La petite femelle : Le livre de Philippe Jaenada

Je consomme énormément de documentaires / lectures de True Crime mais je ne connaissais pas du tout cette affaire. Du moins, le nom de Pauline Dubuisson ne m'était pas vraiment familier. Et pourtant, ce nom je l'avais repéré par deux fois lors de la sortie du roman de Jean-Luc Seigle en poche, Je vous écris dans le noir titre qui m'avait tout de suite tapé dans l'œil et puis quelques temps après je suis tombée sur La petite femelle de Philippe. Si j'ai voulu commencer par ce titre sur cette affaire c'est parce que je savais qu'il serait complet et qu'il n'epargnerait rien au lecteur. J'ai toujours beaucoup admiré et ai été souvent captivée par Philippe Jaenada lors de ses passages télévisés. Et c'est donc avec ce roman, que j'ai non seulement fait la connaissance de Pauline Dubuisson mais également celle de Philippe Jaenada et je n'ai pas été déçue du tout. J'ai aimé qu'il s'attarde sur l'enfance et l'adolescence de Pauline, qu'il nous offre un contexte à l'époque et à la manière dont elle a été élevée et qui pourrait peut-être expliquer en parti son geste. J'ai aimé qu'il donne sa voix à Pauline, voix qui lui a sans doute manqué lors de son procès. J'ai été surprise par ses nombreuses parenthèses et digressions mais au final j'ai vraiment apprécié avoir cette petite touche qui donnait encore plus vie au récit selon moi. J'ai ris parfois alors que le sujet ne s'y prêtait pas forcément. Bref, pour moi ce fut une jolie première rencontre avec la plume de Jaenada qui m'a grandement donné envie de me plonger dans ses autres romans !

Un travail de documentation gigantesque pour un livre qui retranscrit à merveille des époques si particulières. Assez passionnant. L’un de ses principals défauts réside dans sa longueur. J’ai décroché à plusieurs reprises. Le style particulier de Jaenada, avec de très (trop) nombreuses parenthèses, de longues phrases, de très longs chapitres, dessert parfois la lecture. Et c’est bien dommage ! À l’inverse, les 3 derniers chapitres sont plus doux, plus mélancoliques et nous laissent sur un vrai sentiment de tristesse et de gâchis. Pauline Dubuisson est malheureusement restée une ravageuse ravagée jusqu’à la fin de ses jours.

J'ai découvert l'oeuvre de Philippe Jaenada grâce à Pauline Dubuisson, ou plutôt j'ai découvert l'histoire de Pauline Dubuisson grâce à Jaenada… Je vais m'attaquer à la suite de son phrasé. Je le conseil à tous les lecteurs qui cherchent un écrivain drôle et qui cherche la vérité.

Avec "La petite femelle", Philippe Jaenada nous offre une plongée passionnante dans une affaire judiciaire emblématique des années 50 dont je connaissais un peu le contexte. J’ai adoré l’écriture sarcastique volontairement ironique de cet auteur qui tout le long de cette lecture dense m’a réjouie. Le coté jubilatoire de ce roman est renforcé par les coups de griffes réguliers aux "malhonnêtes" de ce récit (témoins, juges, journalistes…), entrecoupés également d’épisodes et anecdotes de la propre vie de Jaenada et de réflexions personnelles souvent décalées de ce dernier. Jaenada a réussi à me captiver grâce à son style narratif unique, plein d’empathie pour son personnage, loin des simples réactions d’horreur soulevées par le crime de Pauline DUBUISSON et du lynchage médiatique et judiciaire qui s’ensuivit. Ses recherches minutieuses, menées avec une grande rigueur, examinent le passé de Pauline. Il tient compte du contexte social de l'époque et de son environnement familial pour offrir une vision plus nuancée de ce fait divers et dénoncer les approximations de certains. Enfin, l’auteur cherche à expliquer et à démystifier, dans cette longue enquête, l’image médiatique déplorable de Pauline D. vue comme une criminelle manipulatrice, en explorant ses motivations et les contextes sociaux et psychologiques de son acte. En choisissant ce titre, Jaenada souligne la manière dont Pauline a été perçue et traitée par la société et le système judiciaire. En somme, il lui donne une voix et le vrai visage de Pauline ressort peut-être de ses investigations. En effet, Jaenada explore son parcours sans chercher à la réhabiliter et signe un roman captivant et original. Je recommande cette excellente lecture teintée d’humour noir. Les passionnés de récits historiques où l’on mêle psychologie et narration percutante seront ravis.