Toutes blessent la dernière tue : Le livre de Karine Giebel, Lila Tamazit

Karine Giebel nous plonge dans un thriller psychologique intense et sombre, où la violence, la souffrance et la quête d’identité se mêlent dans un récit à deux voix. Le roman alterne entre les points de vue de Tama, jeune femme victime d’un esclavage moderne, et de Gabriel, un homme brisé, hanté par ses démons personnels. Ce roman est une plongée puissante et dérangeante dans les tréfonds de la souffrance humaine. Karine Giebel ne fait pas de compromis : son écriture est à la fois crue, réaliste et souvent bouleversante. Elle nous confronte directement à la violence sous toutes ses formes, sans jamais la gommer, ni l’adoucir, ce qui rend la lecture parfois difficile mais nécessaire. La construction du récit, alternant passé et présent, dévoile progressivement la connexion mystérieuse entre les protagonistes, tout en maintenant une atmosphère oppressante. Le lecteur est invité à comprendre les mécanismes de la violence et de la résilience, à travers des personnages profondément humains et marqués par leurs blessures. J’ai particulièrement apprécié la manière dont l’autrice a construit ses personnages. Elle décrit sans fard la brutalité subie par Tama qui malgré son destin tragique, dégage une force et une résilience impressionnantes, mais aussi la complexité intérieure de Gabriel, à travers des monologues intérieurs puissants et une narration parfois fragmentée qui traduit l’instabilité psychologique des personnages. Leur rencontre est à la fois douloureuse et porteuse d’espoir, ce qui donne au récit une tension émotionnelle forte. J’ai aussi aimé que l’auteur ne se contente pas d’une intrigue noire pour le suspense, mais qu’elle interroge plus largement la nature humaine, les mécanismes de la violence, et les possibilités de rédemption. C’est un roman exigeant, qui ne laisse pas indifférent. Les romans de Karine Giébel sont réputés tant pour leur noirceur que pour leurs fins tragiques. Elle signe ici un roman où la douleur se fait palpable, mais où la lumière persiste malgré tout, incarnée par la force de survie de ses personnages. Ce roman interroge aussi la frontière entre victime et bourreau, et invite à une réflexion sur la rédemption et la justice. C'est un roman où l'amour et la haine s'enlacent, où l'on comprend toute la proximité de ces sentiments. Avec ce roman, je suis devenue une inconditionnelle de Karine Giebel, dont il faut reconnaître toutefois que là, elle a vraiment frappé un très, très, grand coup. 740 pages au total, qui se lisent avec une rapidité déconcertante, c’est un véritable coup de cœur que je ne peux que recommander.

Wow… où ai-je mis les pieds ? C’est mon bouquiniste qui m’a conseillé ce roman alors que je flânais du côté des thrillers, sans trop savoir quoi choisir. J’avais envie de sortir de ma zone de confort, je ne savais juste pas que j’allais m’y engouffrer aussi violemment. On est clairement loin du style de La Femme de ménage (ah ah !), ici, ça secoue fort. Mon bouquiniste m’avait prévenue : “Après Giebel, les autres thrillers auront un goût d’inachevé.” Je ne dirais pas ça, mais il faut reconnaître qu’elle m’a mis une belle claque. Ce n’est pas un coup de cœur, mais j’ai été happée par l’histoire, servie sur deux temporalités : Tama, prisonnière d’une vie d’esclave moderne, et Gabriel, homme rustre et solitaire, perdu dans les Cévennes. Plusieurs fois, j’ai cru deviner la fin et chaque fois, Giebel m’a prise à contre-pied. C’est une lecture aussi captivante que dérangeante, parfois écœurante, souvent malaisante. Les personnages sont profondément travaillés, avec une vraie psychologie, mais j’ai trouvé que l’autrice tombait parfois dans la surenchère, rendant certaines situations un peu trop extrêmes pour rester crédibles. Malgré ça, j’ai adoré ma lecture et je regrette de ne pas avoir découvert Karine Giebel plus tôt. Il me tarde de me plonger dans Le Purgatoire des innocents, déjà dans ma pile à lire, j’espère qu’il sera à la hauteur du choc que m’a laissé celui-ci.

Que dire, à part bravo ? Ce roman est une claque : c’est, à mon sens, un livre dont on ne se remet jamais vraiment. Il est choquant, percutant, immersif, dérangeant, sombre, haletant, beau et infiniment émouvant. Tama nous touche du début à la fin du roman ; il n’y a pas un seul chapitre qui ne laisse pas de trace. C’est un véritable uppercut littéraire ! Instagram : @polarvore

J'avais beaucoup aimé ma première lecture de Karine Giebel - "Juste une ombre". Elle lorgnait déjà beaucoup du côté de la noirceur humaine. Mais là, on plonge littéralement dans les ténèbres et dans ce qui se fait de plus abject dans notre espèce. Peut-être par qu'elle touche à l'intégrité physique d'une enfant. Tama est une enfant quand elle débarque forcée (vendue par son père pour un avenir meilleur) chez une famille d'apparence convenable mais très vite diabolique. Elle leur sert tout bonnement d'esclave et de souffre-douleur. Gabriel est un homme blessé, anéanti par une perte douloureuse et visiblement irréparable. Quand une jeune femme perdue et blessée se réfugie dans sa demeure isolée, il ne sait que faire entre la sauver ou la supprimer. Nous suivons donc, durant 800 pages, ces deux histoires en parallèle, avec davantage de traitement pour la première. Je passe sur les innombrables supplices subis par la petite Tama et ses mésaventures continues, vous les découvrirez bien assez vite si vous lisez le livre. C'est noir, affreux, douloureux, même inimaginable à quel point les êtres que l'on croise dans ce roman sont sordides et dénués d'humanité. Si vous tenez le choc, vous lirez le livre assez rapidement car on veut savoir la suite, comme attirés par une sorte de voyeurisme dérangeant. Je ne sais pas ce qui peut bien motiver Karine Giebel parfois: dénoncer? Filer la nausée face à ces crimes innommables? Je l'espère. En tout cas, il n'est peut-être pas besoin d'aller jusqu'à autant de pages de sévices pour que l'on comprenne son but. Elle pourrait faire plus court. On souffre avec Tama, on espère avec elle via les quelques lueurs éparses au fil des pages, mais si rares. J'aime son style d'écriture et comment elle parvient à définir ses personnages et les situations, mais je vais clairement avoir besoin de me plonger dans quelque chose de plus solaire.