Le dernier roman de l’écrivain américain Bret Easton Ellis, Les éclats (The shards en anglais) est désormais disponible au format poche aux éditions 10/18. L’occasion de relire ou de découvrir pour la première fois cette fausse autofiction aux airs de thriller. Voici 8 excellentes raisons de le faire.
« Les éclats » de Bret Easton Ellis
Los Angeles, 1981. Le jeune Bret Ellis, 17 ans, commence son année de terminale au lycée ultrachic et privilégié de Buckley. Bret fait partie de la bande des élèves populaires. Il y a Thom Wright, talentueux capitaine de l’équipe de football et sa petite amie Susan Reynolds, merveilleuse présidente des élèves. Il y a aussi Deborah Sheffer dont la silhouette rappelle celle des mannequins des magazines et Matt Kelner, un élève un peu marginal mais cool.
En façade, ils sont beaux, riches et insouciants. Mais chacun garde ses petits secrets qui risquent de voler en éclats lorsqu’un nouvel élève arrive au lycée. Robert Mallory, beau comme un dieu, est tout de suite adopté par la bande des populaires. Excepté Bret qui se méfie de lui.
Bret en est sûr : Robert est lié au Trawler, ce tueur en série qui sévit au même moment à Los Angeles. Le Trawler a déjà assassiné trois lycéennes, mais personne ne semble s’en soucier. Qui sera le prochain ?
8 raisons de lire « Les éclats »
C’est le grand retour de Bret Easton Ellis ! L’auteur d’American Psycho et de Moins que zéro n’avait pas écrit de roman depuis Suite(s) impériales, publié en 2010. Les éclats est son septième. Et pas n’importe lequel. S’il a fallu attendre 13 ans pour lire Les éclats, la genèse de ce livre débute en réalité bien avant.
Bret Easton Ellis raconte qu’il a commencé l’écriture de ce gros roman (912 pages dans son édition poche) à ses 17 ans. Mais à l’époque, il n’a pas la maturité nécessaire et laisse ce projet de côté pendant de nombreuses années. À la place, c’est Moins que zéro qui voit le jour en 1985, alors que Bret Easton Ellis a tout juste 21 ans.
Serait-ce donc l’œuvre la plus monumentale de Bret Easton Ellis, celle qui attendait patiemment dans l’ombre ? À vous d’en juger.
Bret Easton Ellis écrit toujours sur ce qu’il a vécu personnellement. Cela n’a jamais été aussi explicite que dans Les éclats. Le narrateur et personnage principal s’appelle Bret Ellis. Il a 17 ans. Il rêve de devenir écrivain et s’applique à rédiger son premier roman, Moins que zéro. Comment faire moins autobiographique que cela ?
(c) Bret Easton Ellis, 1982 yearbook photo from the Buckley School, Sherman Oaks, Calif.
Le cadre a de quoi faire rêver. Los Angeles, les hauts palmiers et les pool party dans des villas de luxe. Les élèves du lycée Buckley viennent en cours en cabriolet Mercedes alors qu’ils ont 17 ans. Dans leur uniforme prestigieux, ils sont tous beaux, riches et cool.
Comme dans ses autres romans, Bret Easton Ellis dépeint la jeunesse dorée des années 1970-1980. Les cigarettes au clou de girofle, l’alcool, la drogue, c’est tout ce qui compte pour ces privilégiés. Il y a aussi le cinéma et la musique, en toile de fond, et bien sûr le sexe. Mais rien n’est vraiment important, pas même la menace d’un serial killer sévissant dans les environs.
Tout le monde joue le jeu du paraître, et le jeune Bret mieux que quiconque. Seule l’arrivée d’un nouvel élève, Robert Mallory, risque de briser ce verre poli de façade et tout faire voler en éclats.
Vous rappelez-vous Patrick Bateman, dans American Psycho ? Bret Easton Ellis revient avec un tueur en série du même acabit dans Les éclats. Il s’agit cette fois du Trawler. Traduction en français : « le chalutier ». On vous laisse imaginer pourquoi…
Ce tueur en série est glaçant, d’abord à cause de son mode opératoire particulièrement malsain. On ne vous révèle rien, mais il est question de sacrifice, de mutilations et d’animaux de compagnie.
Au début du roman, on apprend que trois lycéennes ont déjà été tuées dans les environs par ce psychopathe. Et cela ne semble inquiéter ni émouvoir personne. Sauf Bret.
Cette angoisse est pourtant bien légitime : les lycéens de Buckley habitent de grandes villas désertées par des parents irresponsables. Ce sont des proies faciles. Trop faciles.
Vous sentez la tension qui monte ? Ce n’est que le début.
Bret Easton Ellis vous prévient dès la fin du prologue : 3 personnages vont mourir. Bien évidemment, il ne précise pas lesquels. Avec un tueur en série dans les parages, qui se délecte de tuer des lycéennes, la tension est à son comble.
L’auteur joue avec vous de la première à la dernière page. Vous n’aurez de cesse de deviner qui de Susan ou de Debbie sera la prochaine victime. Car le Trawler n’a assassiné que des filles pour l’instant, non ?
Mais Bret Easton Ellis parle de bien de 3 victimes. Thom et Matt seraient-ils également en danger ?
Entre autobiographie et roman, entre souvenirs de lycée et thriller fictif, où est la limite ? Là encore, Bret Easton Ellis joue avec vous.
L’auteur avait bien 17 ans en 1981. Il est bien allé au lycée privé de Buckley. Mais si vous tapez « Trawler » dans Google, vous ne trouverez que des photos de chalutiers. Aucune trace d’un tueur en série portant ce nom dans les années 1980.
Comment distinguer les événements qui sont vraiment arrivés à Bret Easton Ellis dans sa jeunesse et les épisodes qu’il affabule ? C’est tout le sel de ce roman.
144, c’est le nombre de chansons qui sont mentionnées dans Les éclats. Boys don’t cry des Cure, Start me up des Rollings Stones... On vous entend déjà fredonner.
Ces chansons font partie de la toile du fond du roman mais elles sont bien plus que cela. Les paroles font échos aux pensées du narrateur. Il les utilise comme confirmation de ses intuitons et de sa vision fantasmée du réel.
Grâce à elles, vous plongerez dans les années 1970-1980, sans parler des films iconiques mentionnés par Bret Easton Ellis : Shining, Les Aventuriers de l’Arche Perdue…
On ne saurait trop vous conseiller de lire le roman en musique. La playlist complète est disponible sur toutes les plateformes.
Les éclats a des qualités cinématographiques. On imagine tout de suite l’adaptation en film, ou mieux, en minisérie. Bonne nouvelle, Bret Easton Ellis est en train de travailler avec HBO. Il écrira chaque épisode de sa nouvelle mini-série.
On a hâte d’en savoir davantage !
Alors, vous êtes convaincus ?
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