Méchamment Dimanche : Le livre de Pierre Pelot
A l'occasion des vingt ans des éditions Héloïse d'Ormesson, la nouvelle édition du premier roman publié par la maison : le succès de Pierre Pelot, longtemps épuisé, prix Marcel Pagnol 2005.
De (auteur) : Pierre Pelot
Expérience de lecture
Avis Babelio
Kirzy
• Il y a 2 semaines
Pierre Pelot, je l'ai découvert il y a deux ans avec son mémorable western Loin en amont du ciel. Méchamment dimanche est une réédition d'un de ses romans publiés initialement il y a vingt ans. Les mots de son éditrice parlent d'un polar, quelque part entre La Guerre des boutons et Mystic river. Et c'est plutôt très bien vu. Côté polar, le récit débute en 2024 avec l'arrivée très énigmatique d'un homme dont on ne connait pas l'identité dans une petite ville où vient de se dérouler un terrible fait divers. Puis direction le commissariat de police avec le procès-verbal de l'interrogatoire du suspect. Côté Guerre des boutons, un nouvel arc narratif, celui qui prendra le plus de place, fait remonter 47 ans auparavant durant l'été 1957, auprès de la bande de Zan, 13 ans : des enfants livrés à eux-mêmes, leur guerre ouverte avec celle de Nano Grandgirard, les jeux, leurs premiers émois amoureux, les bals populaires, les jeux dans la nature et des serments très sérieux lorsqu'ils sont prononcés, à la vie à la mort. Sa chronique très réaliste de l'enfance est orné de nombreux détails qui se répètent autour de ces motifs. Cela ralentit le récit qui peut sembler long au départ. Mais Pierre Pelot sait incontestablement parler de l'enfance, avec tendresse et malice, sans en occulter la brutalité. Surtout, il sait dire son crépuscule : « C'était un moment terrible, d'une paix suspendue entre le poids du monde passé et la fragile naissance de chrysalide des jours à venir. Il apparut à Zan que de semblables instants vivaient inévitablement en équilibre au-dessus du gouffre et que, le sachant, il en avait inéluctablement traversé bien plus qu'il n'en verrait se défroisser ou se déployer autour de lui. C'était pourtant que du bonheur, nom que l'on donne à ce frisson plat dont on surprend parfois la coulée dans les veines, du bonheur aussi de le savoir et d'en ressentir cette sensation de précarité essentielle. Il apparut à Zan que le bonheur sous cape pouvait aussi rire en tranchant. » Le côté Mystic river arrive au deux tiers du roman. Le roman initiatique se transforme alors en roman noir sur cette fin de l'enfance qui signe la fin d'une époque qui laisse des traces, des cicatrices, des souvenirs, des traumatismes qui se prolongent jusqu'à l'âge adulte. Si on a pu trouver le temps un peu long au départ, tout s'accélère pour livrer cent dernières pages extraordinairement dense, intense, prenante sur le poids du passé et la culpabilité. Les deux arcs narratifs se rejoignent ainsi brillamment. Même si on avait compris certains liens entre les deux époques, Pierre Pelot réserve de nombreuses surprises. En fait, de nombreux indices avaient été dispersés, pas forcément identifiables au départ, juste sentait-on la pression montée, irrésistiblement. Mais lorsque la dramaturgie s'intensifie, lorsque la vue d'ensemble peut être appréhendé de façon complète, on est bluffé par la manière dont tout prend sens dans ce passé qui ne passe pas et revient plus dangereux que jamais dans le présent, quitte à obérer le futur. Au final, l'histoire de Zan et de sa bande est profondément touchante, bouleversante même tant l'écriture de Pierre Pelot est précise et sensible pour dire les relations entre un père et fils, entre un garçon et son chien, pour dire la violence du monde, sans aucun souci de moralisme, juste dire la vie avec ses complexités, ses contradictions et ses ratés.
Lalitote
• Il y a 1 mois
J’ai refermé "Méchamment dimanche" avec le cœur serré. Pierre Pelot y raconte l’été 1957 dans un village vosgien, celui d’un garçon de presque 12 ans, Zan, déjà cabossé par la vie. Sa mère s’est suicidée après la mort accidentelle de son petit frère. Son père, brisé, s’enfonce dans l’alcool. Dans cette atmosphère pesante, une assistante sociale débarque. Pelot ne cherche pas l’effet, il installe. Il prend son temps, détaille les paysages, la chaleur de juillet, les jeux de gosses, les défis entre bandes, les silences qui en disent long. J’ai aimé cette lente montée en tension, cette manière de faire exister les personnages, de rendre leur douleur palpable. Les enfants sont vrais, attachants, maladroits, cruels parfois. Et Zan, avec son chien fidèle, m’a profondément touchée. Puis il y a 2004. Un massacre. Un étranger. Une maison à démolir. Une enquête. Ce va-et-vient entre deux époques n’est jamais artificiel. Il enrichit le propos, densifie les personnages, révèle les non-dits et les blessures jamais refermées. Le lecteur devine vite qu’un lien unit les deux drames, l'auteur prend son temps pour le dévoiler, préférant installer une ambiance, faire exister ses personnages dans leur chair et leur terre. Ce que j’ai trouvé remarquable, c’est la façon dont il mêle les époques, les blessures, la mémoire. Pas de leçon de morale, juste la vie dans ce qu’elle a de plus dur et de plus beau. L’écriture est magnifique, charnelle, sensible. On sent l’amour de l’auteur pour sa région, pour ses personnages, pour l’enfance qu’on n’oublie jamais vraiment. Méchamment dimanche n’est pas un roman spectaculaire. C’est une histoire profondément humaine, où l’enfance côtoie la tragédie, et où les cicatrices du passé ne cessent de faire saigner le présent. Un récit poignant, sans manichéisme, porté par une écriture d’une rare élégance. Bonne lecture !
isa-vp
• Il y a 1 mois
En entrant dans ce roman, on pénètre dans le monde d’une bande de gosse d’une douzaine d’années de la fin des années cinquante et on se laisse transporter par leur drôlerie, leur joie de vivre et leur l’imagination débordante. Zan l’orphelin chef de bande, Tipol l’ami fidèle, Belette et sa fausse jumelle Zita, sans oublier le craquant Jean-Claude, nous plongent dans un monde de l’enfance qui ne connait pas d’autres distractions que celles qu’ils inventent ou que leur inspire le cinéma du village. J’ai aimé cette bande de gamins de la campagne vivant en marge du monde des adultes, en totale fusion avec la nature, à faire toutes les bêtises du monde et à s’imaginer les aventures les plus folles. Avec des images de films et de bandes dessinées plein la tête, ils s’accrochent à leur enfance, repoussant le moment d’entrer dans l’âge adulte, dans une sorte de jeu permanent. De leur morale toute enfantine, ils se donnent des règles presque chevaleresques qui seraient seulement touchantes si elles ne perduraient pas, près de 50 ans après. La plume de Pierre Pelot est un régal de lecture et son style très littéraire est d’une sensibilité à fleur de peau. J’ai été happée par ce tourbillon d’enfance dans lequel nous entraîne l’auteur et il n’y a pas une page où je n’ai pas souri, pleuré et dégusté chaque mot. Un superbe roman sur l’adolescence et l’amitié, avec une bonne touche d’immoralité que l’on dépasse parce qu’on s’attache follement à ces gamins et qu’avant tout, c’est une histoire, et les belles histoires, on en raffole.
mimichri
• Il y a 2 ans
La quatrième de couverture qualifie "Méchamment dimanche" d'extraordinaire roman d'apprentissage entre "La guerre des boutons" et "Mystic River". Je crois que cette phrase résume assez bien l'atmosphère de ce livre. C'est tout à fait cela. Nous allons suivre Zan, douze ans en 1957 et sa bande de copains en culottes courtes tout au long de cet été là. Sur fond de misère et de drames familiaux, on se régale des 400 coups propres à ces gamins des années 50. Pierre Pelot prend son temps pour décrire des scènes que l'on pourrait qualifier de "bêtises de gosses", comme il prend son temps pour instiller petit à petit un certain nombre d'interrogations dans la tête du lecteur, pour faire monter une forme d'angoisse, sans que l'on s'en rende vraiment compte. Parce qu'il est des questions qui vont rester sans réponse malgré les pages qui se tournent... Lorsqu'en 2004 un forcené tue les ouvriers qui démolissaient la vieille maison en ruine omniprésente en 1957, et qu'un mystérieux visiteur revient visiter les lieux, on se doute bien du lien entre les deux périodes. Mais pour que tout s'emboite et que la clarté se fasse vraiment, il faut attendre la toute fin du roman. Une lecture à la fois prenante, angoissante et rafraichissante (ce qui peut paraitre paradoxal mais bien réel du fait du décor). Pierre Pelot est l'auteur du magnifique "C'est ainsi que les hommes vivent" qui m'a beaucoup marquée. Il écrit beaucoup, je sélectionne pour ma part ses écrits car je sais que tout n'est pas pour moi. "Méchamment dimanche", à l'instar de "Braves gens du purgatoire" est une lecture passionnante et intelligente.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782487819108
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 496
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- Dimensions
- 207 x 144 mm
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21,00 € Grand format 496 pages