Trois questions à Jonathan Werber

1. Pourquoi avoir voulu écrire un roman qui se déroule dans une maison de retraite ? Est-ce important pour vous de dénoncer les mauvais traitements et dérives potentielles qui peuvent arriver dans ces endroits ?

J'ai découvert l'univers des maisons de retraite en allant y voir ma grand-mère atteinte de démence sénile. Cet univers m'a fasciné parce que je m'y suis aperçu que c'était le seul endroit où perdre la tête était considéré comme normal. L'ambiance qui y règne est aussi vraiment singulière, beaucoup de personnes âgées reprennent de l'énergie une fois qu'ils ne sont plus freinés par les tabous de leur surmoi. C'était bien différent de l'image que je m'en faisais et m'a vite passionné. Cela fait quatre ans que je veux écrire une histoire dessus. Je me documente et je lis tous les essais sur le sujet qui me passaient sous la main. J'ai aussi eu la chance d'avoir pu interviewer beaucoup de gens travaillant dans le milieu. Traiter des dérives est important, mais ces dernières sont pour moi un symptôme de la direction que prend notre société, celle de la productivité à tout prix dans un monde où plus personne n'a le temps de rien. Étrangement, ce que l'on observe en maison de retraite, c'est que les résidents ont tout le temps libre du monde, ils font face à l'ennui car ils n'ont pas leur smartphone pour remplir chacun des moments de vide qu'ils peuvent avoir. Tout ce qu'ils demandent c'est un peu de compagnie mais plus personne ne peut la leur offrir faute de budget, alors je leur ai imaginé un compagnon ou devrais-je dire une compagnonne, même si c'est celle qu'ils ont le moins envie de voir : mon IA, Eve39. 

2. À la fin de ton livre, vous donnez au lecteur des pistes pour apprendre à écrire. Pourquoi vouliez-vous partager ces conseils ?

J'écris toujours avec le but de faire sortir mon lecteur grandi une fois le livre fini. Dans La meilleure écrivaine du monde, je veux lui faire découvrir ce qu'est l'IA, les maisons de retraite, ainsi que le métier d'auteur (tout en lui offrant un thriller qu'il n'est pas prêt d'oublier évidemment). 

J'aime toujours utiliser la postface pour discuter un peu avec mon lecteur, en enlevant mon masque de narrateur, me mettant ainsi à nu, afin qu'il puisse voir qui est la personne qui lui a livré ses pensées pendant ces trois cents pages. (C'est un peu ce que je fais aussi ici d'ailleurs). Eve39 en  apprend beaucoup sur l'écriture pendant son aventure. Il me semble essentiel de rassembler mes pensées clairement afin qu’un auteur novice, avec l’envie de se lancer dans la fabuleuse aventure du roman, puisse suivre mes conseils en fin de livre.

3. À qui conseiller votre livre ? 

Ha ha.. Question pas simple ! J'écris toujours avec l'idée d'un livre qui doit me plaire, et je suis extrêmement difficile. Si comme moi, vous cherchez un livre qui vous surprend à chaque page, vous présente des héros comme vous n'en avez jamais vu auparavant et vous offre une nouvelle perspective sur le monde, La meilleure écrivaine du monde est faite pour vous. Je sais que beaucoup de gens sont effrayés par l'IA et j'ai vraiment écrit ce roman pour la démystifier de manière ludique. Une fois le roman lu, vous comprendrez tout ce qu'il y a à savoir dessus sans que jamais ça ne vous ait paru compliqué.

En savoir plus sur le roman : 

La Meilleure écrivaine du monde

Jonathan Werber

Robert Laffont

Roman Français

Ève version 39 est une intelligence artificielle pas comme les autres : c’est une auteure en devenir. Son créateur, Thomas, lui a fixé un objectif : produire un polar qui renouvellera le genre. Si elle a lu tous les livres publiés sur le sujet, il lui manque quelque chose pour être réellement originale : comprendre ce que signifie « être humain ». L’amour, la tristesse, la folie… autant d’émotions qui se vivent avant de pouvoir s’écrire. Afin de l’aider à en faire l’expérience, Thomas lui donne accès au lieu où il travaille : la maison de retraite des Topazes.
Alors qu’elle explore ce curieux univers, Ève39 rencontre Barbara, une psychologue à l’humour corrosif, Annie, une commère diabétique en mal de sucreries, ou encore Navassier, un directeur aussi arriviste qu’autoritaire, chacun lui offrant une nouvelle définition du mot « personnage ». Mais, bientôt, d’étranges événements surviennent, bouleversant l’esprit des résidents. Rapidement les questions s’enchaînent : qui peut bien en vouloir à ces anciens que plus personne ne vient visiter ? Et pourquoi Ève39 semble-t-elle la seule à se soucier de leur sort ?
Pour connaître la vérité, elle n’a qu’une option : mener l’enquête et résoudre le mystère qui lui offrira, elle l’espère, son polar idéal.
 
Après deux suspenses historiques remarqués, Jonathan Werber met son art du scénario au service d’un sujet contemporain : l’IA. Celle-ci maîtrise l’écriture, mais pas encore la peur. Roman original qui emporte et touche, mariant émotion et tension narrative, ce livre réserve bien des surprises. Un page-turner différent, et un auteur qui s’affirme.
 

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