L'Oeuvre du serpent : Le livre de Norman Jangot

La catastrophe planétaire est là. L’Homme a foré trop profond au cœur de la Terre mère, et cette dernière lui a répondu sans détour, en envoyant l’Onde, d’une puissance telle que beaucoup d’infrastructures se sont effondrées. De nombreuses personnes ont trouvé la mort, d’autres ont survécu, mais certaines d’entre elles ont été transformées par cette Onde. Elles ont développé des facultés mentales hors du commun, un don de prescience, qui leur permet de percevoir et d’interpréter les coïncidences, appelées les Synchs ou synchronicités. Ce sont les Pythons. Ces derniers ont notamment remplacé les forces de l’ordre classiques, enquêteurs et autres techniciens scientifiques. Nathaniel Loppe est l’un d’eux, peut-être le meilleur. Incroyablement efficace pour suivre les Synchs. Jusqu’au jour où. Jusqu’au jour où l’un de ces Pythons décide d’utiliser ce don à mauvais escient. Un Python qu’il est bien difficile d’appréhender. D’emblée, l’auteur nous plonge dans un monde post-apocalyptique en reconstruction, à Paris. Un univers qu’il nous dévoile au fur et à mesure, avec brio et créativité, et auquel on croit. On suit les protagonistes au sein d’un Paris underground, expression des années passées et qui correspond bien à l’ambiance du roman. Cette dernière est assez sombre ; la destruction a engendré un nouveau monde au sein duquel la lie de l’humanité continue de prospérer, et de s’en prendre aux plus faibles. Les sectes se sont développées, les riches le sont davantage et les autres tentent de survivre. J’ai trouvé ce cadre parfait pour le développement des intrigues et de l’enquête. Les personnages m’ont également plu ; ils sont attachants, avec des casseroles, certes, mais sans que cela soit gênant. J’ai apprécié de les suivre et de mieux les connaître au fil des chapitres. Mais ce qui m’a vraiment intéressée dans ce roman est la force narrative et l’écriture de Norman Jangot. Dès les premiers mots, l’auteur a réussi à m’embarquer avec lui dans son histoire. Les premiers chapitres ont totalement attiré mon attention. Ce n’est pas un thriller trépidant lu au pas de course, rien de tout cela ici. C’est puissant et complexe, des intrigues dans l’intrigue, et j’ai pris mon temps pour découvrir la richesse de ce que nous propose l’auteur ; le tout est servi par une plume à la fois simple et imagée, mais aussi précise qu’un scalpel. Des mots percutants, des phrases très courtes, et des dialogues qui sonnent justes. Vous l’aurez compris, ce roman m’a épatée et séduite. Ce polar d’anticipation est d’une originalité folle et je salue le travail impressionnant de l’auteur, c’est très réussi. Si vous aimez les récits mêlant différents genres, les intrigues originales et les écritures travaillées, si les travaux de Carl Jung sur la synchronicité vous parlent, si la physique quantique, la théorie des cordes et autres bosons de Higgs vous intriguent, ce roman est fait pour vous.

Une belle découverte que ce roman de Norman Jangot que j’ai eu du mal à classer tant il mélange les genres. A la fois polar, roman d’anticipation flirtant avec la science fiction, dystopie mélant les théories de l’effondrement à la psychologie de Jung, fable contemporaine portant un regard singulier sur la place de l’art, le tout flirtant avec la physique quantique. Un roman difficile à lâcher, addictif, qui vous promène avec ses "synchronicités" que l’on tente avec les « Pythons » de suivre. C’est puissant, original, futuriste, audacieux, bref, vous l’avez compris, je me suis régalé.

Une excellente découverte ! Une lecture originale, qui mélange plus genres et qui tient la route. Je me suis laissée prendre par cette histoire, qui ressemble à un polar classique, mais au contraire plutôt complexe et au final très maîtrisée. Le suspense y est, le côté science-fiction apporte un gros plus à cette ambiance bien particulière. Mention spéciale à la petite touche d'humour qui accompagne ce roman, et l'auto-dérision de l'auteur !