L'Oeuvre du serpent : Le livre de Norman Jangot

J’ai eu des difficultés pour écrire cette chronique. J’ai fini le livre mais je me suis perdue très vite dans ce roman. Définitivement l’anticipation n’est pas ma tasse de thé. J’arrive parfois à faire abstraction mais là pas du tout. C’est dommage parce que j’aime le style. Je tenterai sur son prochain livre qui est un polar.

Norman Jangot nous donne en pâture un Paris en mode catastrophe écologique (faut dire que creuser notre pauvre Terre n’est absolument pas une bonne idée !) et dont les habitants sont quasi en perdition. Tout a été redessiné, remanié, rétabli de façon à classer, reléguer et répartir les survivants. Certains subsistent comme ils peuvent, d’autres végètent. Il faut dire que le roman est complexe par les diverses organisations (Python, Chasseurs, Synchs, Rikkis, etc.) qui composent les strates de cette nouvelle cité. On sent bien que tout est tordu, instable et que, comme les bâtiments branlants, il suffit d’un souffle pour exploser le tout… surtout que des sectes rôdent (et un tueur) et que cela n’aide pas. Le plus important est, pour ce roman, de se lancer dans l’histoire… car il faut se familiariser avec ce monde, ses ramifications et l’enquête qui va lier, notamment, Nathaniel et Milo… Il faut apprendre le vocable, les noms, les dénominations et la complexité de cette tour de Babel… Dans un style très cinématographique, avec des facilités çà et là, on plonge dans cette dystopie / post-apo qui fascine tant par son propos étonnant que par les méandres de cette haletante histoire très, très ondoyante (oui, je sais, facile avec Serpent dans le titre !) … sans oublier ce serial-killer pas très orthodoxe (mais n’est-ce pas obligatoire ?) ! Je dois avouer aussi m’être fait des nœuds au cerveau en pensant à la synchronicité et physique quantique lors de certains passages. Je n’ai pas été jusqu’à attraper mon petit Carl Jung illustré mais bon… voilà, ce mélange des genres (dans tous les sens du terme) est vraiment une belle, belle surprise, sans être un coup de cœur. Heureusement, il y a ce style fluide, des dialogues percutants (et qui sonnent plus que plausibles) et de l’humour par touches et la fin est vraiment incroyable !

Voici un roman très original, que je n’aurais probablement pas remarqué en librairie, mais qui m’avait été chaudement recommandé par des amies Les humains ont creusé la terre, à la recherche de ressources, toujours plus de ressources. Toujours plus profond. Trop profond. La Terre s’est rebellée, un immense choc s’en est suivi, qui a détruit de nombreuses infrastructures. Dans un Paris en ruine, gangrené par des sectes, où l’écart entre ultra-riches et le reste de la population est encore plus gigantesque qu’aujourd’hui, des Pythons, individus ayant acquis, grâce à l’onde de choc, le pouvoir d’interpréter les coïncidences, traquent l’un d’entre eux qui est devenu un criminel redoutable. Entre enquête policière (certes atypique) et roman post apocalyptique, Norman Jangot nous conduit, en compagnie de personnages attachants, un peu fracassés, dans un univers détruit par la soif productiviste et le mépris de l’écologie. Son univers est riche et complexe, le roman est bien écrit, bien rythmé pour retenir l’attention. L’indécrottable cartésienne que je suis a, toutefois, un peu renâclé devant certaines notions (à commencer par les synchronicités). Ce qui ne m’a pas arrêtée dans ma lecture. C’est donc un roman que je recommande si vous cherchez un polar qui sort totalement des sentiers battus et que vous vous sentez prêts à une aventure littéraire post-apocalyptique mêlant biologie, physique, métaphysique … Norman Jangot est, à l’évidence, un jeune auteur de grand potentiel que je ne peux que vous recommander de lire.

Que voilà un OVNI qui ne déparera pas dans vos bibliothèques ! L'Oeuvre du Serpent, c'est une des oeuvres les plus maîtrisées de Norman Jangot. Elle vous propulse aux frontières du réel et de la science-fiction, en gardant toujours un fil conducteur bien palpable : celui de l'enquête. Aux côtés d'investigateurs hauts-en-couleur, les lecteurs sont invités à découvrir les rues d'un Paris post-apocalyptique décomposé et toutefois très accessible. Mais ce qui fascine le plus dans cette histoire, c'est le pouvoir étrange et très original des "Pythons" : le don de repérer les synchronicités et de les pister jusqu'à dénouer les fils délicats des enquêtes. Une investigation qui tient la route, portée par un style d'écriture expert et évocateur.