Toutes blessent la dernière tue : Le livre de Karine Giebel, Lila Tamazit

Quelle folie ce livre, l’un de ceux qui vous marquent au fer rouge. L’un de ceux qu’on n’oublie pas. 700 pages à toute allure, faut le faire ! Du Karine G., du grand, du lourd, du dur. A recommander évidemment, du moins à ceux qui ont le cœur bien accroché.

Karine Giebel nous livre ici un roman coup-de-poing sur l’esclavage moderne et l’exploitation des enfants. On suit Tama, arrachée à son Maroc natal sous de fausses promesses de vie meilleure. Ce qu’elle découvre en France est un enchaînement de violences physiques et psychologiques : affamée, battue, exploitée, elle survit dans un monde où l’humanité semble avoir disparu. Pourtant, au cœur de cet enfer, Isri, le fils de sa bourreau, devient son seul repère. Leur relation, aussi intense que destructrice, oscille entre amour et emprise, lumière et ténèbres. En parallèle, Gabriel, tueur à gages vivant reclus dans les bois, incarne une autre forme de solitude et de douleur. Son histoire ajoute une tension dramatique supplémentaire. Le roman est dense, parfois un peu long, mais toujours percutant. L’écriture est directe, sans fioritures, et les scènes les plus dures sont décrites avec une justesse qui glace le sang. On ressort de cette lecture bouleversé, avec des questions plein la tête : jusqu’où peut-on aller par amour ? Que reste-t-il de nous après la vengeance ? Et surtout, le beau temps vient-il toujours après la pluie ? Un roman noir, humain, dérangeant, mais nécessaire. À lire pour ne pas oublier.

Quand vous commencez Toutes blessent, la dernière tue, vous ne vous attendez pas a ne plus pouvoir décrocher de l’histoire. Les pages sont nombreuses, les sujets abordés au combien difficiles et le livre se lit se pourtant avec une telle facilité. Une fois qu’on est lancé, impossible de s’arrêter de tourner les pages. On se prend d’affection pour cette jeune héroïne, on se demande jusqu’où la cruauté peut aller et combien de temps l’espoir peut faire tenir…

Un mélange moderne de "Les Hauts de Hurle-Vent" pour ce qui est de la soif de vengeance et de la haine, saupoudré d'un peu de "L'assommoir" en ce qui concerne la description des bas-fonds et des bas instincts de la société, mais malheureusement sans la qualité littéraire ni la poésie de deux romans cités. Je ne comprends pas à vrai dire autant d'enthousiasme. J'ai lu le roman jusqu'au bout, poussé sans doute par une forme de voyeurisme malsain et par des commentaires élogieux...et je voulais savoir malgré tout comment allaient finir les protagonistes...et surtout Mejda. Au moins sa fin ne m'a pas déçu...mais je ressors de cette lecture profondément mitigé. Il y a des passages intéressants...cette haine et soif de vengeance de Gabriel auraient pu être plus approfondies. Les sévices de Tama me paraissent exagérés...au point de rendre la lecture peu crédible. La mécanique qui pousse tout être humain à la cruauté a été bien travaillée je trouve pour certains personnages (Izri, Mejda), mais pour d'autres (Greg), ça m'a semblé caricatural. Mais ce qui m'a manqué surtout, c'est un emportement littéraire. La qualité de la plume est quelque peu absente; néanmoins on peut apprécier certains passages et la bonté d'âme de Tama qui s'accroche naïvement à son sauveur.