Le passé est ma saison préférée : Le livre de Julia Kerninon

Numérique

Julliard

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" Ce petit livre hybride tisse des fils en apparence distincts : la trajectoire extraordinaire de Gertrude Stein et le caractère périlleux du succès dont elle a fait l'expérience, mais aussi ma fascination esthétique pour le passé, certaines spécificités de la langue anglaise à laquelle je me frotte régulièrement en tant que traductrice, le travail complexe et sans cesse recommencé de l'écriture, et ce que signifie être une femme en littérature, hier et aujourd'hui. "
Avec cette évocation littéraire et personnelle de Gertrude Stein, Julia Kerninon livre une forme d'autobiographie par détours ponctuée de fulgurantes réflexions sur l'écriture et la force du passé.

De (auteur) : Julia Kerninon

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Trirozza

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

"A rose is a rose is a rose." La mère de Julia Kerninon lui prononce cette phrase quand elle est encore enfant : elle se rappelle de la manière dont elle a été marqué par celle-ci et découvre, en même temps, son autrice : Gertrude Stein. Cette phrase, c'est l'amorce du livre : elle va tirer de là une sorte de biographie de l'autrice à travers sa vie évidemment, mais surtout à travers son œuvre et son écriture. En courts chapitres très bien construits, Julia Kerninon nous permet de (re)découvrir Gertrude Stein. Elle déroule sa vie en ajoutant des incises pour réfléchir à ce qu'est une femme artiste, ce que peut être l'écriture, l'importance du passé dans la vie d'aujourd'hui et celle de demain. Ce sont beaucoup de petites touches qui amènent des réflexions variées et intéressantes. Une citation me plaît particulièrement et correspond au sujet qui m'a le plus touchée, c'est-à-dire cette possibilité de raconter des histoires, raconter ce qui est advenu : "Quand on y pense, la vie n’est que chaos, pourtant les histoires que nous bâtissons infatigablement à son sujet cherchent à la structurer, la rendre logique, rythmée, inoffensive, pour la maîtriser, l’apprivoiser. Nous posons des mots sur les choses dans l’espoir confus de les oblitérer, les baguer comme des oiseaux, les immobilier, les circonscrire. De tous nos comptes-rendus du passé, nous excluons certains épisodes au profit d’autres, comme nous trions avec plus ou moins de soin les objets à placer dans une valise avant un périple – en écrivant sur le passé, nous choisissons notre bagage, ce que nous acceptons de continuer à porter en nous, et donc aussi, en contrechamp, ce dont nous préfèrerions être débarrassés. C’est évidemment un acte d’autorité – dans la masse informe de ce qui est advenu et irrattrapable, découper soigneusement une partie de la carte, pour dire que c’est à cet endroit que les choses importantes se sont déroulées, et que le reste n’était qu’accessoire. La vérité, c’est qu’à l’écrit comme à l’oral nous mettons en lumière les parties que nous comprenons, celles dont nous pensons pouvoir tirer quelque chose. Les mots que nous choisissons, parfois à notre insu, composent une histoire aux dépens de toutes les autres. Dans l’élan d’écrire sur le passé, je crois qu’il y a toujours le désir conscient ou non d’imposer sa version des choses." (page79-80)

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Claire45

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

A partir d'un vers de Gertrude Stein et de sa lecture de l'Autobiographie d'Alice B.Toklas, l'autrice retrace le passé de cette femme et son influence dans les milieux artistiques du Paris de 1920. Elle évoque ses relations avec Picasso, Hemingway, Matisse mais parle surtout de son influence sur elle-même, son écriture, sa passion pour la lecture dès l'enfance, le rapport du passé au présent. J'ai beaucoup aimé les pages où elle célèbre la langue anglaise ! D'ailleurs le sous titre précise : "Le prétérit ou Gertrude Stein " Belle découverte.

Maisouimadame

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

Une jolie lecture hybride qui peut être une biographie littéraire. C’est un peu comme si l’autrice au détour d’un souvenir d’une réflexion que sa mère lui a faite retrace sa biographie avec les livres qui ont marqué sa vie. Et aussi la vie de Gertrude Stein car la citation vient d’elle : « À rose is a rose is a rose » De l’importance des mots, des traductions, de la grammaire, du prétérit, de la ponctuation bref la matière de la lecture. Comme une sculptrice elle retrace tout cela et donne forme a sa passion en convoquant la vie de Gertrude Stein. Femme aisée qui n’a pas eut besoin de se marier pour assurer son avenir, qui commence des études de sciences humaines puis de médecine, qui collectionne les œuvres d’arts. Elle devient l’amie de Picasso qui la fera poser 86 fois : « Quand elle découvre les œuvres d’arts résultat, Gertrude apprécie : « J’étais et je suis toujours contente du portrait. Pour moi, c’est moi. C’est la seule reproduction de moi qui soit toujours moi. » Tout le monde avait dit que le tableau n’était pas ressemblant, ce à quoi Picasso répondait fermement « Elle lui ressemblera » » page 48 Gertrude Stein est une poétesse américaine qui rencontra un succès avec « Autobiographie d’Alice B. Toklas», livre qui parle du Paris des années 20 et qui lui attira les foudres d’Ernest Hemingway. « Elle est la première femme à s’écrire sa propre épopée » page 54 Dans la lecture de Julia Kerninon on croise Sylvia Plath, Picasso, Matisse, … Virginia Wolf. C’est un livre qui donne envie de livre d’autres livres! « Peut-être que pour nous comprendre pleinement, nous devons d’abord nous accepter comme fictions » page 57

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fuji

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

Retour de Julia Kerninon avec un essai, véritable acte de résistance. Les lecteurs y retrouveront les thèmes qui lui sont chers, la passion des textes et leurs effets sur la construction des êtres ; « un cerveau bien soigné ne se fatigue jamais » et par conséquent la littérature est un élément fondateur. Nous imaginons très bien la petite fille qui reçoit en cadeau la machine à écrire de sa maman et qui a accès à une bibliothèque bilingue bien fournie et emplie d’ouvrages qui nous donnent l’illusion qu’ils se parlent entre eux, correspondent ou se contredisent, mais tous sont fondateurs. Mais malgré tout la jeune femme n’est pas exempte de doute : « À vingt ans, dans Budapest enneigée, je ne possédais rien d’autre que ma peur d’échouer. » Dans cet essai l’auteure mêle l’intime et l’analyse la vie et l’œuvre de Gertrude Stein, véritable monument d’émancipation, qui fait fi des injonctions de son époque et construit sa vie avec un matériau qui est elle-même et l’évolution de ses passions. Elle démontre comment on peut ne pas se couler dans le moule commun et avancer tête haute. Elle fait entrevoir l’ambiguïté du succès, comme la bipolarité, des vagues d’abattement et d’ivresse. C’est ainsi qu’elle se distingue par une particularité que Julia Kerninon trace d’un coup de plume comme un coup d’épée qui laisse une cicatrice ineffaçable : « Être parvenue à faire une aventure non pas de son argument, mais de sa phrase elle-même, quel génie. » Un essai intelligent qui creuse un sillon, qui trace une voie où les lecteurs peuvent s’abreuver, pour les assoiffés de belle littérature. En conclusion un magnifique essai, qui nous montre les forces et les fragilités d’un art qui me fascine, l’écriture. ©Chantal Lafon

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Français
  • EAN
    9782260056768
  • Collection ou Série
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Filigrame numérique

L'auteur

Julia Kerninon

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