Buffalo Queen, entre routines, rivalités et moments de tendresse. Mais le danger rôde : la violence du monde extérieur finit par rattraper cette fragile communauté, forçant Bridget à faire des choix déchirants entre loyauté, passion et survie. On sent la poussière des rues, on entend le brouhaha du saloon, et l’on partage les espoirs et les peines de ces femmes marginalisées mais puissantes. Claudia Cravens modernise le western en donnant la parole à celles qu’on relègue d’ordinaire à l’arrière-plan : ici, les femmes tiennent les rênes, manigancent et redéfinissent leur destin. L’écriture, à la fois fluide et ponctuée d’argot d’époque, renforce l’authenticité de l’immersion, tout en restant accessible Une lecture marquante, portée par une héroïne attachante. L’originalité de la perspective féministe et queer dans un western, la richesse des descriptions et la justesse du ton en font un roman à recommander à qui veut découvrir un Far West différent, plus nuancé et humain. Si le récit reste parfois un peu linéaire et contemplatif, il n’en demeure pas moins une belle réussite, à la fois instructive et émouvante, même si ce n’est pas un coup de cœur absolu.

On ne peut pas dire que Bridget ait eu un départ facile. Sa mère meurt à sa naissance et elle est élevée par un père alcoolique et dépressif. C'est elle qui survient à leurs besoins dès son plus jeune âge en effectuant des travaux à droite et à gauche. Quand elle a seize ans, elle part avec son père , traverse la grande prairie où paraît-il il a acheté des terres. Mais il meurt en cours de route et elle poursuit seule son chemin, marchant des jours et des jours. Elle arrive enfin à Dodge City, épuisée, amaigrie, affamée, elle est recueillie par Lila, une des deux tenancières d'un des bordes de la ville. Tout lui semble merveilleux. Elle qui n'a jamais rien eu, elle est logée, nourrie, chauffée. Elle se met très vite au diapason dans son nouveau métier. Certes, c'est un peu long à lire. Mais c'est bien écrit, l'histoire est bien menée et on est transporté dans cette petite vielle des Etats-Unis. Un western où les femmes jouent le rôle principal et sont à l'honneur, c' n'est pas très courant. Sympathique !

J’ai commencé L’Affranchie sans trop savoir dans quoi je m’embarquais, mais pleinement séduite par la promesse d’un « western queer et féministe » mise en avant dans la communication autour de ce livre. En plus de ça, j’ai tendance à faire confiance à la maison d’édition Les Escales les yeux fermés, tant leurs publications m’ont rarement déçue. Au final, ce livre a parfaitement rempli sa mission : me faire voyager à travers le temps et les époques. J’ai adoré découvrir le Far West, un univers que je connais assez mal, à travers les yeux de Bridget. Ce personnage, imparfait, mais terriblement attachant, m’a captivée par sa complexité et sa force de caractère. J’y ai trouvé exactement ce que je recherche dans ce type de lecture : la découverte d’un autre monde, d’autres codes, et un regard neuf sur des réalités historiques que je ne connais pas (ou alors très mal). La façon dont Bridget évolue au fil des pages, confrontée à ses choix et à ses désirs, donne une véritable profondeur à ce récit. Cependant, la forme du livre pourrait en dérouter certains, notamment ceux qui, comme moi, sont plus familiers des récits rythmés par des intrigues rapides, caractéristiques en romance ou en fantasy. Le style est résolument contemplatif : il s’agit davantage d’observer une vie, de suivre le quotidien de Bridget sans que l’action ne prenne le dessus. Bien qu’il y ait un fil rouge narratif, ce n’est pas l’intrigue qui est au cœur du roman, mais plutôt l’ambiance, les réflexions intimes et les micro-événements du quotidien. Il faut aborder ce livre comme une fenêtre ouverte sur une époque : on observe, on ressent, mais sans l’attente constante d’un rebondissement spectaculaire. En conclusion, ce livre est une expérience de lecture différente, mais riche, qui mérite qu’on s’y attarde.

Une histoire prenante et un parti pris très interessant d’utiliser le western afin de raconter une histoire féministe et queer. J’ai beaucoup aimé l’ambiance du Queen, les relations entre les prostituées, les enjeux de sécurité et de pouvoir dans cette petite bourgade plus dangereuse qu’elle ne le laisse paraître. Malgré quelques longueurs, j’ai beaucoup apprécié cette histoire ainsi que le personnage de Bridget, jeune femme passant de victime à actrice de sa destinée.