Respect : Le livre de Anouk Grinberg

Livre marquant sur un thème qu’on ne parle pas forcément mais qui est malheureusement présent. Anouk Crinberg donne une confidence à ses lectures sur son passé rempli dès le plus jeune âge de violence (en particulier sexuel). Cet œuvre est marquante dans le sens où on se remet en question sur la gestion de la société, de où on vie, ce que l’on vie etc suite à cette malheureuse histoire…

Ce récit est tout simplement déchirant et il m'est très difficile de trouver les mots pour vous en parler. L'autrice nous raconte son histoire et les hommes qu'elle a croisés au cours de sa vie et qui l'ont niée, violentée, détruite. Un récit très fort mais aussi très courageux où la parole intervient comme un besoin d'extérioriser pour mettre fin à l'horreur. Il est ici question de violence masculine mais aussi d'impunité et d'omerta. Anouk Grinberg dénonce le rôle de la société dans ces situations vécues par des millions de femmes. Cette machine infernale qui broie des vies. La honte, la culpabilité et la parole comme arme de lutte. La victimisation des coupables, le déni, la bienpensance et la domination sont autant de sujets qui nous heurtent au fil des pages. Une histoire terrible, en apparence privée, mais finalement tragiquement banale. Et en conclusion, un appel à l'humanité et une petite dose d'espoir pour refuser l'inacceptable. Il n'est pas question de vengeance ici mais d'égalité. Un livre nécessaire qui bouscule. Une lecture difficile, incisive. Une veritable claque !

J'ai cru avoir des difficultés à rentrer dans ce livre déchirant : j'étais à la montagne par une douce journée de pluie, et je me demandais ce qui m'avait pris de prendre le récit nécessairement douloureux de l'ex-compagne de Bertrand Blier... Oui mais voilà, Anouk Grinberg reste celle qu'elle est. On croit ne pas pouvoir supporter ces confidences fiévreuses, dévorées de sincérité, son ton nerveux, à bout de souffle... et on se trouve cueillie, en quelques lignes, par l'absolue radicalité de son style, par une tournure de phrase jamais lue, en cœur à cœur absolu. C'est un tour de force impressionnant de basculer le voyeurisme en confiance, et la brutalité en lumière. Respect donc, pour ce livre et pour le reste, pour sa démarche, son jusqu'au boutisme. Que ce soit dans les relations avec Blier ou le silence de la famille, Grinberg frappe juste et justement. Respect.

Page 108 : " Cette voix disait, tu mens, tu inventes, il ne s'est rien passé, ces gens ne t'ont rien fait, tu es juste une ratée". Je m'attachais au mât pour ne pas écouter ces sirènes. Plus loin : "Finalement tous ceux qui m'ont fait souffrir m'ont servi de propulsion à échapper au malheur, ne jamais leur ressembler, ne pas être méchante, hypocrite ou pire, indifférente. Je voulais être digne et brave, je recousais le tissu déchiré, chaque jour je recousais". Deux phrases plus efficace sur le lecteur frère de douleur avec l'actrice, que plusieurs années de psychothérapie. Son récit est une plaie mais il n'est pas une plainte, il est un sursaut, un témoignage digne, et sans doute un tuteur par lequel beaucoup de ceux qui l'auront lu se remettront droit. Anouk Grinberg donne un texte à son image, puissant de fragilité et de force, car oui, quand on voit cette petite femme jouer la comédie, on a toujours le sentiment que sa voix va se briser et son corps tomber en morceau. C'est ce qui en fait une actrice si singulière, et si rare. Ce qu'elle donne au public elle le donne de la même manière dans son livre, non pour se lamenter mais pour offrir. Elle offre au lecteur une force féminine à l'état brut et en même temps pleine de délicatesse. Aucun homme (fut-il victime des mêmes injustices) ne saurait les confier avec autant de sincérité. Un récit qui vous secoue et vous enlace avec tendresse. L'intelligence du coeur et la beauté de l'âme sont définis en ces quelques pages. Merci Anouk, on t'aime.