Un défi pour l'Afrique : Le livre de Wangari Maathai
Avec pour devise " Nous n'avons le droit ni de fatiguer ni de renoncer ", Wangari Maathai démontre que des gestes simples suffisent à engendrer des bouleversements profonds. Elle est une adepte avant la lettre du " Yes, we can ".
Activiste environnementale et militante pour la démocratie, Wangari Maathai, offre une perspective lumineuse sur le défi que doit aujourd'hui relever l'Afrique. Elle étudie la nature complexe du continent et offre " un espoir concret " et " des choix réalistes ". Face à la pauvreté, à la famine liée à la déforestation, le Prix Nobel prône de semer des arbres autant que des idées. Elle exhorte la population, culturellement déracinée, à la dérive entre les mondes, à entreprendre une révolution morale, pour accéder à la croissance. Elle analyse au niveau international, national et individuel le goulet d'étranglement du développement en Afrique. Elle multiplie les appels à l'action en direction des États, qu'elle incite à s'unir, pour prendre leurs responsabilités.
De (auteur) : Wangari Maathai
Traduit par : Isabelle Taudière
Avis Babelio
Dombrow01
• Il y a 1 an
Avec Un défi pour l'Afrique, Wangari Maathai nous fait découvrir les problèmes de l'Afrique actuelle, leurs origines, et énumère les facteurs nécessaires à leur résolution. Elle ne se voile pas la face en rejetant le blâme sur la colonisation, pointe bien la responsabilité des dirigeants, et affirme que la solution ne peut venir que d'une prise de conscience des Africains eux-mêmes. Parmi les raisons du sous-développement, elle cite la colonisation bien sûr, qui a cantonné l'Afrique à un rôle de fournisseur de matières premières, et inculqué un sentiment d'infériorité aux Africains. Elle cite également la guerre froide, où l'Afrique, comme le reste du monde d'ailleurs, était un terrain de conflit entre les deux blocs, prêts à tout pour atteindre l'hégémonie, y compris à soutenir des régimes autocratiques et corrompus. Elle aurait pu citer Kennedy ; lorsqu'un ministre lui a dit d'un président latino "But he is a son of a bitch!" a répondu : "Yes, but he is OUR son of a bitch". C'est vrai que la guerre froide a empêché la formation d'une unité africaine après la décolonisation. Certains autres propos sont plus sujets à caution, un peu trop optimistes à mon goût. "L'Afrique est un continent riche en ressources". Beaucoup de pays n'ont que peu de ressources naturelles, l’Éthiopie, la Somalie, le Burkina Faso, le Togo, le Bénin et bien d'autres, même le Kenya de l'auteure ne sont pas naturellement riches. De la même manière, l'affirmation "Avant la colonisation tout allait bien" est un peu optimiste et ne prend pas en compte le fait que l'esclavage existait bien avant la traite Atlantique, et que la population de l'Afrique est passée de 100 millions à 1,4 milliards d'habitants entre 1900 et nos jours. C'est un challenge énorme de nourrir et de fournir du travail à une population qui explose. Encore plus sur un continent où l'activité principale est l'agriculture et où la majorité des terres ne sont pas cultivables à cause du climat. L'auteure aborde un sujet absolument crucial dans le développement, celui de la dette. Beaucoup de pays dépensent l'essentiel de leurs ressources à rembourser une dette contractée par un ancien dirigeant, et dont les fonds sont souvent allés directement dans un paradis fiscal. Les Africains n'ont pas vu l'argent, mais ils doivent payer en retour. Elle préconise d'annuler la dette, mais ce n'est pas si simple. Des annulations ont déjà eu lieu, mais souvent les pays concernés ont ré-emprunté aussitôt et rien n'est résolu. Le FMI tente bien d'imposer des conditions de gouvernance, ou des garanties sur les droits de l'homme lors d'un nouveau prêt, mais ça ne résout pas tout non plus. Le livre est sorti en 2010. Quelle est la situation aujourd'hui ? Beaucoup de pays sont endettés envers la Chine, qui cherche à sécuriser ses achats de matières premières. Dès qu'il y a quelque chose à prendre, la Chine prête facilement, et ne risque pas d'imposer des conditions sur les droits de l'homme puisqu'elle ne les respecte pas chez elle. Donc le pays doit de l'argent à la Chine, et quand il ne peut le rembourser, celle-ci se sert sur place. A Madagascar on m'expliquait qu'il n'y avait plus une seule crevette sur les côtes car les bateaux-usines chinois avaient tout raflé. Quant au bois de rose, il part par cargos entiers alimenter les usines de l'Empire du Milieu. Au Soudan la Chine a longtemps donné des armes en échange du pétrole, pour aider la dictature d'El Bechir à se maintenir en place. Là aussi la population a perdu sur tous les tableaux. L'auteure critique le fait que l'occident ferait mieux de financer le développement que les secours d'urgence. Bien sûr que c'est vrai, mais encore une fois pas aussi simple. Que faire lorsqu'une population est menacée de famine ? Lui suggérer de planter autre chose l'année suivante ou lui fournir à manger maintenant ? Sans doute les deux, mais toujours pas simple, car l'expérience montre que les idées venues d'ailleurs sont rarement implémentées avec succès. Accompagner le développement local est sans doute la meilleure solution, et comme le dit bien l'auteure, toujours partir de la base vers le haut et non le contraire, sinon ça ne fonctionne pas. Wangari Maathai raconte son expérience de députée kényane, et nous décrit la mise en place de micro-projets qui profitent à tous. Elle a commencé par récolter les idées dans chaque communauté, puis mis en place des comités de suivi chargés de surveiller la bonne exécution des travaux. Lesquels travaux ont été systématiquement attribués à des entreprises locales pour créer des emplois. Ces initiatives ont très bien fonctionné, elles pourraient (devraient) servir de modèle à d'autres régions ou d'autres pays. L'auteure nous cite les 5 investissements de base pour sortir de la pauvreté. "They are agricultural inputs; investments in basic health; improvements in education; more efficient and regular power, transport, and communication services; and the provision of clean drinking water and proper sanitation." Malheureusement les dirigeants ne sont pas enclins à choisir ces axes de développement, leur préférant des mesures plus visibles. Elle nous dit que la construction de latrines serait une avancée considérable pour les gens, mais quel président veut être connu pour avoir fait des chiottes ??? A noter que Narendra Modi l'a fait en Inde, 95 millions de toilettes construites en 5 ans, et qu'en plus du confort, les économies réalisées dans le domaine de la santé sont considérables. Un exemple dont pourraient s'inspirer d'autres chefs d'état. Pour mémoire, voici les 8 MDGs (Millennium Development Goals) définis par l'assemblée des Nations Unis en 2000 : 1) eradicate extreme poverty and hunger; 2) achieve universal primary education; 3) promote gender equality and empower women; 4) reduce child mortality; 5) improve maternal health; 6) combat HIV/AIDS, malaria, and other diseases; 7) ensure environmental sustainability; and 8) develop a global partnership for development C'était à réaliser avant 2015, on voit qu'il y a encore du travail.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
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- EAN
- 9782350871400
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 362
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- Dimensions
- 207 x 142 mm
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22,00 € Grand format 362 pages